kamomille
VIB
Un jugement favorable à un musulman qui avait refusé de serrer la main de son employeuse a suscité ce commentaire acerbe dune romancière.
25.02.2010 | Lena Andersson | Dagens Nyheter
Dessin de Haddad, Al-Hayat, Londres
A Almhult [dans le sud du pays], un homme a obtenu 6 000 euros de dommages et intérêts du tribunal de première instance pour ses comportements sexistes. Lindividu, privé de ses allocations de chômage à la suite dun comportement jugé offensant lors dun entretien dembauche, réclamait devant la justice le poste ambitionné ou le maintien de ses allocations. La première chose quil avait faite en arrivant à cet entretien avait été dhumilier la représentante de lentreprise en refusant de lui serrer la main ce que tout le monde aurait ressenti comme un affront manifeste et en évitant de la regarder dans les yeux, au motif quil sagissait dune femme. Cest pourtant à cet homme que le médiateur suédois pour les questions de discrimination et le tribunal de première instance ont donné raison. Nimporte qui estimerait normal quune personne qui refuse de serrer la main dun Noir ou dun musulman se voie refuser un emploi. En revanche, si Dieu proclame quil est interdit de toucher les créatures du sexe opposé, on peut compter sur le soutien des pouvoirs publics suédois.
Sur la page daccueil du site web du médiateur, on peut lire : Le médiateur lutte contre les discriminations relatives au sexe, à lidentité sexuelle, au genre, à lappartenance religieuse, à la religion ou autres convictions personnelles, au handicap, à lorientation sexuelle et à lâge. Dans ce cas, pourquoi la défense de la liberté religieuse passerait-elle avant la lutte contre le sexisme ? Cela peut tenir à deux choses : premièrement, au fait que la religion est associée au recueillement et à la fragilité, et que son caractère impalpable inspire la crainte et le respect ; deuxièmement, au fait que les textes et les usages religieux oppriment généralement les femmes et se fondent presque toujours sur une profonde différenciation des deux sexes. Lassociation de ces deux facteurs a entraîné lacceptation irréfléchie de certains comportements à légard des femmes qui ne seraient jamais approuvés sils concernaient un autre groupe. Mais la mission confiée au médiateur par le gouvernement ne peut pas être celle de défendre des pratiques religieuses sans se soucier des valeurs discriminatoires revendiquées par la religion en question. Légalité doit nécessairement peser plus lourd que la liberté religieuse lorsque les deux se télescopent. Il convient de combattre, et non de soutenir, la division et la discrimination sexuelles.
Naturellement, même lhomme de laffaire dAlmhult a le droit de semployer à changer les normes et les valeurs de la société actuelle de manière à ce quelles correspondent mieux à son idéal. Mais tout individu qui veut gagner sa vie doit faire preuve dun minimum de pragmatisme. Même si la soif idéologique de transformer la Suède en Arabie Saoudite est inextinguible chez un individu, celui-ci devra jouer la comédie lorsquil cherchera un emploi dans lequel il aura à côtoyer des femmes. Ou alors, il devra comprendre quil sera difficile de se faire embaucher tant que sa lutte ne sera pas gagnée.
Un apartheid sexuel pratiqué au nom de la religion
Certes, on choisit sa croyance et son idéologie quoiquil ne soit peut-être plus adéquat de parler de choix à partir dun certain degré daveuglement. Peut-être est-on entré alors dans un autre domaine. Se pourrait-il que le médiateur ait en réalité réglé ici une affaire qui touche non pas à la religion, mais au handicap ? Lhomme en question bénéficierait de circonstances atténuantes si le fait de ne pouvoir serrer la main dun individu sexuellement différent de lui était considéré comme relevant dune névrose obsessionnelle. Les individus atteints de névroses ou de phobies ont besoin daide pour arriver à les dominer. Les pouvoirs publics ne doivent pas conforter ces pathologies, ni les élever au rang didéologie à protéger. Quel que soit le diagnostic établi pour cette affaire, il paraît normal quun employeur porte son choix ailleurs que sur un individu affichant des valeurs misogynes. Dautant plus que, en cas dembauche, il est à craindre que lhomme naccepte pas de rester seul dans une pièce avec une collègue, considérant celle-ci comme impure une semaine par mois selon son dieu. Une telle discrimination nest pas plus agréable pour une femme quelle ne le serait pour un Noir. Cest pourtant ce que le médiateur suédois, Mme Katri Linna, entend préserver et défendre. A ses yeux, lapartheid sexuel pratiqué au nom de la religion na pas à subir linfluence de légalité et de la laïcité. Lhomme en question est discriminé parce quil na pas le droit de discriminer les femmes. Voilà un raisonnement parfaitement pervers.
25.02.2010 | Lena Andersson | Dagens Nyheter
Dessin de Haddad, Al-Hayat, Londres
A Almhult [dans le sud du pays], un homme a obtenu 6 000 euros de dommages et intérêts du tribunal de première instance pour ses comportements sexistes. Lindividu, privé de ses allocations de chômage à la suite dun comportement jugé offensant lors dun entretien dembauche, réclamait devant la justice le poste ambitionné ou le maintien de ses allocations. La première chose quil avait faite en arrivant à cet entretien avait été dhumilier la représentante de lentreprise en refusant de lui serrer la main ce que tout le monde aurait ressenti comme un affront manifeste et en évitant de la regarder dans les yeux, au motif quil sagissait dune femme. Cest pourtant à cet homme que le médiateur suédois pour les questions de discrimination et le tribunal de première instance ont donné raison. Nimporte qui estimerait normal quune personne qui refuse de serrer la main dun Noir ou dun musulman se voie refuser un emploi. En revanche, si Dieu proclame quil est interdit de toucher les créatures du sexe opposé, on peut compter sur le soutien des pouvoirs publics suédois.
Sur la page daccueil du site web du médiateur, on peut lire : Le médiateur lutte contre les discriminations relatives au sexe, à lidentité sexuelle, au genre, à lappartenance religieuse, à la religion ou autres convictions personnelles, au handicap, à lorientation sexuelle et à lâge. Dans ce cas, pourquoi la défense de la liberté religieuse passerait-elle avant la lutte contre le sexisme ? Cela peut tenir à deux choses : premièrement, au fait que la religion est associée au recueillement et à la fragilité, et que son caractère impalpable inspire la crainte et le respect ; deuxièmement, au fait que les textes et les usages religieux oppriment généralement les femmes et se fondent presque toujours sur une profonde différenciation des deux sexes. Lassociation de ces deux facteurs a entraîné lacceptation irréfléchie de certains comportements à légard des femmes qui ne seraient jamais approuvés sils concernaient un autre groupe. Mais la mission confiée au médiateur par le gouvernement ne peut pas être celle de défendre des pratiques religieuses sans se soucier des valeurs discriminatoires revendiquées par la religion en question. Légalité doit nécessairement peser plus lourd que la liberté religieuse lorsque les deux se télescopent. Il convient de combattre, et non de soutenir, la division et la discrimination sexuelles.
Naturellement, même lhomme de laffaire dAlmhult a le droit de semployer à changer les normes et les valeurs de la société actuelle de manière à ce quelles correspondent mieux à son idéal. Mais tout individu qui veut gagner sa vie doit faire preuve dun minimum de pragmatisme. Même si la soif idéologique de transformer la Suède en Arabie Saoudite est inextinguible chez un individu, celui-ci devra jouer la comédie lorsquil cherchera un emploi dans lequel il aura à côtoyer des femmes. Ou alors, il devra comprendre quil sera difficile de se faire embaucher tant que sa lutte ne sera pas gagnée.
Un apartheid sexuel pratiqué au nom de la religion
Certes, on choisit sa croyance et son idéologie quoiquil ne soit peut-être plus adéquat de parler de choix à partir dun certain degré daveuglement. Peut-être est-on entré alors dans un autre domaine. Se pourrait-il que le médiateur ait en réalité réglé ici une affaire qui touche non pas à la religion, mais au handicap ? Lhomme en question bénéficierait de circonstances atténuantes si le fait de ne pouvoir serrer la main dun individu sexuellement différent de lui était considéré comme relevant dune névrose obsessionnelle. Les individus atteints de névroses ou de phobies ont besoin daide pour arriver à les dominer. Les pouvoirs publics ne doivent pas conforter ces pathologies, ni les élever au rang didéologie à protéger. Quel que soit le diagnostic établi pour cette affaire, il paraît normal quun employeur porte son choix ailleurs que sur un individu affichant des valeurs misogynes. Dautant plus que, en cas dembauche, il est à craindre que lhomme naccepte pas de rester seul dans une pièce avec une collègue, considérant celle-ci comme impure une semaine par mois selon son dieu. Une telle discrimination nest pas plus agréable pour une femme quelle ne le serait pour un Noir. Cest pourtant ce que le médiateur suédois, Mme Katri Linna, entend préserver et défendre. A ses yeux, lapartheid sexuel pratiqué au nom de la religion na pas à subir linfluence de légalité et de la laïcité. Lhomme en question est discriminé parce quil na pas le droit de discriminer les femmes. Voilà un raisonnement parfaitement pervers.