Alors que le monde occidental senfonce chaque jour un peu plus dans une crise économique qui est en fait avant tout une crise morale, la finance islamique attire toujours plus dépargnants. Sens moral, rigueur, investissements socialement responsables... mais également opacité et manque dhomogénéisation, un point sur ce quest la finance islamique, de ses principes à quelques applications
Franchement, la première fois que jai entendu parler de "finance islamique", jai eu un mouvement de recul. Non pas par xénophobie, plus par une méfiance à-priori face au mélange de largent et de la religion. Parle t-on de "finance catholique" ou de "finance juive" ? Non, et cela sonnerait tout aussi bizarrement à mes oreilles. Sauf quhier, lémission "Décryptage" de Rfi était consacré à ce sujet qui fait débat, et lintérêt de cette émission, cest un peu de donner un cours pour les nuls en la matière. Et force est de constater que jai été agréablement surpris par ce que jai entendu.
Cest surtout en comparaison avec la crise internationale que ce type de financement prend tout son sens. Car le constat côté "finance classique" est plus que simple : lavarice, la pingrerie, et la malhonnêteté des financiers ont entraîné le monde sur une pente descendante. Faire crédit à des ménages insolvables ? Pas de souci ! Noyer ces dettes "pourries" parmi dautre produits ? Un dérivé, et cest joué ! Et cest sans parler du cas Madoff qui est pour moi de lordre de lhallucination, je croyais que les systèmes pyramidaux ne concernaient que les pays les plus corrompus et les moins avancés, mais non, il sagit bien dune arnaque ultra-simple et très efficace dont lorigine est... un ancien patron des Bourses américaines, ancien membre de la SEC, le gendarme boursier américain. On pourrait écrire longtemps sur ce thème, mais je crois que la finance classique a prouvé à quel point le manque, labsence de valeurs et de normes pouvait faire mal. Et encore, on en est quau début.
Que peut apporter la finance islamique à ce sujet ? Quelle est sa différence ? Il sagit de "respecter les principes religieux tout en assurant des rendements compétitifs". Point de départ simple, auquel Anouar Hassoune, qui travaille chez Moodys à la notation de ces banques islamiques, apporte sa contribution dexpert. De manière pédagogique, M. Hassoune décrit les 5 grands principes de la finance islamique, qui fait partie de la finance éthique (qui vise à financer des projets socialement responsables).
* 3 principes dits "négatifs" :
o interdiction de lintérêt (lEglise Catholique a levé ce principe en 1830, source Wikipédia)
o interdiction d financer des secteurs illicites (pour lIslam : larmement, le porc, la cigarette et lalcool)
o interdiction de la spéculation et de lincertitude sur les termes contractuels. On toussote un peu, cest exactement lorigine de "notre" crise que lon exporte par ailleurs un peu partout.
* 2 obligations "positives"
o partage des pertes et des profits entre les parties prenantes (vous en connaissez beaucoup vous, des banques qui financeraient votre activité en période de crise ?)
o adosser toutes les opérations financières à des acifs réel. Là encore, la crise "occidentale" fait mal à nos consciences : pourquoi avoir spéculé sur largent et bati autant de montages déconnectés de léconomie réelle ?
Les postulats de base de la finance islamique sont donc à priori très bien perçus en cette période de crise. De plus, les institutions de finance islamique ne sont pas autorisées à financer des activités trop endettées (au-delà de 33%, à comparer avec le taux dendettement des ménages américains de 120% !). Et devinez quoi ? Eh bien ces banques ne connaissent pas la crise et nont pas de subprimes dans leurs fichiers, car elles nont pas le droit dinvestir dans des "produits structurés", ces "lots" dans lesquels le meilleur cotoie le pire...
Alors tout est-il rose dans le monde de la finance islamique ? Evidemment non, le principal problème réside, étrangemment, dans un manque de transparence, pas entre les banquiers et leurs activités, mais dans la propriété effective de ces institutions. Qui les possède ? A quels niveaux ? Dans quel objectif ? Economique ? Politique ? Cest souvent difficile de le savoir, ce qui nest pas pour rassurer. Elles sont gérées dans une certaine opacité, de par le fait de leur implantation dans des pays à gouvernance faible, et parce que leurs normes comptables ne sont pas toutes homogénéisées... Doù aussi leur requête auprès des grandes agences de notations internationales.
Enfin cest une affaire à suivre !
Luc Delporte - Agoravox
Franchement, la première fois que jai entendu parler de "finance islamique", jai eu un mouvement de recul. Non pas par xénophobie, plus par une méfiance à-priori face au mélange de largent et de la religion. Parle t-on de "finance catholique" ou de "finance juive" ? Non, et cela sonnerait tout aussi bizarrement à mes oreilles. Sauf quhier, lémission "Décryptage" de Rfi était consacré à ce sujet qui fait débat, et lintérêt de cette émission, cest un peu de donner un cours pour les nuls en la matière. Et force est de constater que jai été agréablement surpris par ce que jai entendu.
Cest surtout en comparaison avec la crise internationale que ce type de financement prend tout son sens. Car le constat côté "finance classique" est plus que simple : lavarice, la pingrerie, et la malhonnêteté des financiers ont entraîné le monde sur une pente descendante. Faire crédit à des ménages insolvables ? Pas de souci ! Noyer ces dettes "pourries" parmi dautre produits ? Un dérivé, et cest joué ! Et cest sans parler du cas Madoff qui est pour moi de lordre de lhallucination, je croyais que les systèmes pyramidaux ne concernaient que les pays les plus corrompus et les moins avancés, mais non, il sagit bien dune arnaque ultra-simple et très efficace dont lorigine est... un ancien patron des Bourses américaines, ancien membre de la SEC, le gendarme boursier américain. On pourrait écrire longtemps sur ce thème, mais je crois que la finance classique a prouvé à quel point le manque, labsence de valeurs et de normes pouvait faire mal. Et encore, on en est quau début.
Que peut apporter la finance islamique à ce sujet ? Quelle est sa différence ? Il sagit de "respecter les principes religieux tout en assurant des rendements compétitifs". Point de départ simple, auquel Anouar Hassoune, qui travaille chez Moodys à la notation de ces banques islamiques, apporte sa contribution dexpert. De manière pédagogique, M. Hassoune décrit les 5 grands principes de la finance islamique, qui fait partie de la finance éthique (qui vise à financer des projets socialement responsables).
* 3 principes dits "négatifs" :
o interdiction de lintérêt (lEglise Catholique a levé ce principe en 1830, source Wikipédia)
o interdiction d financer des secteurs illicites (pour lIslam : larmement, le porc, la cigarette et lalcool)
o interdiction de la spéculation et de lincertitude sur les termes contractuels. On toussote un peu, cest exactement lorigine de "notre" crise que lon exporte par ailleurs un peu partout.
* 2 obligations "positives"
o partage des pertes et des profits entre les parties prenantes (vous en connaissez beaucoup vous, des banques qui financeraient votre activité en période de crise ?)
o adosser toutes les opérations financières à des acifs réel. Là encore, la crise "occidentale" fait mal à nos consciences : pourquoi avoir spéculé sur largent et bati autant de montages déconnectés de léconomie réelle ?
Les postulats de base de la finance islamique sont donc à priori très bien perçus en cette période de crise. De plus, les institutions de finance islamique ne sont pas autorisées à financer des activités trop endettées (au-delà de 33%, à comparer avec le taux dendettement des ménages américains de 120% !). Et devinez quoi ? Eh bien ces banques ne connaissent pas la crise et nont pas de subprimes dans leurs fichiers, car elles nont pas le droit dinvestir dans des "produits structurés", ces "lots" dans lesquels le meilleur cotoie le pire...
Alors tout est-il rose dans le monde de la finance islamique ? Evidemment non, le principal problème réside, étrangemment, dans un manque de transparence, pas entre les banquiers et leurs activités, mais dans la propriété effective de ces institutions. Qui les possède ? A quels niveaux ? Dans quel objectif ? Economique ? Politique ? Cest souvent difficile de le savoir, ce qui nest pas pour rassurer. Elles sont gérées dans une certaine opacité, de par le fait de leur implantation dans des pays à gouvernance faible, et parce que leurs normes comptables ne sont pas toutes homogénéisées... Doù aussi leur requête auprès des grandes agences de notations internationales.
Enfin cest une affaire à suivre !
Luc Delporte - Agoravox