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Hépatite C guérie en 3 mois

Comment le labo Gilead s'est fait détester
L'arrivée en France du très onéreux Sovaldi, médicament qui guérit l'hépatite C en trois mois, fait perdre aux autres laboratoires plusieurs centaines de millions d'euros.

La présentation PowerPoint a laissé les industriels du médicament pantois et furieux.

Les hauts fonctionnaires du ministère de la Santé qui les ont conviés à cette réunion de préparation du budget de la Sécurité sociale 2015 leur ont présenté brutalement la nouvelle donne:
l'arrivée sur le marché français du Sovaldi fera perdre aux autres laboratoires entre plusieurs centaines de millions et un milliard d'euros, selon le prix qui sera retenu pour le Sovaldi.
En clair, alors que le secteur devra se serrer la ceinture l'an prochain dans le cadre du plan d'économies de Manuel Valls, Gilead se taillera une très grosse part de ce gâteau qui rétrécit.

Le laboratoire américain énerve décidément le monde de la pharma.
Il y a eu d'abord ses manières de cow-boy. Les autres groupes lui en veulent d'avoir débarqué brutalement sur le marché de l'hépatite C sans avoir préparé les esprits.
Erreur de débutant ou certitude aveugle du conquérant? Gilead n'a pas même pris la peine de réaliser une étude d'impact, afin d'estimer combien les assurances-maladie du monde entier gagneraient à long terme en remboursant le Sovaldi si efficace mais si cher aussi.

Enquête sénatoriale
Du fait de ce manque de préparation, Gilead a provoqué malgré lui aux États-Unis un nouveau débat sur la fixation du prix - jugé exorbitant - du médicament, au point que le Sénat américain a même lancé une enquête cet été

. En Europe, le prix du Sovaldi a provoqué un embryon d'accord européen entre 14 ministres de la Santé pour faire baisser le prix.
Or, «tous les laboratoires ont une peur bleue que les pays européens s'unissent un jour pour fixer ensemble les tarifs des nouvelles molécules mises sur le marché», témoigne un expert. Bref, Gilead a transformé une supermolécule en massacre médiatique et en quasi-désastre politique.

Pour un peu on en oublierait que le Sovaldi soigne l'hépatite C comme aucun médicament avant lui.

à suivre
 
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Sa particularité? Contrairement aux traitements précédents, efficaces dans un peu plus d'un cas sur deux avec des effets secondaires redoutables - dépressions, troubles de la personnalité, etc. -, il guérit 90 % des patients sans douleur.
Mais cette efficacité a un prix tellement élevé que le Sovaldi, autorisé en France depuis octobre 2013, menace dès cette année de faire déraper à lui seul les comptes de l'Assurance-maladie.
Le traitement, qui dure en général trois mois, coûte 56.000 euros.
Soit près de 670 euros le comprimé, pas loin du prix du tout nouvel iPhone 6. Pire, le Sovaldi doit être pris avec une autre molécule coûtant 35.000 euros.
Soit une facture totale qui tutoie les 100.000 euros. Bref, ce traitement, intégralement remboursé par la Sécu, revient trois à cinq fois plus cher que les produits utilisés auparavant.
Résultat, à la fin août, la Sécu avait déjà réglé à Gilead une facture de près de 440 millions d'euros.

200.000 patients à traiter en France
Ces prix ne sont pas inédits dans le monde de la santé. Mais les médicaments aussi chers concernaient jusqu'à présent des maladies orphelines, qui touchent très peu de patients.


Ainsi, le Kalydeco de Vertex, qui arrivera en France fin novembre, coûtera 19.500 euros. Mais il soigne la mucoviscidose, qui touche 6800 personnes en France.


Or, l'hépatite C affecte environ 200.000 personnes dans l'Hexagone, dont la moitié est dépistée. À ce tarif, soigner tout le monde coûterait des milliards.

Lucide, la Haute Autorité de santé préconise pour l'instant de ne traiter avec le Sovaldi que les patients les plus atteints, ceux qui souffrent de cirrhoses de niveau 3 et 4. Toutefois, même en ne soignant que 10.000 à 15.000 patients en 2014, la Sécurité sociale devra débourser près de 1 milliard d'euros, soit plus de 4 % du budget médicament en France. Avec un tel montant, le Sovaldi délogera dès cette année le Lucentis à la première place du classement des médicaments les plus coûteux pour la Sécu. Et il devrait peser encore plus lourd en 2015 à l'issue de sa montée en charge, quand le nombre de patients traités atteindra 25.000.

Pour autant, le prix actuel n'est pas encore définitif. Il fait l'objet d'âpres négociations au sein du très secret Comité économique des produits de santé (CEPS), instance où se négocient tous les prix des médicaments entre État et industriels. De ce bras de fer à plusieurs milliards dépend la facture finale, sachant qu'une fois l'accord conclu, le laboratoire devra rembourser la différence entre le tarif retenu et le prix actuellement payé par la Sécu. Pour les pouvoirs publics, la partie est complexe, car les prix français peuvent difficilement être très éloignés de ceux des autres pays. Or le Sovaldi est vendu 84.000 dollars (66.000 euros) aux États-Unis, 49.000 euros en Allemagne et 43.000 euros au Royaume-Uni. Mais nos voisins d'outre-Rhin réviseront le prix à la baisse au bout d'un an de commercialisation. De leur côté, les Britanniques n'ont prévu de soigner que 500 patients cette année!

Bien que très élevés, ces tarifs n'ont rien à voir avec le prix espéré au départ pour le Sovaldi. Pharmasset, qui a développé le traitement, avant d'être racheté par Gilead en 2011, comptait initialement commercialiser sa pilule miracle aux alentours de 19.000 euros en Europe.

Négociations à huis clos
Auprès du CEPS, Gilead avance une batterie d'arguments pour justifier le tarif de son médicament vedette. Au-delà de son efficacité et de son confort d'utilisation, le Sovaldi agit en trois mois seulement.

Son coût est faible, comparé à celui d'une transplantation de foie (une opération de 100.000 euros) pratiquée dans les cas extrêmes. A
utre argument: le Sovaldi guérit rapidement, ce qui permet aux patients de retrouver très vite une vie normale et de travailler.
Si l'Assurance-maladie amortissait son coût «sur vingt ou trente ans», le traitement reviendrait à «près de 2000 euros par an et le débat actuel n'aurait pas lieu», fait valoir Michel Joly, président de Gilead France.
«Le Sovaldi produira des économies largement après 2017, rétorque Frédéric Van Roekeghem, le directeur général de l'Assurance-maladie.
Or, les engagements budgétaires de la France auprès de Bruxelles sont triennaux, non pas décennaux!» Du côté de la Sécurité sociale, on estime d'ailleurs que le Sovaldi serait très largement rentable pour Gilead aux alentours de 20.000 euros le traitement. Une étude qui circule sous le manteau établit même que le laboratoire américain rentabiliserait son investissement en France dès 8300 euros. Sept fois moins cher que le prix pratiqué aujourd'hui.

Pendant que se poursuivent les négociations à huis clos, le député socialiste - et médecin - Gérard Bapt mène l'offensive. Il s'étonne dans une lettre au directeur général de l'ANSM, l'Agence nationale de sécurité du médicament, d'un prix «inaccessible pour l'Assurance-maladie». Et demande pourquoi le traitement concurrent du laboratoire Abbvie, «d'efficience comparable», en attente d'homologation, n'a pas obtenu, comme cela s'est fait pour le Sovaldi, une autorisation temporaire d'utilisation.

Un prix fixé par l'État?
«Un labo ne peut pas capter à lui seul tout seul les capacités financières d'un pays en faveur de l'innovation thérapeutique, plaide Frédéric Van Roekeghem. Si la négociation avec Gilead n'avance pas, il faut envisager un autre système de fixation du prix.» Une menace à peine voilée quand on sait que les laboratoires pharmaceutiques tiennent beaucoup au système actuel de négociation avec le CEPS. Gérard Bapt suggère pour sa part de lancer pour le Sovaldi une procédure de «licence obligatoire». Cette arme ultime consiste pour les pouvoirs publics à autoriser un tiers à fabriquer le produit breveté sans le consentement du titulaire du brevet. «Le CEPS pourrait aussi fixer le prix de façon unilatérale», suggère de son côté Khalil Elouardighi, de l'association de lutte contre le sida Coalition Plus.

Le gouvernement ne semble pas envisager aujourd'hui d'en venir à ces mesures extrêmes. Une autre piste serait à l'étude: la réactivation d'une taxe permettant à l'Etat de prélever une partie du chiffre d'affaires français des laboratoires, lorsque ceux-ci dépassent le plafond maximal de dépenses autorisées. Pour ne pas pénaliser les labos qui pratiquent des tarifs raisonnables, celle-ci pourrait être dans un premier temps réservée aux médicamens traitant l'hépatite C, afin de faire entrer le Sovaldi dans le champ d'application de cette disposition sans pour autant le viser spécifiquement.

La France a également lancé un mouvement inédit dans l'Union européenne. En juillet, elle a convaincu quatorze pays de réfléchir ensemble sur ce problème de coût d'un médicament qui fait exploser les compteurs. La partie est toutefois loin d'être gagnée. «Nous allons négocier pays par pays, mais en échangeant nos informations», avait alors indiqué Marisol Touraine, ministre de la Santé.

Désigner des patients prioritaires
Cette affaire pose en tout cas une question nouvelle et embarrassante au ministère de la Santé et à l'Assurance-maladie: quel budget faut-il accorder à ce traitement et combien de personnes veut-on soigner chaque année? «C'est la première fois en France que l'on doit définir des priorités et autoriser en amont toute prise en charge des patients parce que le prix est incompatible avec les objectifs financiers fixés par le Parlement», se désole Frédéric Van Roekeghem. Dans les cabinets médicaux, la situation est parfois vécue de façon dramatique par les praticiens. «Chaque jour, je dois dire à mes patients: j'ai un médicament qui peut vous guérir, sans effets secondaires, mais je ne peux le prescrire parce qu'il est trop cher, témoigne le professeur en hépatologie au CHU de Bordeaux Victor de Ledinghen. C'est la première fois en France qu'un médicament qui guérit ne peut pas être prescrit.»

Le suspense autour du prix final du Sovaldi est à son comble. Il en va de l'équilibre du budget de l'Assurance-maladie, mais surtout de la vitesse à laquelle on pourra se débarrasser de cette maladie. Gilead propose de le faire en quinze ans. Mais avec un prix plus faible, cela pourrait aller beaucoup plus vite.


:wazaa: FAUT IL EN RIRE OU EN PLEURER

mam
 
L’hépatite C, ça peut rapporter gros !


À l’heure où madame Touraine, ministre de la Santé, nous annonce qu’elle va faire des économies sur le budget de la Sécurité sociale, la presse nous annonce deux nouvelles.
L’une bonne : la société américaine Gilead a découvert un médicament (le Sovaldi) qui doit permettre de traiter et de guérir 90 % des malades atteints d’hépatite C, alors que les traitements actuels n’ont pas un tel taux de réussite et sont souvent mal supportés
. L’autre mauvaise : ce médicament est très, très cher (56.000 € le traitement de 12 semaines), au point que le députés PS Gérard Bapt, rapporteur du projet de loi de finances sur la Sécurité sociale, a demandé au président de la filiale française de ce laboratoire de revoir le prix de ce médicament à la baisse, sachant qu’il sera remboursé à 100 % par la Sécurité sociale et que le fait de traiter les 60.000 malades les plus gravement atteints représenterait un budget de plus de 3 milliards d’euros.

On peut, bien sûr, penser que la santé n’a pas de prix, mais lorsqu’on sait que le coût de fabrication du médicament serait d’environ 200 € par traitement, on est loin des 56.000 €, prix auquel ce laboratoire entend vendre son traitement.
Certes, le prix de revient ne prend pas en compte les frais de recherche et de développement qui furent nécessaires pour proposer cette molécule, mais il est peu probable qu’ils puissent justifier un tel écart. Nous somme bien loin de l’image d’Épinal où l’on voyait un apothicaire fabriquer les médicaments prescrits par le médecin. En se substituant à l’apothicaire pour la fabrication des médicaments, l’industrie pharmaceutique a pris, progressivement, le contrôle du système et, par sa position dominante, impose ses lois.

Nous en avons, ici, la preuve éclatante. Il s’agit d’une magnifique opération commerciale qui s’appuie malheureusement sur un concept que la morale ne peut que réprouver : tu paies ou tu meurs. Alors, comment ne pas payer ? Il est probable que les autorités de santé accepteront un prix très élevé afin de ne pas priver le citoyen français d’une thérapeutique déjà employée (au prix fort) dans d’autres pays.

Je sais que la morale est très éloignée de toutes ces considérations économiques et que l’industrie pharmaceutique ne considère le monde de la santé, de la maladie, et de la souffrance que comme un marché dont il faut tirer un profit maximum, et il est parfaitement concevable que les laboratoires cherchent à obtenir un bénéfice de leurs recherches mais, en l’occurrence, ce cas semble davantage relever du chantage que des simples lois du marché. La Sécurité sociale dépense environ 30 milliards par an pour les médicaments, il est probable que si le gouvernement ne peut pas faire baisser le prix de celui-ci (et sûrement d’autres à venir), il fera des économies sur le remboursement des autres au détriment de la grande majorité des malades.

Alors, devant une telle attitude si peu éthique, ne serait-il pas juste que nos gouvernants, chargés de nous représenter et de défendre nos intérêts, obligent le laboratoire, pour sa distribution sur le territoire français, à « génériquer », par nécessité, sa molécule, afin de pouvoir en faire bénéficier tous les patients atteints sans détrousser encore plus l’assurance maladie ?
Malheureusement, cela est peu probable car, dans cette confrontation, où se situe le pouvoir ?

http://www.bvoltaire.fr/jacquesmich...-30381821&mc_cid=f43f77a519&mc_eid=fc20a6a4fe

mam
 
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