Près de la moitié des Franciliens originaires du Maghreb vont aussi célébrer Noël en famille, cest ce que révèle notre sondage exclusif. Désormais, Noël devient la fête la plus oecuménique.
JEUDI, soir de réveillon, et vendredi, jour de Noël, Djamila, 58 ans, mère de cinq grands enfants et habitante Jde la Cité des 4 000 à La Courneuve (Seine-Saint-Denis), va mettre les petits plats dans les grands pour les « repas traditionnels de fin dannée ». « Je vais préparer des toasts, un rosbif, un gigot. » Et le Père Noël doit également passer par son logement HLM. « Ce sera surtout loccasion de se retrouver en famille et entre amis », résume cette femme originaire dAlgérie.
Comme Djamila, ils sont des centaines de milliers de musulmans ou de culture musulmane en France à célébrer, à leur manière, la Nativité, la plus grande fête chrétienne. Pour la première fois, ce phénomène est chiffré par un sondage que nous dévoilons. Selon une enquête* de lInstitut Solis, spécialisé dans le marketing ethnique, près dune personne sur deux (47,5 %) originaire du Maghreb et vivant en Ile-de-France a prévu de marquer le coup les 24 et 25 décembre. Parmi ces personnes, 15,1 % décoreront un sapin, 31,7 % réveillonneront et 39 % offriront des cadeaux aux enfants, certaines prenant part à plusieurs de ces rituels. Parmi les 708 personnes interrogées, près de 80 % affirment avoir célébré il y a moins dun mois lAïd-el-Kébir, la grande fête musulmane.
« La communauté maghrébine ne voit en Noël aucune connotation religieuse. Cest un signe douverture, de tolérance, dadaptation. Le réveillon, cest loccasion daméliorer lordinaire, de faire la fête, de se retrouver », analyse Abbas Bendali, directeur de lInstitut Solis. Pour les sondés nés exclusivement sur le sol français, la proportion grimpe à 61,1 %. Si la première génération dimmigrés arrivée dans les années 1950 et 1960 en France na pas été séduite par Noël, en revanche, ses enfants et petits-enfants y ont vite pris goût.
* Etude réalisée en face-à-face entre le 1er et le 15 décembre auprès de 708 personnes originaires du Maghreb et vivant en Ile-de-France. Des quotas ont été exigés par pays
dorigine, sexe et âge.
Le Parisien