bendirman
Bladinaute averti
« J’ai demandé à Dieu qu’on ne soit pas expulsés » : en Algérie, les Marocains s’inquiètent pour l’avenir
Hier, 10h01
Source: Middle East Eye
Par Leïla Hammoudi – ALGER, Algérie Date de publication : Jeudi 26 août 2021 -
Ils se sont installés en Algérie pour travailler ou faire des études et aimeraient y rester. Mais l’annonce de la rupture des relations diplomatiques entre Alger et Rabat fait resurgir de mauvais souvenirs.
« On a tous pensé à la crise de 1975, bien sûr, en espérant ne pas revivre la même chose… »
L'annonce par l'Algérie, mardi 24 août, de la rupture de ses relations diplomatiques avec le Maroc au nom d'"actes hostiles incessants" a fait remonter chez Mohsen, 34 ans, Marocain installé en Algérie depuis 2008, un traumatisme collectif . Le 18 décembre 1975, le président algérien Houari Boumédiène a décidé d'expulser d'Algérie tous les ressortissants marocains. Après la rupture des relations diplomatiques par Rabat en 1976, due aux différends entre les deux pays sur la question du Sahara occidental, plus 350 000 Marocains ont été renvoyés d'Algérie. Il faudra attendre 1983 pour que la libre circulation soit rétablie pour les résidents des deux pays et qu'un accord sur la libre circulation progressive des personnes et des biens, ainsi que l'ouverture des lignes aériennes et ferroviaires, soit.
« Je pense à mes amis mariés, qui doivent nourrir leurs enfants, et aux couples algéro-marocains. Ça va être un calvaire pour eux. J'espère qu'ils ne seront pas chassés, que ça ne se reproduira pas », confie à Middle East Eye cet artisan de Fès, qui a choisi de s'établir en Algérie en 2018 après avoir découvert la côte, a les opportunités de travail dans le domaine de la construction. Depuis la crise du COVID-19, « les marchés se sont certes rétrécis mais je peux bien vivre de mon métier. J'ai tout ce qu'il faut à part des papiers qui permettront de régulariser ma situation». Selon le Centre de recherche algérien en économie appliquée pour le développement (CREAD), environ 45 000 Marocains vivant en Algérie au début des années 2010. Ils ne tiendraient de toute manière pas compte des Marocains venus illégalement en Algérie, comme Mohsen, pour travailler. « Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit » Hamza, 32 ans, travaille aussi dans le secteur de la construction, à Skikda (nord-est). Il ne se souvient plus du jour où il est arrivé en Algérie. « Je devais avoir 18 ou 20 ans. Au village d'où je suis originaire, il ne reste que des personnes âgées. Tous les jeunes parents. Je suis un enfant de l'Algérie. J'ai tout fait et tout appris en Algérie », témoigne-t-il à MEE. Si la politique ne l'intéresse pas, il exprime son profond regret après la décision d'Alger de rompre ses relations avec Rabat. « J'espérais plutôt voir un jour l'ouverture des frontières et l'Union du grand Maghreb se régir. Je ne sais pas ce qui adviendra demain. Je m'abandonne à la volonté de Dieu. »
......./.......