Israël : campement sauvage, manifestations de masse... quand une réforme gouvernementale "met en péril" la démocratie

Drianke

اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
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Samedi 22 juillet, sur l'autoroute autour de Tel-Aviv, des dizaines de milliers de manifestants sont venus exprimer leur opposition au projet de réforme judiciaire proposé par le gouvernement. Après six mois de manifestations et une marche de Tel-Aviv à Jérusalem, les manifestants ont organisé un campement sauvage autour du parlement israélien, la Knesset. L'origine de ce mouvement porte sur la réforme proposée par le gouvernement et débattue par le parlement. Le cœur de cette réforme porte sur la limitation des possibilités pour la Cour Suprême Israëlienne d'invalider une décision du gouvernement.

Une réforme pour "rééquilibrer les pouvoirs"​

L'objectif de cette réforme serait de rééquilibrer les pouvoirs. En effet, selon le gouvernement de Benjamin Netanyahu, cette réforme diminuerait les prérogatives de la Cour Suprême, jugée trop politisée par l'exécutif, au profit du parlement. De son côté le président Israëlien a mené des tractations de dernières minutes, évoquant une "urgence nationale", pour parvenir à un compromis entre le gouvernement qui bénéficie du soutien de l'extrême droite, et l'opposition qui dénonce une atteinte à la démocratie.

Depuis l'annonce de ce projet de loi en janvier, le pays connaît, chaque semaine, des manifestations de grandes ampleurs. Chaque semaine des dizaines de milliers de manifestants se donne rendez-vous dans les rues israéliennes, le maximum est monté jusqu'à 440 000 manifestants. Selon I24 News, 150 entreprises parmi les plus importantes du pays, se sont mises en grève et ont appelé les responsables politiques à parvenir à un accord.

Ces dernières semaines, alors que l'armée est quasiment sacrée pour les Israëliens, plus de 1 100 réservistes de l'armée de l'air ont menacé le gouvernement de suspendre leur service volontaire si la Knesset adoptait le projet de réforme. Le ministre de la défense les a appelé à cesser leur rébellion car ils pourraient "mettre en danger la sécurité" d'Israël.

Le Parlement se prononce en faveur de la réforme​

Ce week-end était le dernier durant lequel la population pouvait s'exprimer avant le début des débats au parlement. Certains manifestants ont monté un campement devant la Knesset pour pouvoir être en position dès l'aube.

Aux termes de 24 heures de débats, l'une des premières composantes de la réforme, visant à annuler la possibilité pour la justice israélienne de se prononcer sur le "caractère raisonnable" des décisions, a été adoptée par 64 élus de la majorité. Les élus de l'opposition ont, eux, décidé de boycotter le vote. La décision "met en péril" la démocratie israélienne affirme le chef de l'opposition Yaïd Lapid.

 

Difkoum

Anti sioniste et khawa khawa.

Des cinéastes, dont une oscarisée, se retirent du Festival israélien du film de Jérusalem​


Un groupe de cinéastes, dont la lauréate d’un Oscar Jane Campion et le cinéaste basque Estibaliz Urresola Solaguren, ont demandé que leurs films soient déprogrammés du Festival du film de Jérusalem en Israël.

Selon la Campagne palestinienne pour le boycott académique et culturel d’Israël (PACBI), au moins quatre autres réalisateurs internationaux de la région basque en Espagne, au Royaume-Uni et aux États-Unis ont également boycotté le festival, partenaire du ministère israélien de la culture.

James Schamus, scénariste, producteur et réalisateur primé, a salué cette manifestation de solidarité. L’année dernière, Emma Watson s’est faite la porte-parole d’un nombre croissant de professionnels internationaux de la culture qui soutiennent les droits des Palestiniens en affirmant : « la solidarité est un verbe ».
 

Drianke

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Le coup d’État judiciaire de Netanyahou et l’impasse du sionisme​

Le gouvernement d’extrême droite du Premier ministre Benjamin Netanyahu a adopté lundi une loi qui lui confère un pouvoir sans entrave, face à une opposition populaire massive sans précédent dans l’histoire d’Israël.

La nouvelle loi met fin au pouvoir de la Cour suprême d’annuler les décisions des élus au motif qu’elles sont «déraisonnables», accordant à la Knesset le pouvoir d’annuler un arrêt de la Cour avec une majorité simple. D’un seul coup, cela supprime toute séparation des pouvoirs entre le législatif, l’exécutif et le judiciaire.

Désormais, le gouvernement peut politiser la sélection des juges, nommer des criminels condamnés aux plus hautes fonctions de l’État et permettre à Netanyahou, actuellement jugé pour des accusations de corruption qui pourraient le conduire derrière les barreaux pendant des années, d’échapper à toute condamnation.

En la Cour suprême, Netanyahou vise une institution qui s’est à plusieurs reprises associée à la répression brutale des Palestiniens, a protégé la violence des colons et a présidé à la loi de 2018 sur l’État-nation définissant Israël comme «le foyer national du peuple juif» et sa population arabe comme des citoyens de seconde zone.

Même cela ne suffit pas au gouvernement de Netanyahou, composé d’ultranationalistes et de sionistes religieux. Leur objectif est l’annexion totale de la Cisjordanie occupée, le nettoyage ethnique dans tout Israël et l’imposition d’un régime autoritaire sur une société caractérisée par de graves inégalités sociales, un fort militarisme et la réaction culturelle...........

 

Drianke

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Israël : « Nous affrontons un coup d’État des colons »

Standing Together (Debout ensemble), une organisation qui rassemble juifs et Palestiniens d’Israël pour la paix et l’égalité, est très active dans le mouvement de protestation pour mettre la colonisation au centre du problème. Son codirecteur, Alon-Lee Green, analyse les trente semaines de mobilisation.

Des manifestations contre la refonte judiciaire se déroulent en Israël depuis des mois, mais vous avez aussi organisé une manifestation dans une colonie. Pourquoi ?

Nous participons à la protestation générale contre la réforme judiciaire et le gouvernement actuel, qui est le plus extrême qu’Israël ait jamais connu. Nous avons également initié ce mouvement en étant les premiers à descendre dans la rue. Nous avons fait le lien entre tout ce que le gouvernement entend mettre en place, menaçant la minorité palestinienne arabe en Israël et les droits sociaux et économiques des Israéliens. Mais nous évoquions aussi les colonies.
C’est pourquoi nous sommes allés, vendredi 28 juillet, dans la colonie de Kedumim, où vit Bezalel Smotrich, le ministre des Finances. Pour dire que, en réalité, il ne s’agit pas seulement d’une révision judiciaire, mais d’un coup d’État des colons. Le gouvernement ne veut pas simplement changer les règles du jeu et posséder plus de pouvoir, il entend détourner la société israélienne entière vers des voies qui sont celles des colonies et de l’occupation. Il ne veut pas créer seulement en Cisjordanie une société où certains auront tous les droits tandis que ceux vivant dans le village à côté d’eux n’en auront aucun : ils veulent aussi ce genre de société en Israël.

Comment expliquez-vous que la revendication principale que nous percevons de l’extérieur soit la démocratie ?
Nous voyons effectivement des centaines de milliers de gens crier « démocratie ». Cela ne signifie pas pour autant qu’ils réclament la démocratie pour tous. Mais beaucoup commencent à donner plus de sens à cette revendication. Ils se réveillent et perçoivent le lien entre tous ces dossiers. Ils comprennent qu’il ne s’agit pas seulement d’être libéral face à un Likoud qui veut changer les règles selon lesquelles la démocratie ou le régime fonctionnent en Israël, et qui a un rôle de garde-fou pour les tribunaux ou dans les relations entre le gouvernement et le Parlement.
Beaucoup d’Israéliens se rendent compte que la politique gouvernementale est liée à d’autres « valeurs », celles du racisme, du fascisme, et que le but de certains groupes à l’intérieur de notre société est d’annexer la Cisjordanie pour forcer des millions de personnes à vivre sans droits du tout.
Pouvons-nous avoir la démocratie quand nous exerçons un contrôle militaire sur des millions de personnes non citoyennes d’Israël ? Que veut dire la démocratie quand les minorités, pourtant composées de citoyens d’Israël, sont discriminées ? Les Israéliens sont de plus en plus nombreux à mettre du contenu au terme « démocratie ».

De quelle manière les choses ont-elles changé au cours de ces trente semaines ?

Soyons honnêtes et lucides. La puissance énorme de la protestation contre le gouvernement est aussi le fait d’une élite de la société israélienne. L’organisation des manifestations repose de plus en plus sur ceux qui ont beaucoup d’argent, propriétaires des plus grandes entreprises de haute technologie ou de certaines industries, de l’ensemble du système financier d’Israël comme les banques, les compagnies d’assurances.
À leurs côtés, on trouve ceux qui possèdent l’industrie de l’armement en Israël, des officiers de haut rang de l’armée, les services de renseignements… Ils disent stop au gouvernement. C’est intéressant parce qu’ils disposent de beaucoup de pouvoir, mais c’est aussi problématique parce qu’ils font partie des personnes qui ne veulent pas voir les problèmes systémiques de notre démocratie. Ils soutiennent l’occupation et la discrimination. Ils constituent la principale force des manifestations aujourd’hui, alors que nous étions à l’origine de la mobilisation.
Cela signifie que l’élite descend dans la rue en ce moment et lutte contre des couches plus populaires de la société qui ont tendance à soutenir le populisme de droite en Israël. Ce qui pose un problème complexe : le libéralisme peut-il vaincre le populisme d’extrême droite ?......................

 

Drianke

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7 octobre, 11 septembre… même combat ?​

Contextes

Les manifestations sont inédites, et ce depuis plusieurs mois : elles ébranlent quotidiennement la société israélienne. Ils sont (étaient, jusqu’à la veille de ce 7 octobre fatidique) tous les jours, des dizaines de milliers dans la rue à protester, dans des manifs qualifiées de « géantes », avec appel à la grève générale, chiffres énormes pour ce petit pays de même pas 10 millions d’habitants, et qui ne s’étaient jamais vus depuis sa création en 1948.

Ainsi depuis le début de l’année 2023, et encore plus depuis son adoption fin juillet dernier par la Knesset et ses 64 députés de la coalition droite/extrême droite menée par le gouvernement Netanyahu, cette réforme enflamme l’opinion. Son vote est intervenu après une session houleuse au cours de laquelle les opposants à la réforme ont dénoncé la « honte », avant de sortir en trombe de la Knesset. Benjamin Netanyahou, âgé de 73 ans, a, lui, participé au vote après être sorti de l’hôpital où il avait été admis pour la pose d’un stimulateur cardiaque. Il faut dire qu’il est en difficulté depuis plusieurs années, entre ennuis de santé et accusations de corruption qui lui collent aux basques comme une punaise de lit aux valises d’un touriste à Paris.

Mais que stipulait cette réforme honnie ? Nous parlons d’une réforme de la Justice, qui si elle va jusqu’au bout empêchera désormais tout simplement la Cour suprême d’annuler les décisions du gouvernement au motif qu’elles sont « déraisonnables », pratique courante dans l’appareil politique Israélien. Cela équivaudrait à supprimer les pouvoirs du Conseil d’Etat en France, par exemple. Autre mesurette de cette réforme : laisser au gouvernement le pouvoir de nomination des juges, ou encore les nominations ministérielles, qui étaient auparavant du ressort de la Cour Suprême. Trois fois rien en tout cas : c’est sans doute pour ça que contre l’avis de son peuple, Netanyahou est passé en force en juillet dernier. Toute ressemblance avec un président Français passant en force une réforme honnie par la majorité de son peuple serait bien sûr totalement fortuite…

Cette adoption reflète en tout cas la détermination de Benjamin Netanyahou et de ses alliés d’extrême droite à faire avancer son plan, malgré des manifestations massives qui durent depuis des mois et l’opposition commune de chefs d’entreprise, de réservistes militaires et de responsables juridiques. De quel plan parle-t-on ? Un plan destiné à rassurer l’aile la plus extrémiste de son gouvernement, composée d’ultra-orthodoxes et de membres de l’extrême droite israélienne la plus radicale. Même l’allié indéfectible, les USA, a déploré l’adoption de cette réforme sans compromis. La Maison Blanche avait ainsi qualifié de « regrettable » le vote « avec une majorité aussi faible » pour ce projet, que critiquait ouvertement le président américain, Joe Biden, depuis plusieurs mois.

Il faut dire que la déstabilisation de la société Israélienne et par là même, de l’entité sioniste, n’arrange pas du tout les affaires du grand-oncle Américain, toujours à la manœuvre au Moyen-Orient, et soucieux de se ménager les -rares- alliés dans la région, histoire de maintenir sa déclinante sphère d’influence…...............



 
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