l’amour à la lumière de l’Islam (spiritualité)

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As salam 'alaykoum, Paix sur vous

L’amour à la lumière de l’Islam


A notre époque, la volonté de protéger notre foi et nos principes, des agressions extérieurs nous a conduit à transformer la religion en horizon de normes et en oublier le sens, la lumière. En effet, Les circonstances contemporaines ont rigidifié nos références.

En occident, il est une expression qui dit « tomber amoureux », il y a l’idée de quelque chose d’incontrôlé, qui nous tombe dessus sans savoir pourquoi ni comment. Mais l’amour dont il est question ici, même s’il ne refuse pas totalement cette dimension naturelle de l’amour potentiellement aliénante, il lui apporte une dimension spirituelle libératrice. Il s’agit d’une exigence au nom de la spiritualité.
Dans l’expérience de vie, ce qui est important c’est de mieux aimer et de donner un sens à nos amours.


L’acte de Foi est un acte d’amour

Quand nous parlons d’islam, d’entrer dans la paix du divin, nous parlons d’un acte d’amour. L’acte de Foi est la quintessence de l’amour. Entrer dans l’amour du divin, c’est se dire que le Créateur des cieux et de la terre n’attend pas seulement de moi que je le reconnaisse avec mon esprit mais aussi que je l’aime avec mon cœur.

Friedrich Nietzsche, qui affirma « Dieu est mort » s’éloigne de la religion du fait de l’obsession de la culpabilité. Tout ce qui revient du clergé c’est la mise en culpabilité de celui qui cherche en Jésus la raison d’être sauvé, c’est dans la conscience de la faute que l’on trouve la voie de la grâce. Pour Nietzsche le clergé est ici, dans une relation de pouvoir, en nous faisons croire que l’on est fautif et, ce pour prendre le contrôle de nos âmes. Il affirme que ce sont les « ratés de l’existence » qui culpabilisent les « élus » pour prendre le pouvoir sur eux. La religion ne serait qu’un outil d’accès au pouvoir. « Je vais vous dire trois métamorphoses de l'esprit : comment l'esprit devient chameau, comment le chameau devient lion, et comment enfin le lion devient enfant. »

En islam il n’y a pas l’idée du péché originel, et d’ailleurs, jusqu’à l’âge de raison l’être humain est constamment en prière, il est innocemment en prière. Ceci étant, nous ne sommes pas à l’abri d’un discours culpabilisant, qui transforme la vie en prison de l’esprit, et en formalisme. De nombreuses lectures de l’islam s’y apparente à travers une approche exclusivement formelle et normative par le prisme du Hallal/Haram. Alors qu’en islam l’enfance est synonyme d’innocence et l’âge adulte de responsabilité. En effet, l’être humain se nourrit de responsabilité et non de culpabilité. Il s’agit de nourrir un sens quant à la responsabilité face à soi : Connais toi, responsabilise toi, pardonne toi en Lui demandant pardon.

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Cette perspective islamique nous mène à passer de l’amour naturel qui enchaine, à l’amour spirituel qui libère, de l’amour jaloux à l’amour généreux. Aimer ce n’est pas toujours être avec Lui, c’est aussi reconnaitre les imperfections de ne pas être avec Lui.. Et quelqu’un qui dit « je ne suis pas à la hauteur » est déjà plus à la hauteur. Ainsi, il n’y a pas d’amour sans souffrance, sans manque, sans blessure, aussi bien avec Dieu qu’avec les Hommes. Cet amour n’est pas facile. C’est humain de tomber, c’est spirituel de se relever. Il faut savoir tomber noblement et se relever dignement.

Même les limites que nous fixe le divin sont un chemin qui mènent vers la conscience de cet amour. Il y a de l’amour dans la limite. Ce sont ceux qui nous aiment qui nous placent des limites. Et il faut prendre conscience d’être aimé pour respecter la limite.

Un amour manifesté dans les signes du Divin

A la naissance, le premier besoin de l’enfant est un besoin d’ordre affectif, sentimental avant tout autre chose. Il a besoin de se sentir aimé. Et c’est à travers cet amour parental que Dieu nous aime, c’est un amour divin médiatisé par nos parents.. mais parfois cette médiatisation est retirée .. c’est ce qui est arrivé au prophète (psl). Et c’est dans la nature qu’il a trouvé le chemin de cet amour, le chemin de Dieu. Leopold Viewes écrira à propos de sa découverte de l’Islam « C’est dans le rien du désert, que j’ai retrouvé le tout, que j’ai retrouvé le divin en moi ». Ainsi, le dialogue avec Dieu passe par sa création.

Le premier acte de remerciement de Dieu, c’est d’observer Sa création avec amour. Avant de demander pardon pour nos manquements, il s’agit de remercier Dieu pour Ses dons. Aujourd’hui, on ne voit plus le signe dans la création. Lorsque l’on envoie un signe d’amour à quelqu’un, l’on aimerait que cette personne ne reçoive pas l’objet mais plutôt le signe d’amour. On est déçu lorsque la personne s’est arrêtée à l’objet sans voir le signe. C’est pareil avec Dieu, il nous envoie des signes d’amour que l’on ne voit pas. C’est la perte de conscience qui signifie l’absence d’amour et de remerciement de notre part.
Le meilleur exemple dans la littérature c’est Arthur Rimbaud qui, à défaut d’avoir trouvé l’amour auprès des siens, en chercha les signes dans la nature : Il dit à propos de ceux qu’il a côtoyé « ceux que j’ai rencontré ne m’ont peut être pas vu (aimé), même ma mère elle a le bleu regard qui ment » … il écrira par la suite « sensation », où il ira a la quête de cet amour dans la nature :

Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue :
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien,
Mais l'amour infini me montera dans l'âme ;
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, heureux- comme avec une femme

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Rimbaud ne parle ici que de nature, et il dit aux Hommes : elle va me donner ce que vous m’avez volé.. Et l’on trouve dans le Coran cet eternel rappel à la méditation sur et dans la nature : « Il y a dans la création des Cieux et de la Terre et dans la succession de la Nuit et du Jour, des signes pour ceux qui sont doués d’intelligence » Dieu nous dit ici que si vous ne savez pas voir ce qu’il y a autour de vous, vous ne saurez pas aimer. Dieu n’est pas le surveillant de nos fautes mais la lumière de nos amours.


Au nom d’un idéal, spiritualiser ses amours

On est tous plus ou moins influencer par la société individualiste.. Et la vraie résistance à l’individualisme, c’est bien celle qui nous mettra au service de nos parents, de notre entourage, sans limite et qu’on les aime d’un amour sans limite et désintéressé. L’individualisme produit un amour limité, parcellé, conditionnel, intéressé, un amour qui souvent draine avec lui incompréhension, trahison et mensonge.

Il y a des amours naturels qui vont nous enchainer, un amour prison, un amour d’embellissement, superficiel. Même l’amour que nous portons pour nos enfants, notre épouse, il faut lui donner du sens, au nom des objectifs de la vie, au nom d’un idéal de vie. Il faut se reconnaitre dans l’autre mais ne pas s’enfermer en lui. Il faut avoir conscience que même marié et avec des enfants, l’on demeure seul. Seul, le jour du jugement. Seul face à la mort. Et au nom de la reconnaissance de cette sollicitude, il s’agit de développer un amour qui libère et non un amour qui enchaine. Ne jamais aimer dans le relatif d’une façon absolue et aimer avec dieu dans l’absolu avec l’idée que tout est relatif. Ne pas mettre l’absolu dans le relatif mais mettre le relatif dans l’absolu.

Aimer avec Dieu, aimer pour Dieu, c’est libérer notre égo. T’aimer en Dieu, c’est t’aimer malgré les fautes à mon égard. Je n’ai plus de jugement sur l’être, mais uniquement sur les actes du paraitre. Tu n’as pas le droit de juger définitivement ce que je suis ; mais tu as le droit de juger définitivement l’acte que je fais. Et Quelqu’un qui dit « acceptes moi tel que je suis », il faut s’en méfier car en disant cela il refuse d’être jugé dans son acte et donc de le reformer.

En résumé, une définition de l’amour serait de dire qu’il est un élan du cœur, de l’être vers un être (le transcendant ou l’être humain) qui se traduit par une attraction du cœur, des signes qui sont ressentis comme des sentiments de besoins, d’attentes. L’amour c’est autant ce qui est donné par l’être aimé que ce qui manque lorsqu’il est absent.

Enfin, Dans tout ce processus, il y a deux choses a mette en évidence :
• Spiritualiser notre amour
• Se mettre en relation avec la création.

Pour que l’on puisse spiritualiser notre amour, il faut spiritualiser notre relation à la nature, à la créature. Et tout cela sans obsession de culpabilité et de la faute. Appeler à la responsabilité sans obsession de la culpabilité. Même s’il faut vivre ses moments de souffrance née de l’absence de L’aimé. La souffrance sort de l’égo, les pleurs élèvent, les pleurs sont une prière s’ils nous arrachent à notre égo.


Fraternellement
 
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