Ibn Badis : et le verbe fut !

Drianke

اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
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incontournable du réformisme algérien. Face à la colonisation française, il sut impulser une dynamique de libération fondée sur l’éducation. Ecrivain et fondateur des éditions Al Bayyinah, Thomas Sibille nous dresse le portrait d’Ibn Badis dans un texte à lire sur Mizane.info.​

Ibn Badis est né en 1889 dans une Algérie colonisée, acculturée et meurtrie. Issu d’une famille bourgeoise, il a accès à une éducation religieuse de qualité et peut voyager et étudier à la Zaytûna, en Tunisie, puis en Orient. Alors qu’il se trouve à Médine, il fait la rencontre d’un autre algérien, Bachir El Ibrahimi. Ensemble, ils passent de longues nuits blanches à parler de la triste situation de leur pays.

Ne supportant plus l’humiliation de la colonisation, Ibn Badis songe à rester à Médine, mais sa rencontre avec le cheikh Husayn Ahmad al-Hindî va bouleverser ses projets. Celui-ci lui rappelle son devoir vis-à-vis de son peuple. Ibn Badis donnera plus tard le même conseil à Bachir El Ibrahimi quand celui-ci sera à son tour tenté de quitter l’Algérie. Il ira jusqu’à comparer son départ au fait de déserter le champ de bataille.

La création de l’Association des oulémas​

De retour en Algérie, après quelques années, les deux hommes décident de fonder l’Association des Oulémas Musulmans Algériens (AOMA). Pour ce faire, ils réunissent les savants de toutes les régions et de toutes les tendances confondues, ibadites et soufis compris, mais aussi des commerçants et toutes les bonnes volontés capables de participer à la révolution intellectuelle qu’ils souhaitent initier.

Les champs d’action de l’Association​

Pour mener cette lutte contre l’acculturation et pour redonner à l’islam sa juste place, ils investissent tous les champs d’action :

-l’éducation de tous (enfants, hommes et femmes) ;

-l’élargissement des matières enseignées pour y inclure des savoirs mondains telle que l’histoire,

-l’ouverture d’écoles mêlant alphabétisation, cours religieux et savoirs pratiques;

-la publication de revues  ;

-la mise en place de cercles littéraires ;

-la création de clubs de football ;

-de clubs de théâtre ;

-le développement du scoutisme ; etc.




L’Association cherche à concurrencer toutes les activités investies par les colons et aucun effort n’est négligé pour contrer la propagande coloniale.

L’enseignement de la dignité​

Plus de deux cents écoles avec un programme complet voient le jour dans le pays.On y enseigne l’écriture afin de lutter contre l’analphabétisme et rendre les jeunes indépendants car Ibn Badis est convaincu que l’émancipation passe aussi et avant tout par l’esprit. L’histoire est également enseignée pour redonner au peuple la fierté de ses ancêtres et relier les Algériens à la civilisation arabo-musulmane dont ils ont été déconnectée par plus d’un siècle d’occupation.................
 

Drianke

اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
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Alors que l’école française enseigne que les ancêtres des Algériens sont les Gaulois, Ibn Badis leur fait apprendre cette comptine désormais célèbre : « Sha‘bu al-Jazâ’iri muslimun wa ilâ al-‘urûbati yantasib, man qâla hâda ‘an aslihi aw qâla mâta faqad kadhab » (« Le peuple algérien est musulman ; à l’arabité, il s’affilie. Celui qui a dit que ce peuple s’est écarté de ses origines, ou qui a dit que ce peuple est mort, celui-là est un menteur »). Les enfants fredonnaient ce chant qui préserva leur identité pour toujours.

Le docteur Ahmed Taleb-Ibrahimi, fils de Bachir El Ibrahimi, dit au sujet de ces écoles qu’elles immunisaient contre l’aliénation et l’acculturation, quand l’école française visait à former des indigènes acceptant le fait colonial et maintenant l’ordre établi. Les Français disaient : « Une école est plus efficace que deux légions pour assurer notre sécurité. » Ibn Badis l’avait bien compris et retourna cela contre eux.

Le recours à la culture​

Interdits d’enseigner dans les mosquées les oulémas de l’Association se tournent vers la culture, le théâtre, la poésie, les romans, mais aussi le football et le scoutisme pour contourner la censure. À travers le détour que permet la fiction (théâtre, roman), les oulemas de l’association, sous couvert d’histoires semblant banales pour l’administration coloniale, délivrent un message profond contre la colonisation et l’assimilation, qui ébauche la voie de la libération.

S’ils commencent par des pièces de théâtre comme celle sur le compagnon Bilal pour enseigner la fermeté du croyant dans la préservation de sa foi et de ses principes, invitant l’Algérien à rester attaché à sa foi malgré l’adversité pour évoluer ensuite vers d’autres figures emblématiques de l’histoire musulmane afin d’accompagner les Algériens dans leur évolution et leur prise de conscience.

En mettant en scène Târiq ibn Ziyâd, ou encore ‘Abd al-Rahmân al-Dâkhil, les oulémas veulent faire renouer les Algériens à leur patrimoine historique inspirant et les guider vers la voie de la libération. Le moyen privilégié d’écriture oulémas demeurent essentiellement la poésie ou la presse, mais certains se tournent vers l’écriture de romans, comme Ahmed Reda Houhou..

La suite dans le lien https://www.mizane.info/ibn-badis-et-le-verbe-fut/
 
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