Inhibition intellectuelle-complexe de l'albatros

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Salam,


Pour Kierkegaard, « l'apprentissage véritable de l'angoisse est le suprême savoir ».

Des enfants doués, riches de potentialités intellectuelles et créatives, ne réussissent pas.

Il s'agit là, en apparence, d'un paradoxe qui interroge, même s'il ne concerne qu'une relativement faible population d'enfants. Ils ne réussissent pas et ils souffrent.
Il est dit dans L’Ecclesiaste que « qui accroît sa science, accroît sa douleur ».
Et vice versa pourrait-on ajouter. « L'indolent » (qui ne souffre pas par définition) devient « maladroit et honteux ». Cette souffrance est parfois telle qu'il devient vital pour eux de renoncer à l'exercice de leur intelligence. C'est l'inhibition intellectuelle.

Il ne s'agit pas là d'une perte définitive du potentiel, d'une « lampe qui s'éteint », comme on peut le voir par exemple dans les états démentiels, mais d'une simple « baisse de tension » avec déficit momentané et récupérable de l'efficience.

En 1984, nous avons soutenu une thèse de Médecine sur les enfants intellectuellement précoces. Notre travail avait pour cadre un internat Médico-pédagogique d'Aquitaine où, sur 600 enfants admis entre 1958 et 1976, 145 avaient un quotient intellectuel supérieur ou égal à 130. Près de 65 % d'entre eux présentaient une inhibition intellectuelle responsable de difficultés scolaires avec retards parfois conséquents.

Complexe de l'albatros


Il peut paraître banal de comparer l'Albatros du poète, piteusement empêtré dans ses grandes ailes blanches dès qu'il abandonne les hauteurs pour se mettre au niveau du commun des hommes, et l'enfant dit « surdoué", tellement gêné (pour ne pas dire « handicapé ») par sa haute intelligence qu’il doive parfois inhiber ses potentialités (rogner ses ailes) pour tenter de s'adapter à un système scolaire qu'il trouve souvent peu stimulant pour lui et se faire socialement accepter.

Pourtant, cette image prend un autre relief

- lorsque, d'une part on se réfère à Alice MILLER et son « pauvre enfant riche enfermé dans sa prison intérieure », et à GERAUD qui se demandait s’il fallait couper les ailes des jeunes sujets que l’on déclare géniaux et les condamner à cette prison qu'est la régression intellectuelle et mentale parce qu'ils avaient eu la chance de naître à un très haut degré d’intelligence,

- et lorsque, d'autre part, on sait que le mot « albatros » vient du vocable portugais « alcatraz » qui nous rappelle le célèbre pénitencier de San Francisco dont la réputation assurait que l’on ne pouvait s'en évader... Jusqu'au jour où trois condamnés à la réclusion à vie réussirent l'exploit de s'en échapper, ce qui condamna l’établissement. Toutes les chroniques se rapportant à ce fait-divers mentionnent que ces trois psychopathes, qualifiés de « surdoués » et même de « génies », avaient un quotient intellectuel très au-dessus de la moyenne. On ne les reverra jamais et on a même supposé qu’ils s’étaient fait refaire le visage et avaient changé d’identité !

Le surdoué qui s’inhibe ne cherche-t-il pas lui-même à se cacher et n’être point reconnu ? Et celui qui, au contraire, choisit d'assumer son intelligence, ne court-il pas le risque de sombrer peut-être un jour dans un état de dépersonnalisation psychotique équivalant lui aussi à une perte d'identité ?



L'article complet :

http://pedagogie.ac-toulouse.fr/garsep/gauvrit.htm
 
Qu'est-ce qui te semble incorrect ?

L’inhibition intellectuelle peut intervenir dans différentes circonstances et pas uniquement chez des enfants.
Salam,
J'ai essayé de le lire, son Traité du désespoir, et je n'ai rien compris malheureusement. Reste que c'est connu en psychologie que l'inverse est souvent vraie: l'angoisse qui pousse à la créativité intellectuelle.
 
" Enfant, j’ai reçu une éducation stricte et austère qui fut à vues humaines une folie. Dès ma plus tendre enfance, ma confiance dans la vie s’était brisée aux impressions sous lesquelles avait lui-même succombé le mélancolique vieillard qui me les avait imposées : enfant, ô folie ! je reçus le costume d’un mélancolique vieillard. Terrible situation! ".

" J’ai enduré la douleur de n’être pas comme les autres. J’aurais pourtant tout donné pour l’être, ne fut-ce qu’un moment ".

Kierkegaard
 
Dernière édition:
Salam,
J'ai essayé de le lire, son Traité du désespoir, et je n'ai rien compris malheureusement. Reste que c'est connu en psychologie que l'inverse est souvent vraie: l'angoisse qui pousse à la créativité intellectuelle.
Wa aleykom salam,

Face à des situations extrêmes, on peut effectivement se surprendre en mobilisant ses capacités pour s'en extirper. Néanmoins je pense plutôt que nous avons tendance lorsque l'angoisse devient chronique à nous réfugier dans des rituels, des mécanismes familiers apaisants et fuir autant que possible le vertige du doute lié à la réflexion.
 
Wa aleykom salam,

Face à des situations extrêmes, on peut effectivement se surprendre en mobilisant ces capacités pour s'en extirper. Néanmoins je pense plutôt que nous avons tendance lorsque l'angoisse devient chronique à se réfugier dans des rituels, des mécanismes familiers apaisants et fuir autant que possible le vertige du doute lié à la réflexion.
Tu parles de névrose obsessionnelle compulsive. Toutes les névroses ne conduisent pas à des comportements compulsifs. En fait, la majorité des névroses ne sont que des angoisses terribles. On fuit certaines situations sans pour autant conjurer ces peurs dans des comportements absurdes. Tels que ceux que déclenche la névrose obsessionnelle.

Pour en revenir à Kierkegaard, et vu ce qu'il dit de son éducation, il est la preuve que l'angoisse conduit bel et bien à essayer de rationaliser l'univers qui s'offre à soi.
 
" Enfant, j’ai reçu une éducation stricte et austère qui fut à vues humaines une folie. Dès ma plus tendre enfance, ma confiance dans la vie s’était brisée aux impressions sous lesquelles avait lui-même succombé le mélancolique vieillard qui me les avait imposées : enfant, ô folie ! je reçus le costume d’un mélancolique vieillard. Terrible situation! ".

" J’ai enduré la douleur de n’être pas comme les autres. J’aurais pourtant tout donné pour l’être, ne fut-ce qu’un moment ".

Kierkegaard
C'est triste de lire ça
 
Tu parles de névrose obsessionnelle compulsive. Toutes les névroses ne conduisent pas à des comportements compulsifs. En fait, la majorité des névroses ne sont que des angoisses terribles. On fuit certaines situations sans pour autant conjurer ces peurs dans des comportements absurdes. Tels que ceux que déclenche la névrose obsessionnelle.

Pour en revenir à Kierkegaard, et vu ce qu'il dit de son éducation, il est la preuve que l'angoisse conduit bel et bien à essayer de rationaliser l'univers qui s'offre à soi.


Oui, c'est un bel exemple de résilience, un être qui se relève (pour combien de zombis rampants?!).
 
Oui, c'est un bel exemple de résilience, un être qui se relève (pour combien de zombis rampants?!).
Cela vaut la peine de sacrifier quelques zombies pour produire un Sören.

Spéciale dédicace de Kierkegaard à la section HDC:

" Mariez-vous, vous le regretterez; ne vous mariez pas, vous le regretterez aussi; mariez-vous ou ne vous mariez pas, vous le regretterez également. Si vous vous mariez ou si vous ne vous mariez pas, vous regretterez l’un et l’autre. Riez des folies de ce monde, vous le regretterez; pleurez sur elles, vous le regretterez également; si vous riez des folies de ce monde ou si vous pleurez sur elles, vous regretterez l’un et l’autre ".
 
Cela vaut la peine de sacrifier quelques zombies pour produire une Sören..

Spéciale dédicace de Kierkegaard à la section HDC:

" Mariez-vous, vous le regretterez; ne vous mariez pas, vous le regretterez aussi; mariez-vous ou ne vous mariez pas, vous le regretterez également. Si vous vous mariez ou si vous ne vous mariez pas, vous regretterez l’un et l’autre. Riez des folies de ce monde, vous le regretterez; pleurez sur elles, vous le regretterez également; si vous riez des folies de ce monde ou si vous pleurez sur elles, vous regretterez l’un et l’autre ".

Mdr !

et la somme de tout ça, ça donne (roulement de tambours)










@indecise1 :wazaa:
;)
 
Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.
A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule!
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid!
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait!

Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

Baudelaire
 
Salam,


Pour Kierkegaard, « l'apprentissage véritable de l'angoisse est le suprême savoir ».

Des enfants doués, riches de potentialités intellectuelles et créatives, ne réussissent pas.

Il s'agit là, en apparence, d'un paradoxe qui interroge, même s'il ne concerne qu'une relativement faible population d'enfants. Ils ne réussissent pas et ils souffrent.
Il est dit dans L’Ecclesiaste que « qui accroît sa science, accroît sa douleur ».
Et vice versa pourrait-on ajouter. « L'indolent » (qui ne souffre pas par définition) devient « maladroit et honteux ». Cette souffrance est parfois telle qu'il devient vital pour eux de renoncer à l'exercice de leur intelligence. C'est l'inhibition intellectuelle.

Il ne s'agit pas là d'une perte définitive du potentiel, d'une « lampe qui s'éteint », comme on peut le voir par exemple dans les états démentiels, mais d'une simple « baisse de tension » avec déficit momentané et récupérable de l'efficience.

En 1984, nous avons soutenu une thèse de Médecine sur les enfants intellectuellement précoces. Notre travail avait pour cadre un internat Médico-pédagogique d'Aquitaine où, sur 600 enfants admis entre 1958 et 1976, 145 avaient un quotient intellectuel supérieur ou égal à 130. Près de 65 % d'entre eux présentaient une inhibition intellectuelle responsable de difficultés scolaires avec retards parfois conséquents.

Complexe de l'albatros


Il peut paraître banal de comparer l'Albatros du poète, piteusement empêtré dans ses grandes ailes blanches dès qu'il abandonne les hauteurs pour se mettre au niveau du commun des hommes, et l'enfant dit « surdoué", tellement gêné (pour ne pas dire « handicapé ») par sa haute intelligence qu’il doive parfois inhiber ses potentialités (rogner ses ailes) pour tenter de s'adapter à un système scolaire qu'il trouve souvent peu stimulant pour lui et se faire socialement accepter.

Pourtant, cette image prend un autre relief

- lorsque, d'une part on se réfère à Alice MILLER et son « pauvre enfant riche enfermé dans sa prison intérieure », et à GERAUD qui se demandait s’il fallait couper les ailes des jeunes sujets que l’on déclare géniaux et les condamner à cette prison qu'est la régression intellectuelle et mentale parce qu'ils avaient eu la chance de naître à un très haut degré d’intelligence,

- et lorsque, d'autre part, on sait que le mot « albatros » vient du vocable portugais « alcatraz » qui nous rappelle le célèbre pénitencier de San Francisco dont la réputation assurait que l’on ne pouvait s'en évader... Jusqu'au jour où trois condamnés à la réclusion à vie réussirent l'exploit de s'en échapper, ce qui condamna l’établissement. Toutes les chroniques se rapportant à ce fait-divers mentionnent que ces trois psychopathes, qualifiés de « surdoués » et même de « génies », avaient un quotient intellectuel très au-dessus de la moyenne. On ne les reverra jamais et on a même supposé qu’ils s’étaient fait refaire le visage et avaient changé d’identité !

Le surdoué qui s’inhibe ne cherche-t-il pas lui-même à se cacher et n’être point reconnu ? Et celui qui, au contraire, choisit d'assumer son intelligence, ne court-il pas le risque de sombrer peut-être un jour dans un état de dépersonnalisation psychotique équivalant lui aussi à une perte d'identité ?



L'article complet :

http://pedagogie.ac-toulouse.fr/garsep/gauvrit.htm

Salam

Il existe une réelle douleur à se sentir différent du commun des mortels, être incompris ou rejeté n'a pas d'égal comme souffrance. Mais au lieu de renoncer à ses ailes, il vaut mieux continuer à voler seul. La vue est plus belle de là haut.
 
Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.
A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule!
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid!
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait!

Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

Baudelaire


Moi, je vis la vie à côté,
Pleurant alors que c'est la fête.
Les gens disent : Comme il est bête!
En somme, je suis mal coté.
J'allume du feu dans l'été,
Dans l'usine je suis poète ;
Pour les pitres je fais la quête.
Qu'importe ! J'aime la beauté.

Beauté des pays et des femmes,
Beauté des vers, beauté des flammes,
Beauté du bien, beauté du mal.

J'ai trop étudié les choses ;
Le temps marche d'un pas normal;
Des roses, des roses, des roses !

Charles Cros

.......................................une similitude ?

mam
 
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