· Plusieurs projets en stand-by
· Les méventes touchent pratiquement toutes les villes
· Casablanca tire son épingle du jeu
Situation en veilleuse dans plusieurs projets immobiliers! Cest le cas depuis plusieurs semaines à Tanger, Tétouan, Marrakech, Kénitra, Saïdia
Pour la première fois, la cadence de production de logements aurait chuté de 50%, principalement à Tanger et Marrakech. Plusieurs chantiers sont presque à larrêt. «Programmés pour être livrés en une seule tranche, il y a un nombre incalculable de villas et dappartements fermés», affirme Chakib Bennani, président de la commission fiscale au sein de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI). A elle seule, la ville ocre compte une cinquantaine de chantiers immobiliers désormais réalisés en plusieurs tranches.
Des professionnels attribuent cette baisse de régime à la rareté du foncier et au phénomène de mévente, qui sest installé depuis plus de 6 mois. Dailleurs, selon les derniers chiffres de Bank Al-Maghrib, la machine des crédits immobiliers a enregistré un ralentissement durant le mois de juillet. En effet, au 1er semestre 2009, ces crédits nont progressé que de 82% contre 222% en 2008, pour sélever à 60 milliards de DH.
De nombreux banquiers confirment cette morosité et fondent beaucoup despoirs sur le mois de septembre pour améliorer les taux de réalisation de leurs objectifs.
Ceci étant, des promoteurs ont eu recours à la parade des ristournes, mais sans grand effet sur les stocks dinvendus. Ces baisses varient généralement entre 30 et 40%, voire plus, principalement à Marrakech, où des appartements de haut standing sont désormais vendus à 1,87 million de DH contre 4 millions de DH auparavant. Des promoteurs évoquent également linquiétante chute des prix à Dar Bouazza (au sud de Casablanca). Des villas finies sont bradées à 9.000 DH le m2, témoigne Bennani. «Nous navons jamais vu cela depuis cinq ans», affirme Bennani.
Les Marocains résidant à létranger (MRE) nont pas pu sauver la saison. «Ce sont surtout les étrangers qui font ce type de marché, le luxe. Quant aux MRE, ils cherchent plutôt un pied-à-terre, dune valeur maximale de 600.000 à 1 million de DH», explique un banquier, expert en immobilier.
A Casablanca, où le marché reste assez atypique compte tenu de la forte demande, tous segments confondus, les prix de limmobilier de moyen standing ont considérablement baissé ces dernières semaines. Selon Bennani, «les baisses oscillent entre 10 et 15% sur les ventes réelles». Depuis le début de lété, les prix des appartements sont passés de 14.000-15.000 DH à 9.000 DH le mètre carré, principalement au Belvédère, La Gironde, Bourgogne, Roches Noires . Mais globalement, limmobilier demeure encore cher dans la métropole économique. Selon un banquier, la raison est toute simple: «Ce sont surtout la rareté et le coût du foncier qui expliquent les niveaux élevés des prix à Casablanca. Dautant plus que le besoin dacquérir un logement devient de plus en plus pressant». Autre raison expliquant les ventes plus rapides sur le marché casablancais, le train de vie des habitants de la capitale économique, généralement plus élevé quailleurs.
Autre particularité à Casablanca, la quasi-absence de loffre en logement économique. «Tout a été vendu», précise-t-on auprès de la corporation des promoteurs.
Par ailleurs, des signes dinquiétude se manifestent dans le secteur du logement social. Ce segment, qui a été prioritaire pour plusieurs gouvernements, a connu un certain nombre de changements. Il sagit de la suppression de quelques avantages. Du coup, les promoteurs sen détournent. Le problème du foncier et les contraintes administratives narrangent pas non plus la situation. Les promoteurs dénoncent justement la base de calcul des droits dimmatriculation pratiquée par lAgence nationale de la conservation foncière, du cadastre et de la cartographie (ANCFCC). «Contrairement à toutes les dispositions légales, cest le conservateur foncier qui détermine lestimation de la valeur vénale du bien immobilier. Ce qui est anormal», fustigent des promoteurs. Cette grille tarifaire, inconnue du public, «sapplique différemment dun projet à un autre même sils sont limitrophes». Raison pour laquelle la FNPI a introduit une action en justice auprès du tribunal de commerce de Casablanca contre le patron de lANCFCC.
A. R. & H. E.
L'économiste