Islamophobie : les musulmans prêts à "s'inspirer du CRIF"

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Enfin une décision intelligente du CFCM



Mosquée incendiée : les représentants musulmans déterminés à "ne plus rien laisser passer"


Ni mort, ni blessé, des dégâts matériels limités ; et pourtant, la tentative d'incendie de la mosquée de Saint-Priest (Rhône), samedi 20 décembre, a suscité un déferlement de condamnations et de messages de solidarité venus de responsables politiques et religieux de tous horizons. Intervenant deux semaines après la profanation du carré musulman du cimetière militaire d'Arras, cet incident a mis en lumière la "recrudescence" des actes de vandalisme sur les symboles de l'islam, désormais régulièrement dénoncée par les responsables musulmans.

La communauté musulmane s'est aussi massivement mobilisée, semblant déterminée à "ne plus rien laisser passer", ainsi que le revendique Azzedine Gaci, le président du Conseil régional du culte musulman de Rhône-Alpes. Il reconnaît qu'en la matière la communauté musulmane a tout intérêt à "s'inspirer du CRIF", le Conseil représentatif des institutions juives de France, pour sa lutte contre l'antisémitisme et ses liens avec les pouvoirs publics. Le rapprochement récent entre le CRIF et la nouvelle équipe du Conseil français du culte musulman (CFCM), qui partagent là une crainte commune, pourrait y contribuer.

M. Gaci propose enfin la création, au sein du CFCM, d'un observatoire de l'islamophobie pour "recenser les actes et analyser les mécanismes qui favorisent cette nouvelle forme de racisme".

VOLONTÉ NOUVELLE

Cette volonté de réagir au moindre incident islamophobe est nouvelle. Soutenue par un "sentiment diffus d'insécurité" dans la communauté musulmane, elle se manifeste aujourd'hui dans les faits. En octobre, dans un geste inédit, le CFCM a demandé et obtenu des excuses publiques de l'animateur Michel Drucker et du dessinateur Philippe Geluck. Ce dernier avait déclaré : "Charles Martel a essayé d'arrêter les souris à Poitiers mais il n'y est pas arrivé." Mohammed Moussaoui, président du CFCM, a estimé que ces propos véhiculaient des "préjugés racistes et islamophobes".

De son côté, le site Oumma.com a porté plainte contre le journaliste Alexandre Adler, qui avait affirmé sur l'antenne de RMC-Info que ce site d'informations sur la communauté musulmane passait "des messages proches d'Al-Qaïda".

"Jusqu'alors, assure Samy Debah, président du Collectif contre l'islamophobie en France, les phénomènes de discrimination raciale ou religieuse étaient acceptés comme une fatalité avec l'idée que 'l'on n'était pas chez nous'. Aujourd'hui, le nouvel homo islamicus, plus cultivé, plus intégré veut vivre son islam tout en affirmant sa citoyenneté française et il réagit aux agressions."

Le Collectif, qui n'hésite pas à saisir la Halde ou la justice, affirme néanmoins traiter "90 % des dossiers par la médiation". Mais la plupart des actes de vandalisme restent méconnus ; de nombreux lieux de culte sont encore gérés par des anciens, peu enclins à saisir la justice ou les médias. Au-delà du diagnostic, la communauté musulmane aimerait voir reconnu ce fait social au plus haut niveau. A Saint-Priest, en dépit des messages adressés par Nicolas Sarkozy et la ministre de l'intérieur au CFCM, a plané le même regret qu'à Arras : un ministre aurait "sûrement" fait le déplacement pour "les autres", juifs ou chrétiens.

Stéphanie Le Bars
 
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