Au lieu des 2 000 euros auxquels ils ont droit, lOffice français de limmigration, «sur la foi dune note interne», ne leur octroie que 300 euros.
Les associations de défense des migrants sinquiètent de ce qui pourrait bien devenir «une jurisprudence Tunisiens». Car jamais la politique daccueil des étrangers en France navait été aussi restrictive. Pierre Henry, directeur général de France terre dasile, évoque «lavènement dun néoconservatisme à la française, destiné à séduire, à un an de la présidentielle, un certain électorat assez bas de plafond».
Pécule. Outre lextrême précarité dans laquelle sont laissés de nombreux ressortissants tunisiens, ce sont les nouvelles directives prises par lOffice français de limmigration et de lintégration (Ofii) qui suscitent cette indignation. La loi française prévoit, pour chaque migrant en situation irrégulière et présent depuis au moins trois mois sur le territoire français, «une aide au retour volontaire» fixée à 2 000 euros. De nombreux Tunisiens en souffrance ont donc engagé des démarches auprès de lOfii pour obtenir ce pécule, destiné à leur rembourser largent emprunté pour traverser la Méditerranée ainsi que leur billet retour.
Problème : lOfii, «sur la foi dune note interne», ne leur octroie quune aide de 300 euros. Celle-ci correspond à «laide humanitaire», pourtant inapplicable au statut des migrants tunisiens, puisquelle demeure circonscrite à trois cas de figure précis. Dabord, les étrangers ayant la nationalité dun Etat membre de lUE, séjournant en France depuis au moins trois mois et en situation de dénuement (cest le cas des Roms). Ensuite, les étrangers ayant la nationalité dun Etat tiers à lUE (qui a des accords avec lUE ; la Tunisie nen fait pas partie). Enfin, les étrangers frappés dune interdiction judiciaire du territoire français non exécutée. Ces trois dispositions ne concernent en rien les Tunisiens.
Contacté, lOfii sest refusé à répondre à nos questions. Toutefois, ladministration publique a fait savoir par une lettre envoyée aux associations «quelle appliquait les différentes instructions quelle reçoit de son ministère de tutelle», celui de lIntérieur.
«Gâchis». La raison de ce glissement juridique réside vraisemblablement dans le budget chancelant de lOfii. Sans moyens supplémentaires, il se peut que ladministration ne puisse pas financer les demandes tunisiennes. Un argument qui némeut pas Pierre Henry : «LEtat sest doté dune législation draconienne. Quil lapplique ! Nous étudions la possibilité de porter laffaire devant le tribunal administratif.»
Pour Karima Berkouki, présidente de lassociation Ensemble contre loubli, «tout cela représente un énorme gâchis tant humain que financier». Un accord migratoire signé en 2008 entre la France et la Tunisie prévoit, notamment dans le cadre de la formation professionnelle, laccueil légal de 9 000 Tunisiens par an. En 2010, il na profité quà 2 000 personnes. Il reste donc 7 000 places disponibles. Soit un peu plus que le nombre de migrants tunisiens actuellement en situation irrégulière.
http://www.liberation.fr/societe/01012343150-l-imposture-de-l-aide-au-retour-volontaire
Les associations de défense des migrants sinquiètent de ce qui pourrait bien devenir «une jurisprudence Tunisiens». Car jamais la politique daccueil des étrangers en France navait été aussi restrictive. Pierre Henry, directeur général de France terre dasile, évoque «lavènement dun néoconservatisme à la française, destiné à séduire, à un an de la présidentielle, un certain électorat assez bas de plafond».
Pécule. Outre lextrême précarité dans laquelle sont laissés de nombreux ressortissants tunisiens, ce sont les nouvelles directives prises par lOffice français de limmigration et de lintégration (Ofii) qui suscitent cette indignation. La loi française prévoit, pour chaque migrant en situation irrégulière et présent depuis au moins trois mois sur le territoire français, «une aide au retour volontaire» fixée à 2 000 euros. De nombreux Tunisiens en souffrance ont donc engagé des démarches auprès de lOfii pour obtenir ce pécule, destiné à leur rembourser largent emprunté pour traverser la Méditerranée ainsi que leur billet retour.
Problème : lOfii, «sur la foi dune note interne», ne leur octroie quune aide de 300 euros. Celle-ci correspond à «laide humanitaire», pourtant inapplicable au statut des migrants tunisiens, puisquelle demeure circonscrite à trois cas de figure précis. Dabord, les étrangers ayant la nationalité dun Etat membre de lUE, séjournant en France depuis au moins trois mois et en situation de dénuement (cest le cas des Roms). Ensuite, les étrangers ayant la nationalité dun Etat tiers à lUE (qui a des accords avec lUE ; la Tunisie nen fait pas partie). Enfin, les étrangers frappés dune interdiction judiciaire du territoire français non exécutée. Ces trois dispositions ne concernent en rien les Tunisiens.
Contacté, lOfii sest refusé à répondre à nos questions. Toutefois, ladministration publique a fait savoir par une lettre envoyée aux associations «quelle appliquait les différentes instructions quelle reçoit de son ministère de tutelle», celui de lIntérieur.
«Gâchis». La raison de ce glissement juridique réside vraisemblablement dans le budget chancelant de lOfii. Sans moyens supplémentaires, il se peut que ladministration ne puisse pas financer les demandes tunisiennes. Un argument qui némeut pas Pierre Henry : «LEtat sest doté dune législation draconienne. Quil lapplique ! Nous étudions la possibilité de porter laffaire devant le tribunal administratif.»
Pour Karima Berkouki, présidente de lassociation Ensemble contre loubli, «tout cela représente un énorme gâchis tant humain que financier». Un accord migratoire signé en 2008 entre la France et la Tunisie prévoit, notamment dans le cadre de la formation professionnelle, laccueil légal de 9 000 Tunisiens par an. En 2010, il na profité quà 2 000 personnes. Il reste donc 7 000 places disponibles. Soit un peu plus que le nombre de migrants tunisiens actuellement en situation irrégulière.
http://www.liberation.fr/societe/01012343150-l-imposture-de-l-aide-au-retour-volontaire