Un extrait d'un texte d'Agnés Maillard que j'apprécie particuliérement, et qui résonne en moi bien plus comme une évidence en ce mois de privation diurne, quand les besoins élémentaires ne sont pas comblés, et quand la spiritualité nous rappelle combien le bonheur véritable réside dans l'infiniement peu .
Extrait de Le monolecte d'Agnès Maillard
Plus tu regardes la télé, plus ta vie te semble merdique et plus tu dépenses les thunes que tu n'as pas à l'hyper du coin pour compenser?
Ben c'est normal, c'est fait pour cela.
Parce que cela fait depuis toujours que l'on te répète que tu as le droit au bonheur, que c'est normal, que c'est pratiquement le sens de la vie. Et comme le bonheur que l'on te montre est un rêve petit bourgeois d'acumulation matérielle, ben, tu acceptes des tas de choses rien que pour gagner de quoi te payer quelques miettes de ce bonheur universel.
Sauf, bien sûr, que tout cela n'est qu'une vaste arnaque, un jeu d'ombre où c'est toi le pigeon.
Parce que plus tu achètes pour te sentir moins vide, et plus tu dilues ta substance. Il y a toujours l'éphémère jouissance de l'acquisition, le coït commercial où tu t'appropries un objet et surtout les qualités magiques dont la pub l'a paré. Et puis, rien. L'insatisfaction. Parce qu'il y a mieux, ailleurs. Parce que tu as beau courir, il te manquera toujours quelque chose pour atteindre la vie de tes rêves (enfin des rêves que d'autres ont pensé pour toi). Parce qu'elle n'est pas réelle.
Parce que dans la vraie vie, le tartre s'accroche quand même aux chiottes, d'autant plus que tu y vas régulièrement. Que quand tu manges des trucs indus, tu n'es ni beau, ni en pleine santé et que tu as des tripes qui font la gueule. Que ta bagnole, c'est un gouffre financier, que ta maison, c'est du préfa pourri que tu vas payer pendant 25 ans en te chiant dessus à l'idée de te faire lourder de ton boulot de ***** et que ta télé 16/9 continue à te narguer avec son bonheur factice.
Le pré est vide
Le bonheur n'est pas en solde. Ce n'est pas une affaire de boutiquiers. Ni même un rêve collectif. Il ne sert à rien de lui courir derrière. Le bonheur n'est pas dans le pré, ni ailleurs. Ce n'est pas le premier prix d'une course effrénée. Ni le salaire de la peur et de la renonciation. C'est ce que je disais en préambule : parler de recherche du bonheur est une arnaque en soi.
Extrait de Le monolecte d'Agnès Maillard
Plus tu regardes la télé, plus ta vie te semble merdique et plus tu dépenses les thunes que tu n'as pas à l'hyper du coin pour compenser?
Ben c'est normal, c'est fait pour cela.
Parce que cela fait depuis toujours que l'on te répète que tu as le droit au bonheur, que c'est normal, que c'est pratiquement le sens de la vie. Et comme le bonheur que l'on te montre est un rêve petit bourgeois d'acumulation matérielle, ben, tu acceptes des tas de choses rien que pour gagner de quoi te payer quelques miettes de ce bonheur universel.
Sauf, bien sûr, que tout cela n'est qu'une vaste arnaque, un jeu d'ombre où c'est toi le pigeon.
Parce que plus tu achètes pour te sentir moins vide, et plus tu dilues ta substance. Il y a toujours l'éphémère jouissance de l'acquisition, le coït commercial où tu t'appropries un objet et surtout les qualités magiques dont la pub l'a paré. Et puis, rien. L'insatisfaction. Parce qu'il y a mieux, ailleurs. Parce que tu as beau courir, il te manquera toujours quelque chose pour atteindre la vie de tes rêves (enfin des rêves que d'autres ont pensé pour toi). Parce qu'elle n'est pas réelle.
Parce que dans la vraie vie, le tartre s'accroche quand même aux chiottes, d'autant plus que tu y vas régulièrement. Que quand tu manges des trucs indus, tu n'es ni beau, ni en pleine santé et que tu as des tripes qui font la gueule. Que ta bagnole, c'est un gouffre financier, que ta maison, c'est du préfa pourri que tu vas payer pendant 25 ans en te chiant dessus à l'idée de te faire lourder de ton boulot de ***** et que ta télé 16/9 continue à te narguer avec son bonheur factice.
Le pré est vide
Le bonheur n'est pas en solde. Ce n'est pas une affaire de boutiquiers. Ni même un rêve collectif. Il ne sert à rien de lui courir derrière. Le bonheur n'est pas dans le pré, ni ailleurs. Ce n'est pas le premier prix d'une course effrénée. Ni le salaire de la peur et de la renonciation. C'est ce que je disais en préambule : parler de recherche du bonheur est une arnaque en soi.