kamomille
VIB
jeudi 17 septembre 2009, par Alain Gresh
Nous vivons les temps de lislamophobie. Chaque jour apporte sa pierre à lédification dune machine de guerre dautant plus efficace quelle ne relève daucun complot et quelle enrôle sous sa bannière des responsables de gauche et de droite, des intellectuels de gauche et de droite, des « savants » de gauche et de droite. Burqa, affaire Vincent Geisser que jai eu tort de ne pas évoquer avant sur ce blog , femmes afghanes, pratique du ramadan, etc, tout est bon, non pour critiquer lislam (« Peut-on critiquer lislam ? »), mais pour stigmatiser les musulmans et, surtout, créer une atmosphère de troisième guerre mondiale.
Cest en mars 2006 que Charlie-Hebdo publie « Le manifeste des douze : ensemble contre le nouveau totalitarisme », LExpress, 2 mars 2006, où lon retrouve les incontournables Bernard-Henri Lévy, Caroline Fourest, Philippe Val, Antoine Sfeir :
« Après avoir vaincu le fascisme, le nazisme et le stalinisme, le monde fait face à une nouvelle menace globale de type totalitaire : lislamisme. Nous, écrivains, journalistes, intellectuels, appelons à la résistance au totalitarisme religieux et à la promotion de la liberté, de légalité des chances et de la laïcité pour tous. » Nous restons dans cette atmosphère malsaine.
La publication par Le Seuil du livre « Aristote au Mont Saint-Michel. Les racines grecques de lEurope chrétienne, » de Sylvain Gouguenheim avait suscité, au début 2008, une puissante polémique. (« Un historien au service de lislamophobie » 7 mai 2008). Sous la direction de Max Lejbowicz, Lislam médiéval en terres chrétiennes (Presses universitaires Septentrion, Villeneuve dAscq, 2009), sous-titré « Science et idéologie », avait constitué une première riposte des « savants ». Le livre publié chez Fayard sous la direction de Philippe Büttgen, Alain de Libera, Marwan Rashed et Irène Rosier-Catach, Les Grecs, les Arabes et nous. Enquête sur lislamophobie savante, est une nouvelle charge contre les impostures.
Les coordinateurs écrivent dans leur préface :
« Aristote au Mont-Saint-Michel développe une vision du monde qui sinsère très précisément dans la philosophie de lhistoire sarkozyste à la rencontre de trois axes majeurs : (1) exaltation de la France toute chrétienne, celui du long manteau de lEglise jeté sur nos campagnes ; (2) revendication assumée de loeuvre positive de la colonisation puisque la science est, par essence, européenne ; (3) volonté de liquider définitivement Mai 68. Et lon se trouve confronté à ce paradoxe, typique de notre temps, où lauteur le plus en phase avec la doxa des idéologues officiels on songe à celui qui, aux premiers jours de la Restauration (26 juillet 2007), composa linoubliable discours de Dakar est décrit comme un parangon dindépendance et de courage par diverses crécelles médiatiques. (...)
Les Arabes sont des Arabes, dit lislamophobie savante, de peur queux aussi ne soient grecs, comme nous le soutiendrons. Cela ne se dit quà la troisième personne : eux les Arabes, ceux quon désigne de loin, des banlieues aux universités, sur tout le trajet de lislamophobie savante. Qui aujourdhui peut dire : Nous les Arabes sans sattirer les pires soupçons ? Raison de plus, aujourdhui, pour que nous le fassions. Les Grecs, les Arabes. Et nous ? Nous les Grecs, bien sûr. Nous les Arabes pas moins. Mais nous les Latins, aussi bien que nous les juifs, nous tous les absents de la nouvelle Restauration, nous tous les autres, nous qui nentrons pas dans les synthèses, hélléno-chrétiennes ou celles quon voudra, nous les composites. »
Nallez surtout pas dire aux membres de la mission dinformation sur la burqa que nous sommes composites. Ils en tomberaient de leur fauteuil, eux comme les invités soigneusement triés. Prenez le temps de lire les témoignages et les réactions des députés, ils reflètent, malheureusement, létat dune opinion désinformée. Le 9 septembre, la mission a auditionné Mme Sihem Habchi, présidente de lassociation Ni ***** ni soumises et Mme Élisabeth Badinter, philosophe.
Rappelons que lassociation Ni ***** ni soumises est largement financée par les pouvoirs publics et les pouvoirs locaux, toutes tendances confondues. Et elle reçoit des aides dautant plus importantes quelle ne dispose daucune base militante et quelle est absente de ces banlieues dont elle prétend vouloir défendre les jeunes filles. Sa présence dans les médias lui donne une légitimité que son audience sur le terrain ne lui permet guère.
Nous vivons les temps de lislamophobie. Chaque jour apporte sa pierre à lédification dune machine de guerre dautant plus efficace quelle ne relève daucun complot et quelle enrôle sous sa bannière des responsables de gauche et de droite, des intellectuels de gauche et de droite, des « savants » de gauche et de droite. Burqa, affaire Vincent Geisser que jai eu tort de ne pas évoquer avant sur ce blog , femmes afghanes, pratique du ramadan, etc, tout est bon, non pour critiquer lislam (« Peut-on critiquer lislam ? »), mais pour stigmatiser les musulmans et, surtout, créer une atmosphère de troisième guerre mondiale.
Cest en mars 2006 que Charlie-Hebdo publie « Le manifeste des douze : ensemble contre le nouveau totalitarisme », LExpress, 2 mars 2006, où lon retrouve les incontournables Bernard-Henri Lévy, Caroline Fourest, Philippe Val, Antoine Sfeir :
« Après avoir vaincu le fascisme, le nazisme et le stalinisme, le monde fait face à une nouvelle menace globale de type totalitaire : lislamisme. Nous, écrivains, journalistes, intellectuels, appelons à la résistance au totalitarisme religieux et à la promotion de la liberté, de légalité des chances et de la laïcité pour tous. » Nous restons dans cette atmosphère malsaine.
La publication par Le Seuil du livre « Aristote au Mont Saint-Michel. Les racines grecques de lEurope chrétienne, » de Sylvain Gouguenheim avait suscité, au début 2008, une puissante polémique. (« Un historien au service de lislamophobie » 7 mai 2008). Sous la direction de Max Lejbowicz, Lislam médiéval en terres chrétiennes (Presses universitaires Septentrion, Villeneuve dAscq, 2009), sous-titré « Science et idéologie », avait constitué une première riposte des « savants ». Le livre publié chez Fayard sous la direction de Philippe Büttgen, Alain de Libera, Marwan Rashed et Irène Rosier-Catach, Les Grecs, les Arabes et nous. Enquête sur lislamophobie savante, est une nouvelle charge contre les impostures.
Les coordinateurs écrivent dans leur préface :
« Aristote au Mont-Saint-Michel développe une vision du monde qui sinsère très précisément dans la philosophie de lhistoire sarkozyste à la rencontre de trois axes majeurs : (1) exaltation de la France toute chrétienne, celui du long manteau de lEglise jeté sur nos campagnes ; (2) revendication assumée de loeuvre positive de la colonisation puisque la science est, par essence, européenne ; (3) volonté de liquider définitivement Mai 68. Et lon se trouve confronté à ce paradoxe, typique de notre temps, où lauteur le plus en phase avec la doxa des idéologues officiels on songe à celui qui, aux premiers jours de la Restauration (26 juillet 2007), composa linoubliable discours de Dakar est décrit comme un parangon dindépendance et de courage par diverses crécelles médiatiques. (...)
Les Arabes sont des Arabes, dit lislamophobie savante, de peur queux aussi ne soient grecs, comme nous le soutiendrons. Cela ne se dit quà la troisième personne : eux les Arabes, ceux quon désigne de loin, des banlieues aux universités, sur tout le trajet de lislamophobie savante. Qui aujourdhui peut dire : Nous les Arabes sans sattirer les pires soupçons ? Raison de plus, aujourdhui, pour que nous le fassions. Les Grecs, les Arabes. Et nous ? Nous les Grecs, bien sûr. Nous les Arabes pas moins. Mais nous les Latins, aussi bien que nous les juifs, nous tous les absents de la nouvelle Restauration, nous tous les autres, nous qui nentrons pas dans les synthèses, hélléno-chrétiennes ou celles quon voudra, nous les composites. »
Nallez surtout pas dire aux membres de la mission dinformation sur la burqa que nous sommes composites. Ils en tomberaient de leur fauteuil, eux comme les invités soigneusement triés. Prenez le temps de lire les témoignages et les réactions des députés, ils reflètent, malheureusement, létat dune opinion désinformée. Le 9 septembre, la mission a auditionné Mme Sihem Habchi, présidente de lassociation Ni ***** ni soumises et Mme Élisabeth Badinter, philosophe.
Rappelons que lassociation Ni ***** ni soumises est largement financée par les pouvoirs publics et les pouvoirs locaux, toutes tendances confondues. Et elle reçoit des aides dautant plus importantes quelle ne dispose daucune base militante et quelle est absente de ces banlieues dont elle prétend vouloir défendre les jeunes filles. Sa présence dans les médias lui donne une légitimité que son audience sur le terrain ne lui permet guère.