Santé Focus, à l'occasion des Entretiens de Bichat, sur un mal qui touche un Français sur deux
Emotionnelle, nerveuse ou sexuelle, la fatigue chronique est protéiforme. Conséquence d'un rythme de vie urbain particulièrement trépidant ou d'un métier stressant cumulé à d'innombrables sollicitations (téléphone, courriels, etc.), elle atteint chaque année un Français sur deux. Un syndrome qui se distingue nettement de la simple fatigue, suite logique d'un effort soutenu ou d'un coucher trop tardif, et résolue par le sommeil. « La fatigue chronique, explique Yann Rougier, médecin spécialiste en neurobiologie et neurosciences, résulte d'un déséquilibre entre notre yin et notre yang, d'une prise de pouvoir des hormones du stress [adrénaline et cortisol] sur celles du plaisir [sérotonine et dopamine] ».
Sensibilité aux virus
« Or, poursuit-il, si notre époque a gagné en confort physique, elle a beaucoup perdu en confort neuropsychique. » A la racine de ce syndrome, une « pression psychique » trop importante qui conduit à fragiliser nos systèmes immunitaire et hormonal, révélant plusieurs symptômes : sensibilité accrue aux virus, manque de concentration, baisse de moral ou troubles de la mémoire et du sommeil. Si la maladie touche indifféremment hommes et femmes, les deux sexes ne sont pas égaux. Grâce à leur système de détox très sophistiqué (les règles), les femmes résisteraient mieux nerveusement. Plus résistants à la fatigue, les hommes seraient, en revanche, victimes de ruptures plus fortes et plus durables. Pour faire face à cette fatigue, Yann Rougier préconise moins une solution médicamenteuse qu'humaine. « Terminé le XXe siècle lors duquel on s'abandonnait à la médecine les yeux fermés. Aujourd'hui, on sait que le médicament ne soigne pas tout », explique-t-il. C'est au patient de reprogrammer ses équilibres internes via une redécouverte de ses chronorythmes, dans son sommeil, son alimentation et son travail. Via également les vertus de la pensée guidée. Une méthode aussi puissante qu'un médicament, et dont l'efficacité fut prouvée dès le XVIIIe siècle.
Ingrid Gallou
source 20 minutes
http://www.20minutes.fr/article/602740/societe-la-fatigue-chronique-syndrome-bien-vivace