Il se forme sur le marché immobilier chinois une bulle qui va certainement encore enfler avant d'éclater. Elle n'est pas très visible dans les séries statistiques officielles, car la lecture des évolutions d'une année sur l'autre est brouillée par les initiatives intempestives et massives de l'Etat pour calmer le jeu ou, au contraire, stimuler le secteur.
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Ce qui semble certain, c'est que les conditions favorables aux bulles sont réunies : les capitaux sont disponibles en quantité et les comportements, tant des vendeurs que des acheteurs, sont irrationnels. L'évolution récente du marché est symptomatique : les derniers chiffres officiels indiquent qu'entre juin et juillet la valeur du mètre carré à la vente a gagné 7 % en un mois. Les prix ont augmenté dans 63 grandes villes sur 70, y compris à Canton et à Shenzhen, où l'activité repose pour beaucoup sur les exportations.
DES PRIX TRÈS ÉLEVÉS
Au regard des références internationales, les prix chinois sont très élevés. Lorsqu'ils souhaitent accéder à la propriété, les habitants doivent consacrer trois mois de salaire à l'achat d'un mètre carré, selon les statistiques officielles. Au Royaume-Uni, un pays dont on peut difficilement dire que l'immobilier y est bon marché, seulement 1,1 mois de salaire est nécessaire.
Deux facteurs poussent les prix vers les sommets. D'abord, il est facile d'emprunter pour acquérir son logement. Les candidats à l'accession à la propriété peuvent obtenir une décote de 30 % sur des taux de base qui ont été eux-mêmes abaissés à cinq reprises. D'après Citigroup, la part du budget des ménages consacrée au remboursement d'emprunts immobiliers a baissé de 29 %, mais elle représente 34 % du revenu, ce qui est bien supérieur aux 20 % relevés par les statistiques au Royaume-Uni. Le second facteur est lié aux anticipations négatives des ménages. Ils redoutent que l'inflation, alimentée par l'abondance toute nouvelle du crédit, ne vienne entamer la valeur de leur épargne. L'immobilier apparaît comme une valeur refuge.
La logique psychologique des promoteurs ne fait qu'aggraver les choses. Habituellement, ils vendent des logements finis pour récolter les fonds nécessaires à l'acquisition de nouveaux terrains. Mais, quand les capitaux sont disponibles à peu de frais, ils sont moins pressés de vendre.
Les plus importants d'entre eux, souvent contrôlés par l'Etat, font feu de tout bois, mobilisant leurs bénéfices et les possibilités offertes tant par l'emprunt que par la Bourse pour acheter des terrains à des prix records. On les appelle là-bas les "rois du marché foncier". Les stocks de logements achevés étant au plus bas, les vendeurs pourraient maintenant être tentés de contingenter leur offre pour faire monter les prix.
Cette configuration favorable, pour les propriétaires, s'évanouira quand les banques décideront de donner un coup de frein au crédit. Vendeurs et acheteurs en subiront le préjudice. Les acquéreurs verront leur budget immobilier très amputé. Les promoteurs seront confrontés à l'effondrement des prix et devront vendre davantage de logements pour lever rapidement des capitaux.
C'est le scénario auquel on devrait très bientôt assister, alors que les promoteurs finalisent des montagnes de nouveaux programmes spéculatifs. Une fois que la bulle aura éclaté, Pékin aura bien des difficultés à endiguer le raz-de-marée.
lemonde.fr
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Ce qui semble certain, c'est que les conditions favorables aux bulles sont réunies : les capitaux sont disponibles en quantité et les comportements, tant des vendeurs que des acheteurs, sont irrationnels. L'évolution récente du marché est symptomatique : les derniers chiffres officiels indiquent qu'entre juin et juillet la valeur du mètre carré à la vente a gagné 7 % en un mois. Les prix ont augmenté dans 63 grandes villes sur 70, y compris à Canton et à Shenzhen, où l'activité repose pour beaucoup sur les exportations.
DES PRIX TRÈS ÉLEVÉS
Au regard des références internationales, les prix chinois sont très élevés. Lorsqu'ils souhaitent accéder à la propriété, les habitants doivent consacrer trois mois de salaire à l'achat d'un mètre carré, selon les statistiques officielles. Au Royaume-Uni, un pays dont on peut difficilement dire que l'immobilier y est bon marché, seulement 1,1 mois de salaire est nécessaire.
Deux facteurs poussent les prix vers les sommets. D'abord, il est facile d'emprunter pour acquérir son logement. Les candidats à l'accession à la propriété peuvent obtenir une décote de 30 % sur des taux de base qui ont été eux-mêmes abaissés à cinq reprises. D'après Citigroup, la part du budget des ménages consacrée au remboursement d'emprunts immobiliers a baissé de 29 %, mais elle représente 34 % du revenu, ce qui est bien supérieur aux 20 % relevés par les statistiques au Royaume-Uni. Le second facteur est lié aux anticipations négatives des ménages. Ils redoutent que l'inflation, alimentée par l'abondance toute nouvelle du crédit, ne vienne entamer la valeur de leur épargne. L'immobilier apparaît comme une valeur refuge.
La logique psychologique des promoteurs ne fait qu'aggraver les choses. Habituellement, ils vendent des logements finis pour récolter les fonds nécessaires à l'acquisition de nouveaux terrains. Mais, quand les capitaux sont disponibles à peu de frais, ils sont moins pressés de vendre.
Les plus importants d'entre eux, souvent contrôlés par l'Etat, font feu de tout bois, mobilisant leurs bénéfices et les possibilités offertes tant par l'emprunt que par la Bourse pour acheter des terrains à des prix records. On les appelle là-bas les "rois du marché foncier". Les stocks de logements achevés étant au plus bas, les vendeurs pourraient maintenant être tentés de contingenter leur offre pour faire monter les prix.
Cette configuration favorable, pour les propriétaires, s'évanouira quand les banques décideront de donner un coup de frein au crédit. Vendeurs et acheteurs en subiront le préjudice. Les acquéreurs verront leur budget immobilier très amputé. Les promoteurs seront confrontés à l'effondrement des prix et devront vendre davantage de logements pour lever rapidement des capitaux.
C'est le scénario auquel on devrait très bientôt assister, alors que les promoteurs finalisent des montagnes de nouveaux programmes spéculatifs. Une fois que la bulle aura éclaté, Pékin aura bien des difficultés à endiguer le raz-de-marée.
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