Hormones et bouteilles plastique: une étude controversée

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Hormones et bouteilles plastique: une étude controversée


Des substances ayant une activité hormonale ont été retrouvées dans les eaux minérales contenues dans des bouteilles plastique, sans risque prouvé pour la santé, selon une étude allemande (1) contestée par les autorités sanitaires allemandes et les industriels européens.

Martin Wagner et Jörg Oehlmann de l'université Goethe de Francfort, ont analysé l’eau minérale de bouteilles de marques différentes aussi bien en verre qu'en plastique, ainsi que des briques en carton recouvertes d'un film plastique interne. D’après leurs résultats, 60% des échantillons contenaient des substances à l’activité œstrogénique c'est-à-dire mimant celle de l’hormone féminine naturelle. Une autre expérience a également montré un meilleur taux de reproduction des escargots d’eau douce dans l’eau de bouteilles plastique en polyéthylène téréphtalate (PET) que dans celle de bouteilles en verre. «La consommation de l'eau minérale en bouteille peut contribuer à l'exposition globale aux perturbateurs endocriniens», concluent les chercheurs tout en soulignant que l'étude «n'avait pas pour objet d'évaluer si la consommation d'aliments emballés dans du plastique engendre des risques pour la santé».

De fait, les perturbateurs endocriniens (phtalate, bisphénol A, etc.), des substances mimant les hormones naturelles, entraîneraient des effets néfastes pour la santé, en particulier chez les nouveau-nés.

Cependant, la méthode et les résultats de l’étude ont été contestés par l'Institut fédéral allemand d'évaluation des risques (BfR), l’équivalent de l’Afsset (2) en France. Dans un communiqué du 25 mars, le BfR souligne que l’étude ne permet ni de déterminer l’origine des substances suspectes, ni de montrer une différence significative entre l’activité hormonale détectée dans les bouteilles en verre et celles en plastique. Concernant l’expérience conduite avec les escargots, le BfR estime que le résultat pourrait s’expliquer par d’autres facteurs que les perturbateurs endocriniens. Le BfR est d’avis que les consommateurs ne doivent pas renoncer à l'eau minérale contenue dans un emballage PET, même s’il préconise de conduire des études complémentaires.

S’appuyant sur l’avis des autorités sanitaires allemandes, les producteurs européens de matières plastiques (PlasticsEurope) et d'emballages plastique (Elipso) ont vivement dénoncé l’étude. «L'origine des eaux expertisées, leur process de conditionnement, bien plus que leur contenant, pourraient donc être un facteur de contamination», indiquent-ils dans un communiqué du 23 avril. Ils rappellent que le PET est conforme aux exigences de la directive européenne 2002/72 sur les plastiques en contact alimentaire.

La chambre syndicale française des eaux minérales a réagi mardi 22 avril dans ce sens, citant le professeur de toxicologie Jean-François Narbonne selon qui «le test utilisé est totalement inadéquat pour mesurer les contaminations en perturbateurs endocriniens dans les eaux potables», selon l’AFP. Certains scientifiques, cités par Le Figaro, regrettent à tout le moins le «défaut d'information sur les emballages alimentaires».

(1) «Endocrine disruptors in bottled mineral water: total estrogenic burden and migration from plastic bottles», Martin Wagner et Jörg Oehlmann, Environmental Science and Pollution Research (mis en ligne le 10 mars 2009)
(2) Afsset: Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail

jdle-27/04/2009 -Sabine Casalonga
 
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