la Biographie des Compagnons du Prophete

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N° 01
Hakîm Ibn Hazâm

L'histoire retiendra qu'il fut le seul à être né à l'intérieur de la
Ka`bah.
Alors qu'elle était enceinte, sa mère, s'était rendue avec d'autres
personnes à l'intérieur de l'antique Maison de Dieu pour y effectuer
une inspection. Ce jour-là, la Ka`bah était ouverte à l'occasion
d'une fête. Elle fut prise des premières contractions et fut
incapable de sortir du sanctuaire. Installée sur un matelas, elle
mit au monde un garçon qui fut prénommé Hakîm. Le père, Hazâm était
le fils de Khuwaylid. Hakîm était donc le neveu de Dame Khadîjah,
fille de Khuwaylid, puisse Allah être satisfait d'elle.
Il grandit dans l'aisance au sein d'une famille noble hautement
respectée à La Mecque. Il était intelligent et bien éduqué. Il était
tenu en si haute estime qu'il fut chargé de la rifadah qui
consistait à assister les nécessiteux et ceux qui avaient perdu
leurs biens pendant la période du pèlerinage. Il s'impliquait
pleinement dans cette mission et n'hésitait pas à soulager les
pèlerins dans le besoin par ses contributions personnelles.
Hakîm était très proche du Prophète — paix et bénédictions sur lui —
bien avant la révélation. Bien qu'il fut de cinq ans l'aîné du
Prophète — paix et bénédictions sur lui —, il appréciait sa
compagnie. Le Prophète — paix et bénédictions sur lui — nourrissait
également une grande affection pour Hakîm.
Leur relation se consolida lorsque le Prophète — paix et
bénédictions sur lui — épousa Khadîjah Bint Khuwaylid, la tante de
Hakîm.
En dépit de ses liens étroits avec le Prophète — paix et
bénédictions sur lui —, Hakîm ne se convertit à l'islam que lors de
la conquête de La Mecque soit plus de vingt ans après la révélation.
On aurait pu croire qu'un homme intelligent et proche du Prophète —
paix et bénédictions sur lui — comme l'était Hakîm serait l'un des
premiers à se convertir.
Hakîm lui-même s'étonna du temps qu'il lui fallut pour venir à
l'islam. Dés lors qu'il goûta à la douceur de l'iman (la foi), il
regretta chaque instant de sa vie en tant que mushrik et négateur de
la religion de Dieu.
Un jour, son fils surpris de le voir pleurer lui demanda la raison
de son chagrin. Hakîm répondit : " Il y a tant de choses qui
suscitent mon chagrin, mon cher fils. Je souffre d'avoir mis autant
de temps à devenir musulman. En acceptant l'islam plus tôt, j'aurais
pu faire tant de bien. J'ai survécu aux batailles de Badr et de
Uhud. Après Uhud, j'étais décidé à ne plus soutenir aucun Qurayshite
contre Muhammad — paix et bénédictions sur lui — et à rester à La
Mecque. Or, chaque fois que je tendais vers l'islam, les puissants
Qurayshites fidèles aux principes de la Jâhiliyyah me faisaient
dévier. Comme je regrette de les avoir suivis ! Nous devons notre
perte aux traditions de nos anciens. Pourquoi ne pleurerais-je pas
mon fils ? "
Le Prophète — paix et bénédictions sur lui — lui-même s'étonnait
qu'un homme de raison et de sagacité comme Hakîm Ibn Hazâm ne fut
pas sensible à l'islam. La veille de la libération de La Mecque, il
dit à ses compagnons : " Il y a quatre hommes à La Mecque
vraisemblablement au-dessus de tout shirk. Je souhaite ardemment
qu'ils se convertissent à l'islam.

— Qui sont-ils, ô Messager de dieu ? demandèrent ses compagnons.

— Attab Ibn Usayd, Jubayr Ibn Mutim, Hakîm Ibn Hazâm et Suhayl Ibn
Amr, répondit le Prophète — paix et bénédictions sur lui —."
Par la grâce de dieu, ils finirent tous les quatre par devenir
musulmans.


a suivre
 
suite et fin

Lorsque le Prophète — paix et bénédictions sur lui — libéra La
Mecque du polythéisme et de l'ignorance, il chargea son héraut de
proclamer que : " Quiconque atteste qu'il n'y a d'autre Dieu
qu'Allah, qu'Il n'a aucun associé et que Mohammad est son Serviteur
et Messager sera sauf. Quiconque dépose les armes à la Ka`bah sera
sauf. Quiconque pénètre chez Abû Sufyân sera sauf. Quiconque entre
chez Hakîm Ibn Hazâm sera sauf… "
La demeure d'Abû Sufyan se trouvait dans la partie haute de La
Mecque tandis que celle de Hakîm se trouvait dans la partie basse de
la ville. En faisant de leurs maisons des lieux d'asile, le
Prophète — paix et bénédictions sur lui — reconnut avec sagesse le
poids à ces deux hommes, leur faisant abandonner toute résistance et
les disposant ainsi à reconnaître sa mission.
Hakîm Ibn Hazâm se convertit à l'islam avec une profonde conviction.
Il jura de servir le Prophète — paix et bénédictions sur lui — et sa
cause avec la même ardeur qu'au temps de Jahiliyyah (Ignorance Pré-
Islamique).
Il possédait à La Mecque un important édifice historique, Dar an-
Nadwah, où les Qurayshites avaient l'habitude de tenir des
conférences et où les complots contre le Prophète — paix et
bénédictions sur lui — avaient été fomentés.
Il décida de s'en débarrasser pour rompre tout lien avec son
douloureux passé associationniste. Il vendit le bâtiment pour cent
mille dirhams. Un jeune Qurayshite lui fit remarquer : " Tu as vendu
un symbole historique qui faisait la fierté des Qurayshites. " À
cela, il répondit : " Allons ! Cette vanité et cette gloire sont
révolues. Seules demeurent les valeurs de la taqwâ (piété). J'ai
vendu ce monument pour acquérir une maison au paradis. Tous les
revenus de cette vente seront donc dépensés sur la voie de Dieu Tout-
Puissant. "
Après sa conversion, Hakîm accomplit le Hajj (pèlerinage). Il emmena
cent chameaux qu'il sacrifia afin de se rapprocher de Dieu. Au Hajj
suivant, il affranchit les cent esclaves qui l'accompagnaient. Il
leur remit à chacun un pendentif en argent où il avait fait
inscrire : " Libéré pour l'amour de Dieu Tout-Puissant par Hakîm Ibn
Hazâm ". Lors du pèlerinage suivant, il fit sacrifier un millier de
moutons à Minâ pour nourrir les pauvres.
Bien que généreux dans ses dons, Hakîm aimait aussi acquérir
toujours plus de richesses. Après la bataille de Hunayn, il demanda
au Prophète — paix et bénédictions sur lui — de lui donner une part
du butin. Plus il en demandait, plus le Prophète lui en donnait.
Hakîm était un tout nouveau converti, aussi le Prophète — paix et
bénédictions sur lui — avait-il été particulièrement généreux envers
lui.
Hakîm reçut une large part du butin. Cependant le Prophète — paix et
bénédictions sur lui — lui dit : " Ô Hakîm, cette richesse est
certes agréable et attrayante. Celui qui la reçoit et s'en satisfait
sera béni. Mais celui qui reste avide n'en récoltera aucune
bénédiction à l'image de celui qui mange sans jamais être rassasié.
La main supérieure (celle qui donne) est bien meilleure que la main
inférieure (celle qui reçoit). " Ce conseil ébranla profondément
Hakîm. Mortifié, il répondit : " Ô Messager de Dieu ! Par Celui qui
t'a envoyé avec la vérité, jamais plus je ne demanderai quoi que ce
soit à quiconque ! "
Durant le Califat d'Abû Bakr, Hakîm Ibn Hazâm fut plusieurs fois
convoqué au Bayt Al-Mâl (trésor public) pour recevoir son
allocation. Mais il refusa. Il fit de même sous le califat de Umar
Ibn al-Khattab, ce qui fit dire à ce dernier : " Vous êtes témoins,
ô musulmans, que j'ai offert à Hakîm sa part mais qu'il la refuse ! "
Hakîm demeura fidèle à son serment jusqu'à sa mort. Le Prophète —
paix et bénédictions sur lui — lui avait enseigné que le
contentement était la meilleure des richesses.
P.-S.
Traduit de l'anglais Companions of The Prophet, volume 1, de Abdul
Wâhid Hâmid.
 
Bilâl Al-Habashî
Le muezzin du Prophète

Il s'appelle Bilâl Ibn Rabâh plus connu sous le nom de Bilâl Al-
Habashî. Sa mère, Hamâmah, était une esclave éthiopienne. Il se
convertit à l'Islam alors qu'il était l'esclave de Umayyah Ibn
Khalaf. Ce dernier résolut de le torturer jusqu'à ce qu'il renie
l'Islam ou qu'il meurt. Il le faisait coucher sur le dos sur le
sable brûlant du désert mecquois et faisait poser un rocher énorme
sur sa poitrine. Ensuite, Umayyah lui demandait de renier l'Islam et
de revenir au polythéisme. Bilâl répondait : « ahadun ahad » (« Dieu
est Un, Dieu est Un »).
Un jour, Abû Bakr, le Compagnon du Prophète — paix et bénédictions
sur lui —, passa près de Bilâl au cours d'une séance de torture.
Voyant son état, il alla voir Umayyah et lui demanda : « Jusqu'à
quand vas-tu torturer ce pauvre ? » Celui-ci répondit : « C'est toi
qui est à l'origine de sa souffrance. Pourquoi ne le sors-tu pas de
cette situation ? » C'est en effet Abû Bakr qui avait enseigné à
Bilâl le message de l'Islam. Sur ce, Abû Bakr proposa à Umayyah
d'échanger Bilâl contre un autre esclave plus vigoureux que lui et
qui était resté fidèle au polythéisme des Arabes. Umayyah accepta
l'échange ; Abû Bakr récupéra Bilâl et l'affranchit. Abû Bakr
racheta et affranchit six autres esclaves, des femmes, qui étaient
torturées pour leur foi par leurs maîtres païens.
Par la suite, Bilâl accompagna le Prophète et émigra à Médine où le
Messager d'Allâh scella une fraternité entre lui et Abû `Ubaydah Ibn
Al-Jarrâh. [1] Ce fut là-bas, lorsque les musulmans cherchaient une
manière d'appeler à la prière, qu'Allah inspira dans un songe à
`Abdullah Ibn Zayd et à `Umar Ibn Al-Khattâb la formulation de
l'adhân. Quand il fut question de choisir un muezzin, le Prophète
dit à `Abdullah Ibn Zayd : « Enseigne l'adhân à Bilâl car il a une
voix plus douce que la tienne. » [2]
Bilâl accompagna également le Prophète dans plusieurs batailles et
assista à la conquête de la Mecque. Ce jour-là, et dans cette ville
qui avait jadis été le théâtre de la torture de Bilâl, le Prophète
lui ordonna de lever l'adhân au-dessus de la Ka`bah. Le Prophète
ordonna que la porte de la Ka`bah soit ouverte. Il y rentra et
n'emmena avec lui que Bilâl, Usâmah Ibn Zayd et `Uthmân Ibn Talhah
avant de fermer la porte de ce lieu sacré au sein duquel ils
accomplirent la prière [3]. Après cet événement, à chaque fois que
`Umar Ibn Al-Khattâb rencontrait Bilâl, il lui disait : « Abû Bakr
est notre maître et il a affranchi notre maître. » [4] .
Un jour, le Prophète dit à Bilâl : « Ô Bilâl quelle est la meilleure
œuvre que tu as accomplie pendant ton islam et pour laquelle tu
espères la récompense et le pardon d'Allâh ? Au paradis, j'ai
entendu le bruissement de tes chaussures devant moi ! » Bilâl
répondit : « Espérant la récompense et le pardon d'Allah, je n'ai
rien accompli de meilleur que de prier autant qu'Allâh le veuille à
chaque fois que je m'ablutionne, que ce soit le soir où le matin. »
[5]

a suivre
 
suite et fin

Après la mort du Prophète, Bilâl ne put plus lever l'adhân à Médine
et voulut partir pour la Syrie. Il se rendit auprès d'Abû Bakr —
qu'Allah l'agrée — et lui dit : « Ô Calife du Messager d'Allâh ! Un
jour, j'ai entendu le Prophète dire : "La meilleure œuvre du croyant
est le jihâd dans le sentier d'Allâh" et je voudrais me consacrer au
sentier d'Allâh jusqu'à ma mort. » Abû Bakr répondit : « Je t'en
supplie Bilâl, pour l'amour de Dieu, reste à Médine ; j'ai vieilli
et mon terme est proche. » Bilâl répondit : « Si tu m'as affranchi
pour toi-même, empêche moi de partir. Mais si tu m'as affranchi pour
Allah — Exalté soit-Il —, laisse moi partir vers Allah — Exalté soit-
Il —. » Abû Bakr — qu'Allah l'agrée — le laissa partir.
Ce ne fut que lorsque `Umar se rendit en Syrie qu'il ordonna à Bilâl
de lever l'adhân. Et entendant l'adhân de Bilâl, personne ne vit
`Umar pleurer comme ce jour-là.
Après s'être installé en Syrie, Bilâl se maria et y demeura
longtemps sans se rendre à Médine. Un jour, il vit le Prophète lui
dire dans un songe : « Qu'est ce que cet éloignement, Bilâl ? N'est-
il pas temps que tu me rendes visite ? ». Bilâl se réveilla alors
attristé et se dirigea vers Médine jusqu'à ce qu'il arriva au
tombeau du Prophète où il se mit à pleurer. Ensuite, Al-Hasan et Al-
Husayn arrivèrent ; il les serra dans ses bras et les embrassa. Ils
lui dirent : « Nous voudrions que tu lèves l'adhân à l'aube. » Il
monta alors sur le toit de la mosquée et lorsqu'il commença à
dire : « Allahu Akbar, Allahu Akbar ! » (Allah est le plus Grand,
Allah est le Plus Grand), Médine fut secouée. Quand il dit : «
Ashhadu Allâ ilâha illâ Allâh ! » (Je témoigne qu'il n'existe aucune
divinité à l'exception d'Allah), Médine fut secouée davantage.
Lorsqu'il dit : « Ashhadu Anna Muhammadan Rasûlullâh ! » (Je
témoigne que Mohammad est le messager d'Allah), les femmes sortirent
de leurs foyers. Médine, ses hommes et ses femmes, n'avaient jamais
été vus pleurant comme ce jour-là.
Dans son ouvrage encyclopédique Hilyat Al-Awliyâ', Abû Nu`aym
affirme que Bilâl a le même âge qu'Abû Bakr. Il dit également qu'il
était le secrétaire du Prophète.
Lorsqu'il fut temps à l'âme de Bilâl de quitter son corps, il dit à
sa femme : « Ne dis pas "quelle calamité !"
Mais dis plutôt "quelle gaieté !"
Demain je rejoindrai mes bien-aimés,
Mohammad et ses Compagnons »
Al-Bukhârî situe sa mort pendant le califat de `Umar Ibn Al-Khattâb.
`Amr Ibn `Alî la situe en l'an 20 A.H.
 
Ubayy Ibn Ka`b

" Ô Abû Al-Mundhir, sais-tu quel verset du Livre de Dieu est le plus
sublime ? ", demanda l'Envoyé de Dieu — paix et bénédictions sur
lui —. " Allah et Son Prophète sont les plus savants ", lui répondit-
il. Le Prophète — paix et bénédictions sur lui — répéta la question.
Abû Al-Mundhir dit alors :
" Dieu ! Point de divinité à part Lui, le Vivant, Celui qui subsiste
par lui-même. Ni somnolence ni sommeil ne Le saisissent. A lui
appartient tout ce qui est dans les cieux et sur la terre. Qui peut
intercéder auprès de Lui sans Sa permission ? Il connaît leur passé
et leur futur. Et, de Sa science, ils n'embrassent que ce qu'Il
veut. Son Trône déborde les cieux et la terre, dont la garde ne Lui
coûte aucune peine. Et Il est le Très Haut, le Très Grand. " Coran,
sourate Al-Baqarah, 2, verset 255.
Le Prophète — paix et bénédictions sur lui —, de sa main droite,
frappa sa poitrine approuvant ainsi la réponse qu'il venait
d'entendre. Avec sa face rayonnante de bonheur, il dit à Abû Al-
Mundhir : " Que la science te comble Abû Al-Mundhir. "
L'homme (Abû Al-Mundhir) que le Prophète — paix et bénédictions sur
lui — venait de féliciter pour le savoir et l'intelligence que Dieu
lui avait accordés, s'appelait Ubayy Ibn Ka`b, l'un des compagnons
hautement estimés dans la nouvelle communauté musulmane.
Ubayy fut l'un des premiers habitants de Yathrib à embrasser
l'islam. Il appartenait à la tribu des Khazraj. Il fit allégeance au
Prophète — paix et bénédictions sur lui — à Al-`Aqabah avant
l'Hégire. Il participa à la bataille de Badr entre autres.
En tant que scribe, Ubayy écrivait des lettres pour le Prophète —
paix et bénédictions sur lui — et assignait par écrit, avec d'autres
compagnons, les révélations coraniques. C'est pourquoi il avait son
propre codex. Après la mort du Prophète — paix et bénédictions sur
lui —, il faisait partie des quelques vingt cinq personnes qui
connaissaient le Coran entier par cœur.
Il récitait les versets avec une telle intensité et il comprenait le
Coran avec une telle profondeur que le Prophète — paix et
bénédictions sur lui — encouragea ses compagnons à apprendre le
Coran auprès de lui et de trois autres. Plus tard, le Calife `Umar
dit aux musulmans :
" Ô gens ! Celui qui a des questions concernant le Coran, qu'il
s'adresse à Ubayy Ibn Ka`b. Celui qui a des questions sur la
succession et l'héritage, qu'il s'adresse à Zayd Ibn Thâbit. Celui
qui a des questions de jurisprudence, qu'il s'adresse à Mu`âdh Ibn
Jabal. Pour ce qui est des questions d'ordre financier, qu'il
s'adresse à moi. "
Un jour, le Prophète — paix et bénédictions sur lui — dit : " Ô
Ubayy Ibn Ka`b ! On m'a ordonné de te montrer et de t'exposer le
Coran. " Ubayy était plus que comblé à l'écoute de cela. C'était
pour lui un grand honneur car il savait bien que le Prophète — paix
et bénédictions sur lui — ne recevait des ordres que de Dieu.
Incapable de contrôler sa joie et son enthousiasme, Ubayy demanda :
" Ô Messager de Dieu. Mon nom a-t-il été explicitement cité ?
- Oui, répondit le Prophète — paix et bénédictions sur lui —, " par
ton nom et par ton ascendance (nasab) dans les plus hauts cieux. "
L'homme dont le nom avait été ainsi mentionné au Prophète — paix et
bénédictions sur lui — devait certainement être très doué et d'une
grande valeur.
Ubayy tira profit des enseignements, de la douceur et de la noblesse
du Prophète — paix et bénédictions sur lui —. Il relate que le
Prophète — paix et bénédictions sur lui — lui avait demandé :
" Veux-tu que je t'enseigne une sourate, qui n'a sa pareille ni dans
la Torah (Tawrah), ni dans l'Evangile (Injil), ni dans le Zabur, ni
dans le Coran ?
- Certainement , répondit Ubayy.
- J'aimerais que tu ne partes pas sans la connaître ", dit le
Prophète — paix et bénédictions sur lui — prolongeant volontairement
le suspense.
Ubayy poursuit son récit : " Il se levait et je me levai avec lui.
Il commença à parler, ma main dans la sienne. J'essayai de le
retenir de crainte qu'il ne parte sans citer la sourate en question.
Au seuil de la porte, je demandai : " Ô Messager de Dieu ! La
sourate dont tu m'as parlé... ".

a suivre
 
suite et fin

Il demanda : " Que récites-tu quand tu es debout pour la prière ?"
Je lui récitai alors Fatihat Al-Kitab (la première sourate du
Coran). Il s'exclama : " C'est celle-ci ! C'est celle-ci ! Ce sont
les sept versets les plus répétés. Dieu, Tout-puissant a dit : Nous
t'avons certes donné les sept versets répétés, ainsi que le Coran
sublime. ". "
La dévotion d'Ubayy pour le Coran était intransigeante. La réponse
d'Ubayy à un homme venu lui demander conseil donne une idée de
l'importance du Coran : " Fais du Livre de Dieu ton guide (imam).
Sois satisfait de ses règles et prends-le pour juge. Le Coran, legs
du Prophète — paix et bénédictions sur lui —, doit être appliqué. Il
intercédera alors en votre faveur auprès de Dieu... "
Après la mort du Prophète — paix et bénédictions sur lui —, Ubayy
resta fortement attaché à l'islam et engagé pour le Coran et la
Sunnah. Il était constant dans son adoration et sa dévotion
(`ibâdah). Il restait souvent à la mosquée après la dernière prière
obligatoire pour adorer Dieu ou pour enseigner. Un soir, lui et
d'autres musulmans invoquaient Dieu dans la mosquée après la prière.
Le Calife Umar se joignit à l'assemblée et demanda à chacun de
réciter une invocation. Quand vint son tour, Ubayy, intimidé par la
présence du Calife assis près de lui, était confus. `Umar lui
suggéra : " Allahumma ighfir lanâ. Allahumma irhamnâ. Ô Dieu,
pardonne-nous. Ô Dieu, déverse ta Miséricorde sur nous. "
La piété guidait la vie simple que menait Ubayy. Il ne se laissa pas
corrompre, ni tromper par la vie d'ici-bas. Réaliste, il était
conscient que le confort et le luxe étaient éphémères et que seules
les bonnes actions étaient profitables. Il mettait constamment en
garde les musulmans leur rappelant les conditions de vie des
musulmans du temps du Prophète — paix et bénédictions sur lui —,
leur dévouement à l'islam à l'époque, leur simplicité et leur sens
du sacrifice. De nombreux musulmans venaient lui demander conseil ou
simplement profiter de sa science. Un jour, Ubayy dit à l'un d'entre
eux :
" Le croyant a quatre caractéristiques. S'il est affligé par un
malheur, il reste ferme et patient. S'il reçoit un bienfait, il est
reconnaissant. S'il parle, il ne dit que la vérité. S'il juge une
affaire, il est juste. "
Les musulmans tenaient Ubayy en haute estime. Il était largement
connu sous l'appellation que `Umar lui donna : "sayyid" (maître) des
musulmans. Il faisait partie du comité consultatif auquel le Calife
Abû Bakr soumettait des problèmes. Ce conseil mêlait des Muhâjirin
(Emigrés) et des Ansars (Médinois ayant soutenu et acueilli les
Emigrés) doués de bon sens, fins connaisseurs de la Loi et capables
de jugement. Ce comité était composé de `Umar, `Uthmân, `Alî, `Abd
Ar-Rahmân Ibn Awf, Mu`âdh Ibn Jabal, Ubayy Ibn Ka`b et Zayd Ibn
Hârith. Plus tard, `Umar consulta ce même groupe pendant son
Califat. Pour les jugements légaux (fatwas) en particulier, il se
référait à `Uthman, Ubayy et Zayd Ibn Thâbit.
Etant donné son haut statut, on pouvait s'attendre à ce qu'Ubayy
occupe un poste de responsable administratif, dans le cadre de
l'Etat musulman alors en pleine expansion. Du temps du Prophète —
paix et bénédictions sur lui —, Ubayy avait été, en effet, "
percepteur " des aumônes (zakat, impôt purificateur et dons des
musulmans...). Ubayy finit par demander à `Umar :
" Quel est le problème ? Pourquoi ne me nommes-tu pas gouverneur ?
- Je ne veux pas que ta religion soit corrompue ", répondit Umar.
Ubayy fut probablement poussé à poser explicitement la question
quand il vit les musulmans s'éloigner de la pureté de foi et de
l'esprit du sacrifice dominant à l'époque du Prophète — paix et
bénédictions sur lui —. L'attitude trop mielleuse et trop adulatrice
de nombreux musulmans à l'égard de leurs gouverneurs menaçait, selon
lui, les gouverneurs et les gouvernés.
Ubayy, pour sa part, était toujours honnête et franc dans ses
transactions avec les autorités. A part Dieu, il ne craignait
personne. Il agissait comme une sorte de conscience pour les
musulmans. Ubayy craignait pour la communauté musulmane qu'un jour
un conflit sérieux n'oppose les musulmans. Ce verset du Coran le
touchait profondément :
" Dis : ‹Il est capable, Lui, de susciter contre vous, d'en haut, ou
de dessous vos pieds, un châtiment, ou de vous confondre dans le
sectarisme. Et Il vous fait goûter l'ardeur [au combat] les uns aux
autres.› Regarde comment Nous exposons Nos versets. Peut-être
comprendront-ils ? " Coran, sourate al An'am 6, verset 65.
Il priait alors avec ferveur Dieu de le guider et de lui accorder Sa
clémence et Son pardon. Ubayy mourut en l'an 29 de l'Hégire pendant
le califat de Uthman.
P.-S.
Traduit de Companions of The Prophet, Vol.1, écrit par Abdul Wâhid
Hâmid.
 
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