Jacques Chirac revoit sa cote de popularité à la hausse.

L'abracadabrantesque popularité de Jacques Chirac



Jacques Chirac rafle-t-il la première place au baromètre Ifop de la popularité (958 personnes interrogées par téléphone les 9 et 10 avril) parce qu'il a quasiment disparu de la scène publique ? Ou parce qu'il suscite la nostalgie quand on le compare à son successeur ?

Lorsque ses collaborateurs l'ont informé qu'il affichait désormais 74 % de bonnes opinions quand Nicolas Sarkozy n'en obtient plus que 41 % (- 6 points par rapport au mois précédent), l'ancien président était en vacances. Il se repose depuis samedi au Maroc, à La Gazelle d'or, ce beau palace entouré d'une orangeraie en culture biologique, tout près de Taroudant.


C'est peu de dire qu'il a été enchanté de cette popularité éclatante. Il n'en a cependant pas été surpris. C'est l'apanage des vieux présidents que de susciter la sympathie, y compris chez les électeurs qui n'ont pas regretté de les voir partir. "Il est un peu une figure de grand-père pour tout le monde, a résumé mercredi la ministre de la culture Christine Albanel qui fut la collaboratrice de M. Chirac. Les Français l'aimaient bien de toute façon, mais en plus, il est dans une position de retrait."



IMMOBILISME
L'ancien chef de l'Etat se refuse toujours à intervenir dans le débat public. Hormis la rédaction de ses mémoires - avec l'aide d'un jeune historien - dont seul le premier tome est bien avancé, et la participation à un documentaire de 52 minutes réalisé par le journaliste Christian Malar qui devrait être diffusé sur France 5, M. Chirac a décliné les demandes d'interview. Après un hiver difficile où il a paru fatigué, il a repris avec parcimonie quelques sorties. Il avait effectué un court voyage au Japon, en novembre. Une visite en Chine est prévue fin avril et un séjour en Afrique de l'ouest avant l'été.



Pour le reste, M. Chirac se plaît à recueillir les marques de sympathie. Il ne lui a pas échappé que ce qui exaspérait autrefois - son immobilisme, sa crainte d'engager les réformes - est désormais à son crédit, maintenant qu'on le compare à l'hyperactivité agressive de Nicolas Sarkozy. Il en goûte discrètement les manifestations lorsqu'il sort, le samedi en fin d'après-midi, avec Jean-Louis Debré pour deux heures de balade à pied dans Paris. "Chaque fois, c'est l'émeute, assure le président du Conseil constitutionnel. Il y a un mois, nous avons mis vingt-cinq minutes pour traverser le pont des Arts, parce que des colonies de Chinois le saluaient. Puis, devant un magasin de robes de mariées près du boulevard Saint-Michel, il a dû poser avec une future épousée. L'autre jour, en allant visiter le clos des Bernardins, nous avons dû faire une halte près de la rue de la Huchette pour boire une bière avec les clients d'un bistrot qui l'avaient reconnu."

Que disent ces passants à l'ancien président ? "Ils lui demandent des nouvelles de sa vie, de Bernadette et surtout, glisse M. Debré qui n'apprécie pas beaucoup Nicolas Sarkozy, soulignent presque toujours "on vous regrette", en soupirant "c'est bien différent aujourd'hui..."." Presque les mots employés par la chef de l'opposition socialiste, Martine Aubry, le 25 mars dernier.


Extrait de "Le Monde" édition du 16.04.09
 
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