Histoire sérieuse mais drôle

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ahmed II

Sweet & Sour
-Les scientifiques travaillent à prolonger la vie, que veux-tu de plus? Si j’avais de l’élixir de jouvence à vendre, tu ne m’en achèterais pas? Et bien, nous sommes sur le point de découvrir la formule!
-Pour vivre plus longtemps? Sans la science, on va déjà jusqu’à cent ans, si tu ne fumes pas comme un pompier tout au moins… Quoique, même là, certains d’entre eux atteignent des âges enviables. En menant une vie saine, on accroit la longévité; c’est un secret de Polichinelle.
-Je veux dire vivre des siècles, pas cent ans!
-Comme dans la Bible?!
-Oui, bon, ben, ça c’est autre chose. Ça fait parti, justement, de ce désir de vivre sans vieillir, d’éternité. Les six cents ou huit cents ans de la Bible ne sont que des histoires, elles ont été inventées pour peindre un passé édénique. Avant, c’était meilleur se plaisent à répéter les tenants de ces croyances, comme un crédo contre le bon sens. Là, avec nos recherches, c’est du sérieux. Des milliards y sont investis, des centaines de scientifiques s’affairent à travers la planète pour découvrir le mécanisme des gênes, et nous avançons à pas de géants.
-Rien ne vous arrêtera! Pendant que vous y êtes, parlant de fantasme, pourquoi ne pas créer cet être éternel qui changerait sa forme charnelle chaque fois que celle-ci serait usée.
-Tu ne crois pas si bien dire. En vérité, beaucoup d’entre nous jubilons à l’idée de passer de l’hypothèse à la démonstration. Nous avons déjà réussi à prolonger la vie des souries en les astreignant à des régimes et en manipulant leurs gênes. Grâce aux mouches aussi, constamment de nouvelles clés sont révélées. Nous avons découvert une enzyme qui empêcherait les chromosomes d’être sectionnés, la cause du vieillissement, entre autres. Tu vois, les scientifiques matérialistes, j’entends par là ceux qui sont persuadés que par la manipulation de la matière nous pourront tracer la destinée de l’homme, ceux-là pensent que nous pouvons et nous devons agir sur l’évolution. La nature ne fait pas de discrimination, si nous la laissons faire, elle nous anéantira. Avec nos connaissances actuelles, l’exploration de l’être et de l’univers reste un champ prometteur et luxuriant dont la science est maintenant capable non seulement d’en cerner les arcanes, mais également de maîtriser les règles du jeu. Ce n’est plus une utopie.
-En tout cas, vous partez de loin. Combien d’années a vécu la personne la plus vieille au monde, 120 ans? Ce n’est pas à des pas de géants qu’il faut comparer votre projet, mais à ceux des dieux! Comment pouvez-vous déclarer des choses pareilles? Vos souris, elles vivent combien de temps? Quatre ans de plus, et vous parlez d’éternité. Ce n’est pas une utopie ça?
-Pas du tout. Je vois que tu ne me prends pas au sérieux. Ton esprit est brouillé par ton cynisme. Je t’ai dit que ce sont des recherches scientifiques que nous menons. Je ne vais pas te détailler notre travail car il te faudrait savoir alors ce qui se passe dans un système lorsqu’un télomère se détache de l’ADN. On est dans le domaine de l’infiniment petit et les qualifications pour en saisir l’envergure ne sont pas des moindres.
-C’est pour cette raison que je ne te suis pas dans tes théories. Les microbes ne sont pas aussi sensibles que les humains, ils peuvent vivre des centaines d’années, voir des milliers. Ils n’ont pas les limites de notre organisme. Nous sommes des humains, pas des virus ou des mouches. La comparaison est tirée par les cheveux.
-Tu me laisses toujours cette fâcheuse impression que tu ne veux pas rentrer dans mes chaussures. Tu ne sais rien de nos recherches et tu nous méprises. Par contre, si j’avais une pilule pour ta mémoire, tu ne ferais pas autant de chichi. Tu es bien venu me voir pour cela non?
-Pas tout-à-fait.
-Soyons sérieux, je t’en prie, ainsi nous pourrons comprendre l’importance de ces découvertes pour le genre humain. Nous ne pouvons pas rester dans l’indifférence face à notre futur. L’homme n’est pas abouti. Ce n’est pas un produit fini. Il est en pleine évolution et c’est la première fois dans l’histoire de l’humanité qu’il est arrivé à une telle maîtrise des lois de la nature. Bon, le tardigrada, je suppose que tu ne sais pas ce que c’est? . . . Et bien, il est là le secret. C’est une arme arabe, trouvé dans le Sahara. Un animal microscopique.

La suite, ici:
http://www.bladi.info/234040-histoire-serieuse-drole/#post7156594
 
Merveilleuse histoire, qui de drôle, me fait réfléchir au fait que si un jour, "l'élixir de jouvence" est trouvé, combien de conflits naîtrons de cette découverte, une infime partie de l'hummanité souhaitant s'en préserver le secret ! Car à n'en pas douter, nous sommes déjà trop nombreux pour que les ressources de notre terre nous suffisent, alors, si la mort était rayé de la carte, imaginez les conséquences !
 
Ça serait comme la sélection naturelle qui déraillerait. Pour être sérieux, je pense que la nature retombe toujours sur ses pattes et que l'homme d'aujourd'hui n'est rien comparé à sa force et son intelligence. Comme une souris avec laquelle le chat joue. C'est tragique mais nous avons la preuve constante que nous provoquons les drames avec une certaine anticipation masochiste.
 
-Je m’en fous de vieillir, c’est même peut-être une très bonne chose, mais perdre la mémoire, je n’en supporte pas l’idée.

A quoi servirait de vivre 200 ans, si on ne peut se rappeler du visage ou du nom de ceux qu'on aime ou qu'on a aimés ?
 
-Je m’en fous de vieillir, c’est même peut-être une très bonne chose, mais perdre la mémoire, je n’en supporte pas l’idée.

A quoi servirait de vivre 200 ans, si on ne peut se rappeler du visage ou du nom de ceux qu'on aime ou qu'on a aimés ?

Quelle importance de s'en rappeller ils seront morts de toute façon.
 
Quelle importance de s'en rappeller ils seront morts de toute façon.

C'est très bon pour la santé mental de se souvenir des morts, des ancêtres. Grâce à eux, au moins, une partie des souvenirs qui les entourait nous reviennent et nous permet de rester en vie, et non d'être des morts vivants.
 
Une odeur ou un goût? Je pense que c'est faisable. Ce qui ne peut pas être imité, c'est l'essence et la qualité. Mais la nature même de l'évolution, le paradigme dans lequel nous nous développons, n'encourage pas à ces préoccupations. Ça passe comme une lettre à la poste.
 
Une odeur ou un goût? Je pense que c'est faisable. Ce qui ne peut pas être imité, c'est l'essence et la qualité. Mais la nature même de l'évolution, le paradigme dans lequel nous nous développons, n'encourage pas à ces préoccupations. Ça passe comme une lettre à la poste.

Je dirais plutôt une émotion, une sensation...bref tout ce qui qui peut nous différencier !

Comme vous le dites...les préoccupations des scientifiqes ne sont pas celles des simples mortels !
 
Les émotions et les sensations sont facilement reproductibles, les artistes ont toujours joué avec eux. Les médias les reproduisent à volonté. Pour ce qui est des simples mortels, ils me font bien rire ceux-là. :) Je devrais vous citer Céline à ma façon.
 
Les émotions et les sensations sont facilement reproductibles, les artistes ont toujours joué avec eux. Les médias les reproduisent à volonté. Pour ce qui est des simples mortels, ils me font bien rire ceux-là. :) Je devrais vous citer Céline à ma façon.

Mon cher Ahmed....les médas, les acteurs nous font vivre ou produisent en nous des émotions...mais c'est notre être qui les ressent....et c'est d ce ressenti dont je parle et non la façon de nous les procurer ! ;)

Citez moi Céline...je vous lis !
 
Si je comprends bien, les scientifiques peuvent réussir à créer l'être mais ils seront incapables de le faire ressentir?

Pour Céline, sur mon blog.
 
En ce qui concerne les savants et la possibilité de créer la vie, depuis mon jeune âge je suis convaincu de leur réussite à plus ou moins brève échéance. En effet, étant passionné de littérature hindoue, j’avais lu dans le Mahabharata que les protagonistes en étaient capables. Discutant cette possibilité avec mes amis d’antan, nous avions fait le tour de la question et conclu que les scientifiques pourront créer la vie à force de recherches et d’expériences. C’était au milieu des années 70. Dans le texte que j’ai créé, Histoire sérieuse mais drôle, je ne fais que jouer sur ce mode d’argumentation. Je donne, ci-dessous, une citation de Georges Dumézil, dans Mythe et Épopée 1, mettant en perspective, dans son résumé du Mahabharata, cet incident monstrueux.

Le puissant roi, «l’aveugle Dhritarastra, frère ainé de Pandu, n’a pas eu moins de cent fils, nés de façon peu appétissante : d’une masse chair d’abord conservé dans un pot, puis divisé en cent parties. L’ainé, Duryodhane, venu au monde en même temps que Bhima naissait de Vayu, est l’incarnation d’un redoutable démon, Kali. Des présages menaçants accompagnent sa naissance et les sages conseillent à son père de l’immoler. Son père refuse, inaugurant une série de faiblesses qui entraîneront bien des malheurs.»
 
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