jeudi 19 mars 2009 - 06h:25
Michel Warschawski
Il y a un mois, des millions de personnes sont descendues dans les rues pour manifester leur colère contre les actions militaires israéliennes à Gaza, et de tous les continents un même cri sest élevé, exigeant larrêt de cette tuerie.
De la gauche à la droite, la réaction en Israël a été : « Cest une guerre existentielle, et quimporte ce quen disent les non juifs ! Après tout, tous sont antisémites de toute façon. » Et ce qui a encouragé cet hermétisme israélien fut le soutien - ou pour le moins le silence délibéré - des Etats-Unis, de lEurope et des Etats arabes, dabord et avant tout, de lEgypte.
Quand on met un pays en position au-dessus des lois et au-dessus de tout ce qui fait un comportement civilisé, quand on accepte de sa part un comportement barbare, il nest pas étonnant que ce pays outrepasse toutes les règles, et morde même ceux qui lui veulent du bien. Cest ce quont appris la semaine passée, et dune brutale façon, les Etats-Unis et lEgypte.
Le chef des Renseignements égyptiens, le général Omar Suleiman, avait uvré dur pour aller à la création dun gouvernement dunion palestinienne et, à ce titre, il était parvenu non seulement à faire cesser les tirs de roquettes sur le sud dIsraël, mais aussi à sauver le gouvernement Fatah en Cisjordanie. De plus, Suleiman avait sacrifié de longues nuits pour arriver à un accord sur un échange de prisonniers qui aboutisse à la libération du soldat israélien Gilad Shalit. Et pourtant, les responsables du gouvernement israélien, dOlmert à Livni, ne se sont préoccupés que de la formation dun gouvernement israélien et ont ignoré le travail de Suleiman, le sort de Gilad Shalit, et même celui de Mahmoud Abbas.
Et même à leur allié le plus important dans la région, la Turquie, les dirigeants israéliens ont réussi à causer des problèmes ! Cest comme sils voulaient dire, « Quavons-nous à faire de nos ennemis, quavons-nous à faire de nos amis, nous ferons comme nous le souhaitons et si vous nous cherchez, rappelez-vous Gaza et ce que nous sommes capables de faire quand nous décidons doutrepasser toutes les règles ! ». Il ne faut se tromper : il sagit là dune politique insensée qui va attirer la catastrophe sur Israël, et dans un avenir pas si lointain. Quand un pays part sur lhypothèse que le monde est de toute façon contre lui et quil ne peut compter que sur sa force militaire, quand il ny a aucune opposition israélienne pour crier « Arrêtez immédiatement, vous nous mettez en guerre contre le monde entier, vous nous isolez dans lopinion publique internationale comme dans la communauté des nations, et vous fermez la porte à toute possibilité dexistence pacifique dans la région. », alors le compte à rebours a commencé.
Une véritable folie, la folie du pouvoir sest emparée de la société israélienne tout entière, et non seulement du duo Lieberman/Netanyahu sur lequel il est trop facile de projeter nos craintes. Si les gens lignorent, nous devons leur suggérer de lire sur le sort des Empires qui se sont crus capables de gouverner le monde entier, dinstaurer un règne de mille ans, dimplanter des colonies sur trois continents. Qui se souvient de lEmpire français en Afrique, à part les descendants de ses victimes ? Qui se souvient de lEmpire britannique dans lAsie du sud ? De lIndochine française ?
Se moquer de la Turquie, dénigrer le chef des Renseignements égyptiens, mettre en colère lémissaire américain pour une cargaison de pâtes alimentaires (oui, même ça) pour Gaza, sont les signes dune perte structurelle des sens à laquelle les trois grands partis dIsraël collaborent (si le Parti travailliste peut encore être appelé grand parti), outre lélite israélienne tout entière et une grande majorité des électeurs.
Le consensus national général israélien qui règne en dépit dune position mondiale presque unanime est un problème terrifiant, et le millier de dirigeants qui ont exprimé leur émotion et leur horreur devant les crimes israéliens dans Gaza ne cesse de parler dun « autre Israël », comme il existait lors de la guerre du Liban en 1982 et la première Intifada [1987].
Mais sil y a effectivement dautres Israéliens, il ny a malheureusement pas dautre Israël au-delà de cet Etat de criminels de guerre, et de la société qui leur a apporté son soutien.
Michel Warschawski
Il y a un mois, des millions de personnes sont descendues dans les rues pour manifester leur colère contre les actions militaires israéliennes à Gaza, et de tous les continents un même cri sest élevé, exigeant larrêt de cette tuerie.
De la gauche à la droite, la réaction en Israël a été : « Cest une guerre existentielle, et quimporte ce quen disent les non juifs ! Après tout, tous sont antisémites de toute façon. » Et ce qui a encouragé cet hermétisme israélien fut le soutien - ou pour le moins le silence délibéré - des Etats-Unis, de lEurope et des Etats arabes, dabord et avant tout, de lEgypte.
Quand on met un pays en position au-dessus des lois et au-dessus de tout ce qui fait un comportement civilisé, quand on accepte de sa part un comportement barbare, il nest pas étonnant que ce pays outrepasse toutes les règles, et morde même ceux qui lui veulent du bien. Cest ce quont appris la semaine passée, et dune brutale façon, les Etats-Unis et lEgypte.
Le chef des Renseignements égyptiens, le général Omar Suleiman, avait uvré dur pour aller à la création dun gouvernement dunion palestinienne et, à ce titre, il était parvenu non seulement à faire cesser les tirs de roquettes sur le sud dIsraël, mais aussi à sauver le gouvernement Fatah en Cisjordanie. De plus, Suleiman avait sacrifié de longues nuits pour arriver à un accord sur un échange de prisonniers qui aboutisse à la libération du soldat israélien Gilad Shalit. Et pourtant, les responsables du gouvernement israélien, dOlmert à Livni, ne se sont préoccupés que de la formation dun gouvernement israélien et ont ignoré le travail de Suleiman, le sort de Gilad Shalit, et même celui de Mahmoud Abbas.
Et même à leur allié le plus important dans la région, la Turquie, les dirigeants israéliens ont réussi à causer des problèmes ! Cest comme sils voulaient dire, « Quavons-nous à faire de nos ennemis, quavons-nous à faire de nos amis, nous ferons comme nous le souhaitons et si vous nous cherchez, rappelez-vous Gaza et ce que nous sommes capables de faire quand nous décidons doutrepasser toutes les règles ! ». Il ne faut se tromper : il sagit là dune politique insensée qui va attirer la catastrophe sur Israël, et dans un avenir pas si lointain. Quand un pays part sur lhypothèse que le monde est de toute façon contre lui et quil ne peut compter que sur sa force militaire, quand il ny a aucune opposition israélienne pour crier « Arrêtez immédiatement, vous nous mettez en guerre contre le monde entier, vous nous isolez dans lopinion publique internationale comme dans la communauté des nations, et vous fermez la porte à toute possibilité dexistence pacifique dans la région. », alors le compte à rebours a commencé.
Une véritable folie, la folie du pouvoir sest emparée de la société israélienne tout entière, et non seulement du duo Lieberman/Netanyahu sur lequel il est trop facile de projeter nos craintes. Si les gens lignorent, nous devons leur suggérer de lire sur le sort des Empires qui se sont crus capables de gouverner le monde entier, dinstaurer un règne de mille ans, dimplanter des colonies sur trois continents. Qui se souvient de lEmpire français en Afrique, à part les descendants de ses victimes ? Qui se souvient de lEmpire britannique dans lAsie du sud ? De lIndochine française ?
Se moquer de la Turquie, dénigrer le chef des Renseignements égyptiens, mettre en colère lémissaire américain pour une cargaison de pâtes alimentaires (oui, même ça) pour Gaza, sont les signes dune perte structurelle des sens à laquelle les trois grands partis dIsraël collaborent (si le Parti travailliste peut encore être appelé grand parti), outre lélite israélienne tout entière et une grande majorité des électeurs.
Le consensus national général israélien qui règne en dépit dune position mondiale presque unanime est un problème terrifiant, et le millier de dirigeants qui ont exprimé leur émotion et leur horreur devant les crimes israéliens dans Gaza ne cesse de parler dun « autre Israël », comme il existait lors de la guerre du Liban en 1982 et la première Intifada [1987].
Mais sil y a effectivement dautres Israéliens, il ny a malheureusement pas dautre Israël au-delà de cet Etat de criminels de guerre, et de la société qui leur a apporté son soutien.