Emmanuel Marolle | 04.06.2009, 07h00
La victoire a un goût amer. Il y a cinq semaines, Kery James entrait directement numéro un des ventes avec son nouvel album, « Réel ». Devant Calogero, Olivia Ruiz et Depeche Mode. Un événement pour le rap français. « Cela aurait dû être leuphorie, mais cétait une période tourmentée. Je nai pas pu en profiter pleinement », reconnaît lartiste.
Et pour cause. Le soir de la sortie de son disque, le musicien se retrouvait en garde à vue, après avoir participé à une bagarre dans les studios dune radio. A lorigine des faits : un différend contractuel avec un autre rappeur, Black V-ner. Kery James lavait invité pour un duo sur son précédent disque. Son confrère estimait ne pas avoir été payé à la hauteur de sa participation. « Jétais dans une radio, dans le cadre de mon travail, et ce type surgit dans la station après mavoir insulté et menacé sur Internet. Et même si ma riposte est disproportionnée, je nai pas envie dêtre une serpillière quand on sen prend à mon intégrité physique. »
« Rappeur, noir, banlieusard, musulman »
La star du hip-hop français sera renvoyée prochainement devant un tribunal correctionnel pour violences. « Cela faisait plus de dix ans que je navais pas eu affaire à la police. Je ne suis jamais passé aussi près de la case prison. » On lui demande sil a des regrets. « Bien sûr, cest dommage, mais cétait inévitable. » Et le modèle Kery James sécorne soudain. Il avait pourtant prévenu sur lultime morceau de son nouveau disque, quasi prémonitoire. « En moi il y a de la tendresse mais jpeux être une brute/Dans ma bouche, il y a de la sagesse, mais il y a parfois des insultes. »
Le grand frère du rap se fait ainsi rattraper par ses vieux démons. « Je ne suis pas un exemple. Dans le rap on amène tous les problèmes sociaux avec nous. Jai grandi dans un milieu violent, la misère divise ou rapproche, mais suscite aussi la jalousie. Porter plainte ? Ce nest pas dans nos habitudes. » Les allergiques au rap jubilent en voyant lun de ses meilleurs représentants franchir la ligne jaune. « Mon image en prend un coup. Mais les gens que je prétends représenter ont compris ce qui sest passé et ne mont pas sanctionné. »
Quant aux autres, Kery James renonce à les convaincre, lui qui depuis quinze ans roule sa bosse dans le monde du hip-hop de son quartier dOrly, jusquà lOlympia ou au Zénith en décembre. « Jai essayé de casser les clichés, de construire des ponts en faisant notamment un duo avec Charles Aznavour. Mais le rap reste sous-représenté médiatiquement. Cest le style le plus écouté en banlieue, fait en majorité par des Noirs et des Arabes. Si tu fais entrer cette musique-là à la télé, tu fais aussi entrer davantage de représentants de ces populations. Cest une vraie question de discrimination. »
A 31 ans, Kery James en a assez de se justifier sur ce quil est : « rappeur, noir, banlieusard, musulman ». Rien ny fait, ni son slogan « On nest pas condamné à léchec » dans son tube « Banlieusards », ni son association « Apprendre, comprendre, entreprendre et servir » et ses actions de soutien scolaire, ni ses textes qui en appellent à la responsabilité de chacun. Les réfractaires au hip-hop ne retiendront que ses récents démêlés judiciaires. Alors, il va prendre ses distances. « Je vais arrêter la musique, le rap, pendant deux ou trois ans, partir à létranger, me ressourcer. Jai besoin dautre chose, de nourriture spirituelle forte. Les disques dor, le fait dêtre numéro un, ce nest pas la cerise sur le gâteau, mais le résultat de quinze ans de travail laborieux. Dautres ont mis beaucoup moins de temps à y arriver. »
le parisien
La victoire a un goût amer. Il y a cinq semaines, Kery James entrait directement numéro un des ventes avec son nouvel album, « Réel ». Devant Calogero, Olivia Ruiz et Depeche Mode. Un événement pour le rap français. « Cela aurait dû être leuphorie, mais cétait une période tourmentée. Je nai pas pu en profiter pleinement », reconnaît lartiste.
Et pour cause. Le soir de la sortie de son disque, le musicien se retrouvait en garde à vue, après avoir participé à une bagarre dans les studios dune radio. A lorigine des faits : un différend contractuel avec un autre rappeur, Black V-ner. Kery James lavait invité pour un duo sur son précédent disque. Son confrère estimait ne pas avoir été payé à la hauteur de sa participation. « Jétais dans une radio, dans le cadre de mon travail, et ce type surgit dans la station après mavoir insulté et menacé sur Internet. Et même si ma riposte est disproportionnée, je nai pas envie dêtre une serpillière quand on sen prend à mon intégrité physique. »
« Rappeur, noir, banlieusard, musulman »
La star du hip-hop français sera renvoyée prochainement devant un tribunal correctionnel pour violences. « Cela faisait plus de dix ans que je navais pas eu affaire à la police. Je ne suis jamais passé aussi près de la case prison. » On lui demande sil a des regrets. « Bien sûr, cest dommage, mais cétait inévitable. » Et le modèle Kery James sécorne soudain. Il avait pourtant prévenu sur lultime morceau de son nouveau disque, quasi prémonitoire. « En moi il y a de la tendresse mais jpeux être une brute/Dans ma bouche, il y a de la sagesse, mais il y a parfois des insultes. »
Le grand frère du rap se fait ainsi rattraper par ses vieux démons. « Je ne suis pas un exemple. Dans le rap on amène tous les problèmes sociaux avec nous. Jai grandi dans un milieu violent, la misère divise ou rapproche, mais suscite aussi la jalousie. Porter plainte ? Ce nest pas dans nos habitudes. » Les allergiques au rap jubilent en voyant lun de ses meilleurs représentants franchir la ligne jaune. « Mon image en prend un coup. Mais les gens que je prétends représenter ont compris ce qui sest passé et ne mont pas sanctionné. »
Quant aux autres, Kery James renonce à les convaincre, lui qui depuis quinze ans roule sa bosse dans le monde du hip-hop de son quartier dOrly, jusquà lOlympia ou au Zénith en décembre. « Jai essayé de casser les clichés, de construire des ponts en faisant notamment un duo avec Charles Aznavour. Mais le rap reste sous-représenté médiatiquement. Cest le style le plus écouté en banlieue, fait en majorité par des Noirs et des Arabes. Si tu fais entrer cette musique-là à la télé, tu fais aussi entrer davantage de représentants de ces populations. Cest une vraie question de discrimination. »
A 31 ans, Kery James en a assez de se justifier sur ce quil est : « rappeur, noir, banlieusard, musulman ». Rien ny fait, ni son slogan « On nest pas condamné à léchec » dans son tube « Banlieusards », ni son association « Apprendre, comprendre, entreprendre et servir » et ses actions de soutien scolaire, ni ses textes qui en appellent à la responsabilité de chacun. Les réfractaires au hip-hop ne retiendront que ses récents démêlés judiciaires. Alors, il va prendre ses distances. « Je vais arrêter la musique, le rap, pendant deux ou trois ans, partir à létranger, me ressourcer. Jai besoin dautre chose, de nourriture spirituelle forte. Les disques dor, le fait dêtre numéro un, ce nest pas la cerise sur le gâteau, mais le résultat de quinze ans de travail laborieux. Dautres ont mis beaucoup moins de temps à y arriver. »
le parisien