En inde, la magie de rue se heurte à une loi contre la mendicité

Magicien de rue, Ishamuddin Khan a émerveillé le monde entier en réalisant le légendaire tour de la corde qui s'élève dans l'air. Mais en Inde, il doit combattre une loi qui criminalise les artistes comme lui.

Mentionné par des écrits européens durant la colonisation britannique de l'Inde, le tour de la corde magique des fakirs - qui consiste à faire monter une corde dans le ciel au seul son de la flûte - avait quelque chose de mythique. Les spécialistes doutaient même qu'il ait jamais existé.

Aucun magicien contemporain ne l'avait réalisé jusqu'à Ishamuddin Khan.

"On m'a classé comme le vingtième meilleur magicien du monde. J'adore me produire dans la rue, mais aux yeux de la loi je ne suis pas un artiste de rue, je suis un mendiant", une activité prohibée, dit ce quadragénaire à l'AFP.

Sa cahute se niche dans une allée puant les effluves d'égouts à Kathputli Colony, dans le sud de New Delhi.

Malgré l'enthousiasme qu'ils peuvent susciter à l'étranger, et bien que l'Inde ait une riche tradition artistique et mystique, les magiciens comme M. Khan sont rarement célébrés dans ce pays. Les artistes de rue vivent souvent dans la misère, habitant dans des bidonvilles sans eau courante ni toilettes.

Ils risquent quotidiennement d'être harcelés par la police, qui demande des pots-de-vin pour tolérer des emplacements sur des trottoirs ou qui menace de les arrêter. Car en vertu d'un vieux texte contre la mendicité, le Bombay Prevention of Begging Act, des millions de saltimbanques sont considérés comme une nuisance publique.
 
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