La Chine ratifie un traité d’extradition des Ouïgours avec la Turquie

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La Chine a annoncé samedi 26 décembre la ratification d’un traité d’extradition avec la Turquie : un texte que Pékin veut notamment utiliser pour accélérer le retour de certains Ouïgours soupçonnés de « terrorisme » et réfugiés en Turquie.

Même si le parlement turc n’a pas encore ratifié cet accord (signé en 2017), l’initiative devrait susciter l’inquiétude au sein de l’importante diaspora ouïgoure (estimée à 50 000 personnes) présente en Turquie. La Turquie a des liens linguistiques et culturels avec les Ouïgours, une minorité turcophone et musulmane. Ankara a longtemps été l’un des principaux défenseurs de leur cause sur la scène internationale, avant de se faire plus discret.

La Chine a engagé, dans la région du Xinjiang (nord-ouest), une politique de surveillance maximale des Ouïgours après que de nombreux attentats meurtriers ont été commis contre des civils, attentats dont Pékin attribue la responsabilité à la mouvance séparatiste et islamiste ouïgoure.

Selon des experts étrangers, les autorités chinoises ont interné au moins un million de personnes – ouïgoures notamment – dans des « camps ». Pékin parle de « centres de formation professionnelle », destinés à aider la population à trouver un emploi et, ainsi, à l’éloigner de l’extrémisme. S’estimant victimes de persécution, de nombreux Ouïgours ont fui en Turquie.

« Le comité permanent de l’Assemblée nationale populaire a ratifié » le « traité d’extradition » sino-turc, a annoncé dans un court communiqué le parlement chinois.

Le texte prévoit toutefois plusieurs motifs de refus. C’est notamment le cas si l’Etat auquel est soumise la demande d’extradition l’estime liée à un « crime politique », si la personne visée est l’un de ses citoyens, ou encore si cette dernière bénéficie du droit d’asile.

« Ce traité d’extradition va provoquer la panique parmi les Ouïgours ayant fui la Chine et n’ayant pas encore la citoyenneté turque », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Dilxat Raxit, porte-parole du Congrès mondial ouïgour, organisation d’exilés siégeant en Allemagne. « Nous appelons le gouvernement turc […] à empêcher que ce traité devienne un instrument de persécution », a-t-il ajouté, assurant que Pékin exerçait une pression économique sur la Turquie afin qu’elle ratifie le traité.

La question est délicate pour Ankara, car les Turcs sont globalement sensibles à la cause ouïgoure. Des articles de presse accusant la Turquie de discrètement expulser des Ouïgours vers la Chine avaient ainsi provoqué un tollé dans l’opinion.

La Turquie est le seul pays à majorité musulmane à avoir jusqu’ici dénoncé publiquement le traitement des Ouïgours. Le ministre turc des affaires étrangères l’avait ainsi qualifié début 2019 de « honte pour l’humanité ». Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, avait cependant vanté l’an passé en Chine la politique menée au Xinjiang, y jugeant les gens « heureux », selon des propos rapportés par l’agence officielle Chine nouvelle.
 
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