kamomille
VIB
La récente libération de neuf homosexuels emprisonnés pour avoir célébré un mariage gay suscite la polémique. Certains y voient une ingérence française.
30.04.2009 | Alain Ndiaye | Dakar Soir
Dans une mosquée de Dakar, un homme lit la presse, 29 avril 2009
Le pays de la Teranga [du bon accueil en langue wolof] serait-il un bastion de lhomophobie ? En tout cas, la polémique a repris de plus belle au Sénégal après la libération des neuf homosexuels arrêtés à Mbao, dans la banlieue dakaroise, pour avoir célébré un mariage gay. Dans un pays à 90 % musulman, lhomosexualité reste une question taboue et la majorité des Sénégalais, comme la plupart des Africains dailleurs, la considèrent comme une déviance importée dOccident. Jamra, une ONG islamique, sest fortement émue de la libération des homosexuels après trois mois demprisonnement, estimant quil sagit dune victoire provisoire du mensonge et de lhypocrisie. Jamra pense que les homos partouzards ont nargué la justice avec le soutien de bras longs sans visage.
En effet, beaucoup de Sénégalais sont persuadés que les gays bénéficient de hautes protections, et les déclarations de Rama Yade, secrétaire dEtat français aux Droits de lhomme, appelant au respect de lorientation sexuelle des personnes mises en cause en ont choqué plus dun, qui y voient une ingérence intolérable dans les affaires intérieures sénégalaises.
Ainsi, de véritables chasses aux goorjigen [terme péjoratif qui signifie littéralement homme-femme en wolof], comme on les appelle, ont eu lieu dans les rues de Dakar. Pis, certains des protagonistes du mariage gay de Mbao, après avoir échappé de peu au lynchage, nont dû leur salut quà lexil, à limage de leur icône, Pape Mbaye (homosexuel notoire), qui a trouvé refuge aux Etats-Unis avec le concours dassociations gays.
Pourtant, alors quil y a peu de temps presque personne nosait prendre publiquement la défense des homosexuels, les temps changent. Alioune Tine, le secrétaire général de la RADDHO, une organisation de défense des droits de lhomme, considère que lEtat doit garantir le droit à lintimité et rappelle aux autorités sénégalaises : Nous venons de célébrer Durban 2 et il est temps que le Sénégal lutte contre toute forme de discrimination : race, sexe, religion, mais aussi orientation sexuelle Il faut donc immédiatement dépénaliser lhomosexualité. Mieux, dans une interview accordée au quotidien LObservateur qui a fait leffet dune bombe, le sociologue Cheikh Niang a mis les pieds dans le plat en banalisant cette question, estimant que la diversité sexuelle, le fait quil y ait différentes formes dorientation sexuelle, est un phénomène anthropologique qui a existé dans toutes les sociétés.
http://www.courrierinternational.com/article/2009/04/30/l-homosexualite-fait-debat-a-dakar
30.04.2009 | Alain Ndiaye | Dakar Soir
Dans une mosquée de Dakar, un homme lit la presse, 29 avril 2009
Le pays de la Teranga [du bon accueil en langue wolof] serait-il un bastion de lhomophobie ? En tout cas, la polémique a repris de plus belle au Sénégal après la libération des neuf homosexuels arrêtés à Mbao, dans la banlieue dakaroise, pour avoir célébré un mariage gay. Dans un pays à 90 % musulman, lhomosexualité reste une question taboue et la majorité des Sénégalais, comme la plupart des Africains dailleurs, la considèrent comme une déviance importée dOccident. Jamra, une ONG islamique, sest fortement émue de la libération des homosexuels après trois mois demprisonnement, estimant quil sagit dune victoire provisoire du mensonge et de lhypocrisie. Jamra pense que les homos partouzards ont nargué la justice avec le soutien de bras longs sans visage.
En effet, beaucoup de Sénégalais sont persuadés que les gays bénéficient de hautes protections, et les déclarations de Rama Yade, secrétaire dEtat français aux Droits de lhomme, appelant au respect de lorientation sexuelle des personnes mises en cause en ont choqué plus dun, qui y voient une ingérence intolérable dans les affaires intérieures sénégalaises.
Ainsi, de véritables chasses aux goorjigen [terme péjoratif qui signifie littéralement homme-femme en wolof], comme on les appelle, ont eu lieu dans les rues de Dakar. Pis, certains des protagonistes du mariage gay de Mbao, après avoir échappé de peu au lynchage, nont dû leur salut quà lexil, à limage de leur icône, Pape Mbaye (homosexuel notoire), qui a trouvé refuge aux Etats-Unis avec le concours dassociations gays.
Pourtant, alors quil y a peu de temps presque personne nosait prendre publiquement la défense des homosexuels, les temps changent. Alioune Tine, le secrétaire général de la RADDHO, une organisation de défense des droits de lhomme, considère que lEtat doit garantir le droit à lintimité et rappelle aux autorités sénégalaises : Nous venons de célébrer Durban 2 et il est temps que le Sénégal lutte contre toute forme de discrimination : race, sexe, religion, mais aussi orientation sexuelle Il faut donc immédiatement dépénaliser lhomosexualité. Mieux, dans une interview accordée au quotidien LObservateur qui a fait leffet dune bombe, le sociologue Cheikh Niang a mis les pieds dans le plat en banalisant cette question, estimant que la diversité sexuelle, le fait quil y ait différentes formes dorientation sexuelle, est un phénomène anthropologique qui a existé dans toutes les sociétés.
http://www.courrierinternational.com/article/2009/04/30/l-homosexualite-fait-debat-a-dakar