Israéliens et Palestiniens s’accusent de génocide
En Israël, le sanglant assaut du Hamas eu 7 octobre a ravivé des peurs qu’on croyait appartenir au passé, au génocide perpétré par les nazis. Quant aux bombes israéliennes sur la bande de Gaza, elles laissent peu de doute, dans l’esprit des Palestiniens, sur les intentions génocidaires des...
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En Israël, le sanglant assaut du Hamas eu 7 octobre a ravivé des peurs qu’on croyait appartenir au passé, au génocide perpétré par les nazis. Quant aux bombes israéliennes sur la bande de Gaza, elles laissent peu de doute, dans l’esprit des Palestiniens, sur les intentions génocidaires des Israéliens.
Le mot génocide revient sans cesse dans les conversations depuis le massacre terroriste perpétré par le Hamas en Israël le 7 octobre et les sanglants bombardements israéliens qui l’ont suivi. Génocide. Un mot, un concept, qui charrie la plus lourde charge possible d’abominations. Or, dans les deux camps, israélien et palestinien, la même perception prévaut : nous sommes victimes d’un génocide. Ou d’une tentative de génocide.
« Le Hamas est le nouveau nazi »
Des déclarations des plus hauts responsables peuvent nourrir ces perceptions. Ainsi le président américain Joe Biden a-t-il déclaré que le Hamas s’était livré à « une barbarie aussi grave que l’Holocauste ». Une analogie également utilisée par le Premier ministre israélien Binyamin Netanyahou qui, devant le chancelier allemand Olaf Scholz, a estimé que « le Hamas est le nouveau nazi… Et tout comme le monde s’est uni pour vaincre les nazis… le monde doit se tenir uni derrière Israël pour vaincre le Hamas. »Plusieurs responsables palestiniens ont, de même, franchi le Rubicon et prononcé le mot génocide. Ainsi en est-il du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, alors qu’il recevait Antony Blinken, responsable de la diplomatie américaine, le 5 novembre à Ramallah en Cisjordanie occupée : « Je n’ai pas de mot pour décrire la guerre de génocide et les destructions que subit notre peuple palestinien à Gaza de la part de l’appareil militaire d’Israël, sans aucun respect des principes du droit international. »
Sympathisant de la cause palestinienne, le président brésilien Lula, l’avait précédé en ce sens le 25 octobre : « Ce n’est pas une guerre, c’est un génocide qui a tué près de 2.000 enfants qui n’ont rien à voir avec cette guerre, ils sont victimes de cette guerre. Et franchement, je ne sais pas comment un être humain est capable de faire la guerre sachant que le résultat de cette guerre est la mort d’enfants innocents », avait-il déclaré.
La peur de l’anéantissement
Au sein de la population israélienne, où les allusions au nazisme sont monnaie courante depuis longtemps, l’accusation de génocide envers le Hamas est bien partagée avec, cette fois, une émotion immense. L’Américaine Natasha Roth-Rowland, écrivaine et chercheuse qui a vécu en Israël et en Palestine, cite ainsi dans un article sur le site 972mag.com l’éditeur Adam Shatz qui souligne qu’« il y a plus qu’un simple cynisme en jeu dans les comparaisons de l’Holocauste proliférant autour de nous, notamment par les Israéliens et les Juifs de la diaspora eux-mêmes ; comme il le souligne à juste titre, les attaques du Hamas ont mis en lumière “la partie la plus crue de la psyché [des Juifs] : la peur de l’anéantissement” ».Yaniv Iczkovits, un écrivain israélien qui avait refusé de servir sous les drapeaux dans les territoires occupés en 2002, ne dit pas autre chose dans la tribune libre qu’il a signée dans Le Monde le 31 octobre : « La journée du 7 octobre a changé Israël. Elle l’a changé en profondeur, en lui infligeant une douleur que nous pensions ne plus jamais connaître. Une douleur dont nos grands-parents, et leurs grands-parents, parlaient. Ils nous ont raconté les maraudeurs venant brûler et piller, les soldats rassemblant les gens pour les fusiller dans une fosse, la barbarie inhumaine et l’absence totale de pitié. Cette douleur est profondément gravée dans notre mémoire à tous. (…). Mais personne ne pensait que nous allions la revivre dans notre chair. Personne ne croyait qu’un jour notre post-traumatisme redeviendrait traumatisme. »