Article de Laurent Joffrin dans Le Nouvel Observateur (18/9/2011):
PRIERES DE RUE: LA SAGESSE DE L'ISLAM DE FRANCE
En acceptant de se réunir dans une caserne du XVIIIe arrondissement de Paris sans faire de vagues, les musulmans ont montré leur volonté d'apaisement. Ils sont pourtant frappés d'injustice.
Ainsi les musulmans du XVIIIe arrondissement ne prieront plus dans la rue. Le gouvernement a bien fait de négocier souplement mais fermement la fin de ces rassemblements, en échange de louverture aux fidèles dun bâtiment suffisamment grand pour les accueillir. En vertu de sa conception ouverte de la laïcité, la République a sagement négocié en faisant fond sur la modération des représentants du culte musulman. Larrangement conclu dans le nord de Paris montre la voie dautres compromis, par exemple à Marseille ou à Nice. Ils mettront fin à une situation à la fois indigne pour les croyants et qui faisait le lit de la propagande xénophobe.
Cette conclusion raisonnable permet de tirer trois leçons simples :
- Contrairement à ce que laissaient entendre les plus énervés des procureurs, Caroline Fourest à gauche par exemple, mais surtout, de lautre côté du spectre, des groupes extrêmes comme "Riposte Laïque", cest bien faute de place que la masse des musulmans de ce quartier sétaient résignée à prier dans la rue une heure par semaine. Une fois le local du boulevard Ney rendu disponible, la petite minorité salafiste qui voulait protester contre cette solution de bon sens na pas pesé bien lourd. Lhabileté et le sens politique de Dalil Boubaker, le recteur de la mosquée de Paris, ont fait le reste. Les musulmans du XVIIIème ont accepté de se réunir dans une caserne sinistre au décor improvisé à la hâte, ce qui démontre leur volonté dapaisement, alors même quils exerçaient, en tout état de cause, leur liberté de culte de la manière la plus pacifique qui soit.
- La polémique sur ces prières de rue est ainsi rendue à sa juste proportion. La République, on doit bien le constater aujourdhui, nétait pas menacée par ces rituels en plein air, qui ne sont guère différents, si lon y réfléchit avec un peu de sérénité, des processions catholiques qui ont lieu régulièrement dans plusieurs villes de France. Aucune "occupation" dans ces prières sur la voie publique. La religion, en France, a pignon sur rue, elle nest pas obligée de pratiquer la clandestinité, dès lors que les règles de circulation et de bon usage de lespace commun sont respectées. Les prières de rue ne gênaient pas grand monde. Mais il vaut mieux que ces offices se déroulent dans des lieux adéquats : voilà toute laffaire, quon avait exagérément gonflée à des fins de propagande dapparence laïciste mais, en fait, islamophobe. (...)
Laurent Joffrin - Le Nouvel Observateur
http://tempsreel.nouvelobs.com/actu...s-de-rue-la-sagesse-de-l-islam-de-france.html
PRIERES DE RUE: LA SAGESSE DE L'ISLAM DE FRANCE
En acceptant de se réunir dans une caserne du XVIIIe arrondissement de Paris sans faire de vagues, les musulmans ont montré leur volonté d'apaisement. Ils sont pourtant frappés d'injustice.
Ainsi les musulmans du XVIIIe arrondissement ne prieront plus dans la rue. Le gouvernement a bien fait de négocier souplement mais fermement la fin de ces rassemblements, en échange de louverture aux fidèles dun bâtiment suffisamment grand pour les accueillir. En vertu de sa conception ouverte de la laïcité, la République a sagement négocié en faisant fond sur la modération des représentants du culte musulman. Larrangement conclu dans le nord de Paris montre la voie dautres compromis, par exemple à Marseille ou à Nice. Ils mettront fin à une situation à la fois indigne pour les croyants et qui faisait le lit de la propagande xénophobe.
Cette conclusion raisonnable permet de tirer trois leçons simples :
- Contrairement à ce que laissaient entendre les plus énervés des procureurs, Caroline Fourest à gauche par exemple, mais surtout, de lautre côté du spectre, des groupes extrêmes comme "Riposte Laïque", cest bien faute de place que la masse des musulmans de ce quartier sétaient résignée à prier dans la rue une heure par semaine. Une fois le local du boulevard Ney rendu disponible, la petite minorité salafiste qui voulait protester contre cette solution de bon sens na pas pesé bien lourd. Lhabileté et le sens politique de Dalil Boubaker, le recteur de la mosquée de Paris, ont fait le reste. Les musulmans du XVIIIème ont accepté de se réunir dans une caserne sinistre au décor improvisé à la hâte, ce qui démontre leur volonté dapaisement, alors même quils exerçaient, en tout état de cause, leur liberté de culte de la manière la plus pacifique qui soit.
- La polémique sur ces prières de rue est ainsi rendue à sa juste proportion. La République, on doit bien le constater aujourdhui, nétait pas menacée par ces rituels en plein air, qui ne sont guère différents, si lon y réfléchit avec un peu de sérénité, des processions catholiques qui ont lieu régulièrement dans plusieurs villes de France. Aucune "occupation" dans ces prières sur la voie publique. La religion, en France, a pignon sur rue, elle nest pas obligée de pratiquer la clandestinité, dès lors que les règles de circulation et de bon usage de lespace commun sont respectées. Les prières de rue ne gênaient pas grand monde. Mais il vaut mieux que ces offices se déroulent dans des lieux adéquats : voilà toute laffaire, quon avait exagérément gonflée à des fins de propagande dapparence laïciste mais, en fait, islamophobe. (...)
Laurent Joffrin - Le Nouvel Observateur
http://tempsreel.nouvelobs.com/actu...s-de-rue-la-sagesse-de-l-islam-de-france.html