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Désinvestissement, flambée des prix et absence de stratégie de long terme
Linsécurité alimentaire plane sur lAlgérie
Même si aucun bilan nest encore établi, le Plan national de développement agricole et rural a été, dans sa globalité, un échec. Hormis quelques wilayas qui ont goûté à ce programme ambitieux, le reste est à reconsidérer.
Limplication immédiate des agro-industriels est plus que jamais dactualité pour sauver le secteur et, du coup, réduire la facture des importations.
Si lAlgérie ne saligne pas sur les modèles agricoles de référence, comme le Brésil, la Chine ou encore lInde, on sacheminera droit vers une situation catastrophique, synonyme dune insécurité alimentaire gravissime et de retombées sociales dramatiques. Cest que cette insécurité plane dores et déjà sur lAlgérie. Pour preuve, les bourses font face à la flambée, parfois, inexpliquée des prix sur le marché et une instabilité productive criante. Il est vrai que le secteur a fait sa mue depuis larrivée de lactuel ministre de lAgriculture et du Développement rural, fin connaisseur de la chose, mais les indices de croissance mondiaux sont là pour menacer notre pays. Certes, ces mêmes indices ont été revus à la hausse, contrairement aux années 2007, 2008 et 2009 quand la terre était sous-exploitée à cause des modèles entrepris, mais le désinvestissement dans le secteur et labsence dune stratégie de long terme ont conduit lAlgérie à saligner sur les pays importateurs. Inutile de se réjouir de lembellie céréalière de lannée 2009, car, après tout, les importations de produits alimentaires, notamment de première nécessité, représentent une dépense annuelle avoisinant les 4,5 à 5 milliards de dollars, dont plus de 200 000 millions de dollars en légumes secs.
Dailleurs, la croissance mondiale ne dépasse guère les 2 %. Et ce nest pas tout : la crise de la filière laitière vient se greffer à ces indices inquiétants, pour ne pas dire désespérants. La spéculation sur la poudre de lait, dune part, et laugmentation annoncée du même produit sur le marché mondial, dautre part, ne semblent pas inquiéter nos autorités qui laissent nos producteurs et collecteurs livrés à eux-mêmes. Hier, sur les ondes de la Radio nationale, le directeur de lInstitut national des études agronomiques (INRA), Fouad Chehat, a très bien développé les paramètres qui ont conduit le pays à cette situation patente, par ailleurs annonciatrice dune crise latente. Aux yeux de M. Chehat, le désinvestissement constaté, notamment par le manque de gros moyens, a frappé de plein fouet le secteur de lagriculture qui peine à trouver une stratégie de choc et durable à même de parer, à court et moyen terme, à linsuffisance alimentaire. Il plaidera demblée limplication plus que jamais urgente des agro-industriels qui, selon ses propos, pourraient apporter une plus-value pour manager un secteur qui patine.