B
belgika
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Trois mois après la chute de Moubarak, le pays sest enfoncé dans un marasme économique et sécuritaire qui brise lélan impulsé place Tahrir.
Trois doigts. Brandis dans un geste furieux, dans lexaspérant vacarme des klaxons. Trois doigts. Comme 3 heures du matin, lheure à laquelle Amr a embauché derrière le volant de son taxi. Jusquà 8 heures, il a roulé, puis entamé sa vacation à laéroport du Caire, où il travaille. Et à 17 heures, il a repris son taxi. La nuit est avancée, Amr fatigué. Et les soirs où ses courses le ramènent vers Tahrir, quand il voit des groupes rassemblés autour de banderoles appelant les militaires au pouvoir à garantir les idéaux de la révolution, la fin des tribunaux militaires, lépuration des médias, la traque des anciens du régime, Amr, on le dirait, a envie de pleurer. «Quils arrêtent ce kelem fadi, ces paroles creuses. Y a plus de pain, plus dargent. Comment on va faire si ça ne sarrête pas un jour ?»
Double job, double peine : depuis la révolution, Amr ne dort plus. Lété approche, ramadan en août et son cortège de dépenses, puis la rentrée, les cours particuliers, cette plaie inévitable, à payer pour les gosses scolarisés dans le public, et cette économie qui dévisse, ces incivilités, ces embouteillages insensés, cette insécurité, inconnue avant, ces vols dont on parle, forcément, avec toute cette racaille «évadée» des prisons pendant la révolution, et tous ces types qui se mettent sur la figure, régulièrement, dans la rue, pour un oui, pour un non, et pas ou si peu de flics pour ramener le calme. Amr nen peut plus. La breloque en carton aux couleurs de la révolution qui devait pendre naguère au rétroviseur de son taxi a atterri par terre, froissée et déchirée par les pieds des clients.
suite:http://www.liberation.fr/monde/01012340064-l-egypte-sous-le-contre-coup-de-la-revolution
Trois doigts. Brandis dans un geste furieux, dans lexaspérant vacarme des klaxons. Trois doigts. Comme 3 heures du matin, lheure à laquelle Amr a embauché derrière le volant de son taxi. Jusquà 8 heures, il a roulé, puis entamé sa vacation à laéroport du Caire, où il travaille. Et à 17 heures, il a repris son taxi. La nuit est avancée, Amr fatigué. Et les soirs où ses courses le ramènent vers Tahrir, quand il voit des groupes rassemblés autour de banderoles appelant les militaires au pouvoir à garantir les idéaux de la révolution, la fin des tribunaux militaires, lépuration des médias, la traque des anciens du régime, Amr, on le dirait, a envie de pleurer. «Quils arrêtent ce kelem fadi, ces paroles creuses. Y a plus de pain, plus dargent. Comment on va faire si ça ne sarrête pas un jour ?»
Double job, double peine : depuis la révolution, Amr ne dort plus. Lété approche, ramadan en août et son cortège de dépenses, puis la rentrée, les cours particuliers, cette plaie inévitable, à payer pour les gosses scolarisés dans le public, et cette économie qui dévisse, ces incivilités, ces embouteillages insensés, cette insécurité, inconnue avant, ces vols dont on parle, forcément, avec toute cette racaille «évadée» des prisons pendant la révolution, et tous ces types qui se mettent sur la figure, régulièrement, dans la rue, pour un oui, pour un non, et pas ou si peu de flics pour ramener le calme. Amr nen peut plus. La breloque en carton aux couleurs de la révolution qui devait pendre naguère au rétroviseur de son taxi a atterri par terre, froissée et déchirée par les pieds des clients.
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