Il ne fait pas bon être journaliste au Maghreb

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La chronique de Reporters sans frontières.

| Monday 2 November 2009
liberté de la presse maghreb RSF MONDE Partager sur: La liberté des journalistes au Maghreb est tout sauf garantie. Les exemples abondent. En Tunisie, Taoufik Ben Brik vient d'être placé, le 30 octobre 2009, sous mandat de dépôt et risque trois ans de prison dans une affaire montée de toutes pièces. Son confrère Slim Boukhdhir avait été sauvagement agressé deux jours plus tôt. Et le correspondant du journal panarabe basé à Londres Al-Quds Al-Arabi, Mouldi Zouabi, a été victime d'une tentative d'effraction à son domicile.

Au Maroc, Driss Chahtane, du journal Al-Michaal, a été condamné, le 15 octobre, à un an de prison pour un article sur la santé du roi. Le soir même, il a été arrêté et incarcéré. Nous pensions en avoir terminé avec les journalistes en prison au Maroc. Nous avions tort.

Depuis le 18 octobre, le Journal Hebdomadaire, une référence au sein de la presse indépendante du royaume, doit payer 250 000 euros de dommages et intérêts à un centre de recherche belge pour «diffamation». S'il ne trouve pas d'issue, il devra mettre la clé sous la porte.

Taoufiq Bouachrine, directeur de publication du journal Akhbar Al-Youm, et Khalid Gueddar, son caricaturiste, risquent la prison pour «atteinte à l'emblème du royaume» et «non-respect dû à un membre de la famille royale» suite à une plainte déposée par Moulay Ismaïl, cousin du Roi et sujet d'une caricature. Les bureaux de la rédaction à Casablanca ont été placés sous scellés et sont depuis gardés par la police.

En Algérie, les journalistes profitent d'une certaine accalmie, mais pour combien de temps? Les tribunaux regorgent d'affaires de presse à juger et, tôt ou tard, les condamnations vont pleuvoir.

Que font aujourd'hui les autorités françaises pour défendre les journalistes et les démocrates maghrébins? Pourquoi cette prudence chaque fois qu'il s'agit de l'Afrique du Nord. Certes, l'histoire n'a pas encore tourné la page des années de plomb, mais pourquoi cette incapacité à dénoncer au Maghreb une situation qui le mérite? La situation actuelle en Tunisie n'est pas à prendre plus à la légère que celle en Iran il y a quelques mois. Alors pourquoi une prudence forcenée d'un côté et une colère sourde de l'autre?

Concernant le Maroc, Bruno Valero, porte-parole du quai d'Orsay a déclaré, le 28 octobre, que la France restait confiante dans la volonté du Maroc de «poursuivre sur la voie de l'ouverture». A propos de la Tunisie, les mêmes autorités disent «suivre la situation avec la plus grande attention». Voilà de quoi rassurer Taoufik Ben Brick au fond de sa cellule! Il faut dire qu'en 2008, à l'occasion d'un voyage officiel, Nicolas Sarkozy avait déclaré que «l'espace des libertés avait progressé en Tunisie». Le ton était donné. Comment s'étonner aujourd'hui d'un tel ménagement du Quai d'Orsay à l'égard du président Ben Ali. Le silence est de mise alors que les démocrates tunisiens crient à l'aide.

Combien faudra-t-il de journalistes emprisonnés, de correspondants passé à tabac, de journaux saisis ou mis sous scellés pour que les autorités françaises ouvrent les yeux sur ce qui se passe de l'autre côté de la Méditerranée?

Jean-François Julliard, secrétaire général, et Soazig Dollet, responsable du bureau Afrique du Nord de Reporters sans frontières.

Image de Une: Le journaliste tunisien Taoufik Ben Brik John Schults / Reuters
 
C'est l'éternelle rengaine. Si, évidemment, il y a lieu de défendre les journalistes; ceux-ci doivent s'astreindre à défendre le petit peuple. S'adonnent-ils à la tâche? Pas sûr.

La situation de la presse algérienne a ceci de particulier qu'elle bénéficie, effectivement, d'un certain leste du gouvernement mais toujours une épée de Damoclès pendue au-dessus de sa tête. De fait que toutes les imprimeries sont tenues par l'Etat, ce qui permet à ce dernier d'avoir un contrôle totale sur "le quatrième Pouvoir".

Il en a été ainsi avec le journal La Nation qui s'est vu contraint de "fermer boutique" en raison d'arrièrés impayés à l'Etat d'impression, alors que c'est le lot de tous les journaux algériens.
 
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