Meurtre de Jamal Khashoggi : la justice saoudienne annule les peines de mort de cinq accusés
Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à
Un tribunal saoudien a annulé, lundi 7 septembre, dans un verdict final, les cinq peines capitales prononcées pour l’assassinat du journaliste critique du pouvoir Jamal Khashoggi, condamnant huit accusés à des
peines allant de sept à vingt ans de prison, selon l’agence officielle SPA (Saudi Press Agency).
« Cinq prévenus ont été condamnés à vingt ans de prison et trois autres à des peines allant de sept à dix ans de prison », a précisé l’agence de presse, citant les services du procureur général. Ce jugement, présenté comme un verdict final, a aussitôt été critiqué par la rapporteuse spéciale du Conseil des droits de l’homme des Nations unies sur les exécutions sommaires, Agnès Callamard, dont l’avis n’engage pas l’organisation internationale, et qui l’a qualifié sur Twitter de
« nouvel acte » dans cette
« parodie de justice ».
« Mais ces verdicts n’ont aucune légitimité juridique ou morale. Ils ont été rendus au terme d’un processus qui n’était ni équitable, ni juste, ni transparent », a-t-elle affirmé.
Hatice Cengiz, la fiancée turque du journaliste saoudien assassiné, a, pour sa part, qualifié lundi de
« farce » le verdict rendu par la justice saoudienne.
« La communauté internationale n’acceptera pas cette farce », a-t-elle tweeté.
« Les autorités saoudiennes ont clos ce dossier sans que le monde sache la vérité à propos de qui est responsable du meurtre de Jamal. » En Arabie saoudite, ce jugement intervient après que
les fils de Jamal Khashoggi ont annoncé, en mai, « avoir pardonné » ses tueurs. Les personnes condamnées n’ont pas été identifiées.
rocès opaque
Cet assassinat a plongé l’Arabie saoudite dans l’une de ses pires crises diplomatiques et terni l’image du prince héritier, Mohammed Ben Salman, dit « MBS », désigné par des responsables turcs et américains comme le commanditaire de l’assassinat. Amr Nabil / AP
Après avoir nié l’assassinat, puis avancé plusieurs versions des faits, Riyad a affirmé qu’il avait été commis par des agents saoudiens qui auraient agi seuls et sans recevoir d’ordres de leurs dirigeants.
La justice saoudienne s’est elle-même saisie de l’affaire. A l’issue d’un procès opaque, cinq Saoudiens avaient été condamnés à mort et trois autres à des peines de prison totalisant vingt-quatre ans, sur un total de onze personnes inculpées. Les trois autres avaient été
« blanchies ».
Ce verdict, prononcé en décembre 2019, avait été critiqué par les organisations internationales de défense des droits humains.