Israël : Bombe à retardement démographique
11 septembre 2010
Tobias Buck Jeune Afrique
Forts d’un taux de natalité supérieur à la moyenne nationale, les juifs ultraorthodoxes et les Arabes-Israéliens représentent désormais près de 30 % de la population. Deux communautés peu intégrées à la vie économique, et dont le poids grandissant pourrait menacer l’existence même d’Israël [1].
Non loin du centre de Jérusalem et de son tumulte se trouve le quartier paisible de Mea Shearim, foyer de plusieurs milliers d’israélites ultraorthodoxes, dont les rues et les cours offrent une réplique saisissante de ce que furent les centres de vie juifs au XIXe siècle en Europe de l’Est. Défiant la canicule proche-orientale, les hommes continuent de porter les longs manteaux noirs et les chapeaux bordés de fourrure dont se revêtaient leurs ancêtres. De stricte observance, ils s’efforcent de fuir les lieux d’activités laïques, consacrant leur vie aux études religieuses et à la prière. Tous s’expriment encore en yiddish. Ici, la télévision, l’internet, les minijupes et la musique pop sont bannis au nom d’un code moral rigoureux qui rejette les valeurs et les gadgets de la vie moderne.
En arpentant les rues, la plupart des visiteurs découvrent un mode de vie dont les pères fondateurs du pays étaient certains qu’il disparaîtrait avec le temps. Pourtant, le quartier offre, de plusieurs manières, une fenêtre sur l’avenir. Loin de céder aux usages du mode de vie séculier, les ultraorthodoxes – ou haredim – constituent le segment de la population qui croît le plus vite. La communauté a non seulement préservé son mode de vie, mais elle est aussi en pleine expansion – sur les plans démographique et politique. Une évolution qui a plongé dans l’embarras de nombreux Israéliens et suscité les mises en garde répétées de plusieurs hommes politiques et économistes. Ces derniers pointent du doigt le virage démographique radical auquel est confronté l’État hébreu et qui aura de lourdes conséquences sur sa capacité à maintenir la croissance économique, à préserver l’équilibre des finances publiques, mais aussi à faire face aux menaces extérieures.
Le problème, en gros, est que les deux communautés qui croissent le plus rapidement – les haredim et la minorité arabe-israélienne – sont aussi les plus pauvres, les moins productives et les moins éduquées. Les uns comme les autres concentrent un nombre disproportionné de personnes inactives et dépendantes des allocations sociales  : 65 % des hommes chez les ultraorthodoxes et 76 % des femmes chez les Arabes-Israéliens ne travaillent pas.
(à suivre)
11 septembre 2010
Tobias Buck Jeune Afrique
Forts d’un taux de natalité supérieur à la moyenne nationale, les juifs ultraorthodoxes et les Arabes-Israéliens représentent désormais près de 30 % de la population. Deux communautés peu intégrées à la vie économique, et dont le poids grandissant pourrait menacer l’existence même d’Israël [1].
Non loin du centre de Jérusalem et de son tumulte se trouve le quartier paisible de Mea Shearim, foyer de plusieurs milliers d’israélites ultraorthodoxes, dont les rues et les cours offrent une réplique saisissante de ce que furent les centres de vie juifs au XIXe siècle en Europe de l’Est. Défiant la canicule proche-orientale, les hommes continuent de porter les longs manteaux noirs et les chapeaux bordés de fourrure dont se revêtaient leurs ancêtres. De stricte observance, ils s’efforcent de fuir les lieux d’activités laïques, consacrant leur vie aux études religieuses et à la prière. Tous s’expriment encore en yiddish. Ici, la télévision, l’internet, les minijupes et la musique pop sont bannis au nom d’un code moral rigoureux qui rejette les valeurs et les gadgets de la vie moderne.
En arpentant les rues, la plupart des visiteurs découvrent un mode de vie dont les pères fondateurs du pays étaient certains qu’il disparaîtrait avec le temps. Pourtant, le quartier offre, de plusieurs manières, une fenêtre sur l’avenir. Loin de céder aux usages du mode de vie séculier, les ultraorthodoxes – ou haredim – constituent le segment de la population qui croît le plus vite. La communauté a non seulement préservé son mode de vie, mais elle est aussi en pleine expansion – sur les plans démographique et politique. Une évolution qui a plongé dans l’embarras de nombreux Israéliens et suscité les mises en garde répétées de plusieurs hommes politiques et économistes. Ces derniers pointent du doigt le virage démographique radical auquel est confronté l’État hébreu et qui aura de lourdes conséquences sur sa capacité à maintenir la croissance économique, à préserver l’équilibre des finances publiques, mais aussi à faire face aux menaces extérieures.
Le problème, en gros, est que les deux communautés qui croissent le plus rapidement – les haredim et la minorité arabe-israélienne – sont aussi les plus pauvres, les moins productives et les moins éduquées. Les uns comme les autres concentrent un nombre disproportionné de personnes inactives et dépendantes des allocations sociales  : 65 % des hommes chez les ultraorthodoxes et 76 % des femmes chez les Arabes-Israéliens ne travaillent pas.
(à suivre)