Cher Zacharim
1 - Il n'y a strictement aucune donnée historique concernant une Dame dite "Lalla Buya". Ces histoires de légendes (historiques) constituent des artifices. Elles servent uniquement à justifier postériori l'énigmatique formule "ralla buya". Ce qui est inconnu peut-il éclairer ce qui demeure obscur ?. On connait bien la fable de Aicha Qandicha dont certains intellectuels ont voulu faire une figure de la résistante nationale (Voir Nass EL-Ghiwan). Tout cela ne repose sur rien de sérieux. On veut "politiser" maladroitement des faits de culture comme si celle-ci devait y gagner quelque chose de plus.
2- J'ai entre les mains la notice de Monsieur Zoulef Boujemâa que je n'ai pas publiée pour des raisons de temps. Elle le sera conjointement sur son blog en construction et sur htp://ingi.arifino.com comme je vous ai promis.
3- En ce qui concerne lalla/ralla. Il faut comprendre que ce que l'on transcrit habituellement par /r/ est plus exactement un /rj/ issu de /l/ comme dans une bonne partie du Rif. Sauf là ou /r(j)/ est passé à /r/. A Igzennayen je ne prononce pas /r/ dans /khari/, "mon-oncle materner" et je distingue bien /r/ de /rj/ qui est issu de */l/. Ainsi : /arji/ "monter" et /ari/ "alfa". Chez certains locuteurs on entend même /khaji/, /c'ji/ avec passage de /rj/ à /j/.
4- Pour "r(j)alla buya. Il faut considérer en Rifain trois couches successives
a- Une couche ancienne : /rj-a-dj/ issue de */lalla/ panberbère. "Dame, Maîtresse, (Proprétaire de)". Surtout en premier élément de composé et au possessif : /rjadj-inu/ ; /radj n tmurt/ en face de bab-, sid- etc. Il faut remarquer la réduction de la nouvelle affriqué (et géminée) en composé déterminatif : r(j-adj- . Ailleur dans d'autres zones berbèrophones : /lall-/ et /lal-/. Je n'ai pas le temps dd'entrer dans le détail. Il faut attendre la notice .
b- Une couche médiane. Par exemple /ralla/ dans l'expression /r(j)alla buya/ où la géminée /ll/ est préservée sans passage à /ddj/. Voir le terme commun /r(j)alla/, "Dame" : /a ya ralla yemma/ en face de /a ya sidi baba/ ...
Comme le montre Boujemâa Zoulef le mot /ralla/ trahit dans sa forme un emprunt à l'arabe. (y compris dans l'opposition /ralla-sidi/), alors qu'anciennement /r(j-adj-/ s'opposait à /bab-/...
a- Enfin une dernière couche, plus récente où la liquide et sa tendue ne passent pas à /rj/ et /ddj/. Il s'agit ici d'un ré-emprunt à l'arabe dialectal /lalla/... qui est en réalité la forme ancienne du terme berbère. C'est généralement le nom des Saintes femmes : Lalla Rqia, Lalla Shafia etc.
Soit en résumé et pour le rifain :
0- *lalla (berbère) > /lalla/ (arabe)
1- *lalla (berbère) > /r(j)-adj-/ et /radj-/ ; r(j)adj-inu ,"ma Maitresse et Dame" ; radj-n-taddart, " la maîtresse/proriétaire de la maison"
2- lalla (arabe) > /r(j)alla/ et /ralla/ ; dans /ralla buja/
3- lalla > (arabe) > /lalla/ ; dans /lalla-s(en-t)/ ; /lalla-k(w)ent/ (+pronom possessif) ; /lalla-s(ent) n tt'umubinat/, "la meilleure des voitures" etc.
Voilà pour l'instant. Rendez-vous prochainement sur :
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