Cest la nuit à Tel-Aviv. Yolande Zauberman parcourt les fêtes, les boîtes et même les motards, armée dune lampe torche, dun Leica et dun enregistreur portatif. Cest un film daction, à cause du halo de la lampe qui trace un tunnel dans limage.
Elle pose la question dans un anglais à couper au camembert : «Would you have sex with an Arab ?» Elle dit la phrase tantôt dun trait, impérieuse, tantôt en susurrant et en articulant exagérément, comme si elle soffrait elle-même. Cest quasi une performance artistique : effraction dans les certitudes des interlocuteurs. Régulièrement, elle change, selon à qui elle sadresse : «Would have sex with an Israeli Jew ?» Certains réfléchissent, dautres écarquillent les yeux, font répéter, quelques-unes disent «oui» et ajoutent en général : «Je lai déjà fait.»
Paix. On imagine lhorreur si Zauberman avait posé la même question en France et au pif dans nos campagnes et nos villes. Heureusement, elle se contente de ninterroger que des Israéliens, tantôt juifs, tantôt musulmans (il y a 1,5 million dArabes israéliens, majoritairement musulmans), dans une ville branchée. Son corpus est constitué dintellectuels (on voit Elève libre de Joachim Lafosse derrière un des interviewés), détudiants qui se disent athées, de DJ, de transgenres superstars («la Fiancée palestinienne») ou de directeurs de théâtre - dont Juliano Mer-Khamis, né de parents juif et arabe, assassiné peu après le tournage, et à qui le film est dédié.
http://next.liberation.fr/cinema/2012/09/11/la-face-couchee-d-israel_845557
Elle pose la question dans un anglais à couper au camembert : «Would you have sex with an Arab ?» Elle dit la phrase tantôt dun trait, impérieuse, tantôt en susurrant et en articulant exagérément, comme si elle soffrait elle-même. Cest quasi une performance artistique : effraction dans les certitudes des interlocuteurs. Régulièrement, elle change, selon à qui elle sadresse : «Would have sex with an Israeli Jew ?» Certains réfléchissent, dautres écarquillent les yeux, font répéter, quelques-unes disent «oui» et ajoutent en général : «Je lai déjà fait.»
Paix. On imagine lhorreur si Zauberman avait posé la même question en France et au pif dans nos campagnes et nos villes. Heureusement, elle se contente de ninterroger que des Israéliens, tantôt juifs, tantôt musulmans (il y a 1,5 million dArabes israéliens, majoritairement musulmans), dans une ville branchée. Son corpus est constitué dintellectuels (on voit Elève libre de Joachim Lafosse derrière un des interviewés), détudiants qui se disent athées, de DJ, de transgenres superstars («la Fiancée palestinienne») ou de directeurs de théâtre - dont Juliano Mer-Khamis, né de parents juif et arabe, assassiné peu après le tournage, et à qui le film est dédié.
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