Hier j'ai lu cet article dans le journal libération, je vous fait partager la version internet...
Israël Les brigades de la pudeur
Dans les quartiers ultraorthodoxes de Jérusalem, des groupes de religieux imposent leur ordre moral de manière violente.
DELPHINE MATTHIEUSSENT
Michal, 28 ans, parle dun trait. A peine si elle reprend son souffle pour raconter. Les coups à la porte un soir de juin. Elle ouvre. Elle attendait une cliente. Allure décontractée dans son jean et son tee-shirt à manches courtes, Michal fabrique des perruques pour les Juives ultraorthodoxes de Maalot Dafna, un quartier de Jérusalem, peuplé majoritairement de haredim, «ceux qui craignent Dieu». «Au lieu de ma cliente, je vois un ultraorthodoxe. Lespace dun instant, je me demande sil vient quêter ou sil accompagne sa femme.» Michal connaît bien les ultraorthodoxes : jusquà son divorce, il y a trois ans, elle faisait partie de ce monde strictement régi par les lois de la Torah. Ensuite, tout en continuant à se définir comme religieuse et à respecter le shabbat, elle a adopté un mode de vie moins strict, a cessé de se couvrir la tête, sest mise à porter des pantalons. «Lhomme me jette par terre. Dautres arrivent. Ils me tapent la tête contre le sol, me rouent de coups de bâton.» Un des assaillants sassoie sur sa tête pour lempêcher de voir ce qui se passe. La jeune femme est bâillonnée, contrainte à garder les yeux fermés sous peine dêtre aspergée de gaz lacrymogène, questionnée sur ses relations supposées avec des hommes mariés. Les assaillants prennent ses deux téléphones portables pour vérifier les numéros dans son répertoire. Avant de partir, ils la menacent de mort si elle ne quitte pas le quartier. «Javais entendu parler des "brigades de la pudeur". Des rumeurs. Jamais je naurais imaginé quelles sen prendraient à moi. Je navais pas de raison den avoir peur. Je nai rien fait, que je sache, qui puisse les déranger.»
Les lecteurs MP4 «impurs»
La menace de ces brigades plane sans cesse sur les quartiers ultraorthodoxes de Jérusalem. Le mythe et la rumeur se mêlant souvent à la réalité, il est difficile détablir avec précision qui sont leurs membres et comment elles fonctionnent. «Ça fait partie du folklore du quartier», explique, résigné, le patron dun commerce de plats à emporter, dans une des rues principales de Mea Shearim, le quartier religieux le plus ancien et le plus fermé de Jérusalem. «Personne ne sait qui ils sont. On les voit juste agir. Il y a quelques jours, des jeunes qui draguaient des filles dans la rue se sont pris du gaz lacrymogène dans la figure.»
suite et fin : http://www.liberation.fr/monde/0101305542-israel-les-brigades-de-la-pudeur
Israël Les brigades de la pudeur
Dans les quartiers ultraorthodoxes de Jérusalem, des groupes de religieux imposent leur ordre moral de manière violente.
DELPHINE MATTHIEUSSENT
Michal, 28 ans, parle dun trait. A peine si elle reprend son souffle pour raconter. Les coups à la porte un soir de juin. Elle ouvre. Elle attendait une cliente. Allure décontractée dans son jean et son tee-shirt à manches courtes, Michal fabrique des perruques pour les Juives ultraorthodoxes de Maalot Dafna, un quartier de Jérusalem, peuplé majoritairement de haredim, «ceux qui craignent Dieu». «Au lieu de ma cliente, je vois un ultraorthodoxe. Lespace dun instant, je me demande sil vient quêter ou sil accompagne sa femme.» Michal connaît bien les ultraorthodoxes : jusquà son divorce, il y a trois ans, elle faisait partie de ce monde strictement régi par les lois de la Torah. Ensuite, tout en continuant à se définir comme religieuse et à respecter le shabbat, elle a adopté un mode de vie moins strict, a cessé de se couvrir la tête, sest mise à porter des pantalons. «Lhomme me jette par terre. Dautres arrivent. Ils me tapent la tête contre le sol, me rouent de coups de bâton.» Un des assaillants sassoie sur sa tête pour lempêcher de voir ce qui se passe. La jeune femme est bâillonnée, contrainte à garder les yeux fermés sous peine dêtre aspergée de gaz lacrymogène, questionnée sur ses relations supposées avec des hommes mariés. Les assaillants prennent ses deux téléphones portables pour vérifier les numéros dans son répertoire. Avant de partir, ils la menacent de mort si elle ne quitte pas le quartier. «Javais entendu parler des "brigades de la pudeur". Des rumeurs. Jamais je naurais imaginé quelles sen prendraient à moi. Je navais pas de raison den avoir peur. Je nai rien fait, que je sache, qui puisse les déranger.»
Les lecteurs MP4 «impurs»
La menace de ces brigades plane sans cesse sur les quartiers ultraorthodoxes de Jérusalem. Le mythe et la rumeur se mêlant souvent à la réalité, il est difficile détablir avec précision qui sont leurs membres et comment elles fonctionnent. «Ça fait partie du folklore du quartier», explique, résigné, le patron dun commerce de plats à emporter, dans une des rues principales de Mea Shearim, le quartier religieux le plus ancien et le plus fermé de Jérusalem. «Personne ne sait qui ils sont. On les voit juste agir. Il y a quelques jours, des jeunes qui draguaient des filles dans la rue se sont pris du gaz lacrymogène dans la figure.»
suite et fin : http://www.liberation.fr/monde/0101305542-israel-les-brigades-de-la-pudeur