Avec les événements qui ont bercé la vie de son équipe de football ces derniers jours, et ceux qui ne devraient pas tarder à survenir, la France va pouvoir continuer son activité favorite : raconter tout et son contraire, et surtout nimporte quoi.
Tout, cest à dire tout le fiel quelle pourra déverser sur ses joueurs de foot. Coupables, forcément coupables. De gagner trop de fric, de vivre et penser comme des porcs, dêtre arrogants, dêtre méchants, dêtre frondeurs, voire dêtre noirs, musulmans, et de venir de banlieue. Le pays va mal, et nos coupables sont tout désignés. Ce sont nos joueurs de foot.
Analystes sociologiques, hommes politiques, experts démographiques, tribuns anachroniques, Chantal et Monique, tous y vont de leurs commentaires avisés, de leurs paroles expertes, persuadés de lire dans les tribulations dune équipe de foot en dérive le pourquoi et le comment dun pays qui, manifestement, se cherche. Choc des civilisations, génération caillera, équipes de voyous, et patati et patata. Et Finkielkraut, un exemple parmi tant dautres, qui parle de faire jouer des gentlemen... Et des bons joueurs de foot, non ? La France vide son sac, et semble prête à tout.
Et aussi à son contraire, ou quand les esprits désireux dêtre toujours à contre-courant viennent sinscrire en pro-Anelka, pro-Domenech, pro-pagande. Ne pas crier avec les loups, ok, mais de là à prendre la défense dun débile, ou dun incompétent... Faut pas déconner. Aujourdhui, en pleine Coupe du Monde, la France raconte donc nimporte quoi. Elle en est réduite à se dire que les aventures de son équipe de foot sont bien plus divertissantes que la plus cool des séries télé. On se console comme on peut. Toutefois, cette posture adoptée par beaucoup de supporters de lEDF pour ne pas perdre la face met le doigt sur quelque chose dessentiel. Aujourdhui, léquipe de France de football est effectivement en représentation. Comme une parodie delle-même, enfin de ce quelle devrait être. Elle est prise à son propre piège.
A force de proposer un jeu indigent, et à force de refuser de sen expliquer, les joueurs et leurs sélectionneur ont donné le pli à tout un peuple qui na pas hésité à parler dautre chose, puisquil fallait bien continuer à parler de son équipe de foot. Affaires de murs, affaires de fric, affaires sociales ; à faire si peu sur le terrain, lEDF sest retrouvée scrutée sous tous les angles, toutes les coutures, toutes les formes. Forcément, à ce petit jeu-là, elle nen est pas sortie grandie. Comme nimporte quelle équipe de foot au monde qui aurait subi pareil traitement. Aussi, les joueurs se retournent aujourdhui contre la presse. Soit, mais cest avant tout contre eux quils devraient se retourner. Et se concentrer sur ce quils sont censés faire, ni plus ni moins : défendre la France sur les terrains de foot.
Dailleurs, il reste encore un match dans cette coupe du monde, mais cest devenu pour le moins accessoire. Les joueurs de léquipe de France sont bien trop occupés à trouver le traître, les gens de la fédération un parachute, le milieu du foot un coupable, et le pays un expiatoire. Les réactions ne vont cesser daffluer. Parfois violentes, souvent stupides, toujours disproportionnées. Comme toujours quand la France perd (Euro 2002, main dHenry, etc.). Comme toujours aussi quand la France gagne (1998, la France black blanc beur, etc.). Elle perd la tête. La France ne sait pas perdre, la France ne sait pas gagner, la France ne comprend rien au foot. Heureusement, ailleurs, le jeu continue.
Simon Capelli-Welter
so foot
Tout, cest à dire tout le fiel quelle pourra déverser sur ses joueurs de foot. Coupables, forcément coupables. De gagner trop de fric, de vivre et penser comme des porcs, dêtre arrogants, dêtre méchants, dêtre frondeurs, voire dêtre noirs, musulmans, et de venir de banlieue. Le pays va mal, et nos coupables sont tout désignés. Ce sont nos joueurs de foot.
Analystes sociologiques, hommes politiques, experts démographiques, tribuns anachroniques, Chantal et Monique, tous y vont de leurs commentaires avisés, de leurs paroles expertes, persuadés de lire dans les tribulations dune équipe de foot en dérive le pourquoi et le comment dun pays qui, manifestement, se cherche. Choc des civilisations, génération caillera, équipes de voyous, et patati et patata. Et Finkielkraut, un exemple parmi tant dautres, qui parle de faire jouer des gentlemen... Et des bons joueurs de foot, non ? La France vide son sac, et semble prête à tout.
Et aussi à son contraire, ou quand les esprits désireux dêtre toujours à contre-courant viennent sinscrire en pro-Anelka, pro-Domenech, pro-pagande. Ne pas crier avec les loups, ok, mais de là à prendre la défense dun débile, ou dun incompétent... Faut pas déconner. Aujourdhui, en pleine Coupe du Monde, la France raconte donc nimporte quoi. Elle en est réduite à se dire que les aventures de son équipe de foot sont bien plus divertissantes que la plus cool des séries télé. On se console comme on peut. Toutefois, cette posture adoptée par beaucoup de supporters de lEDF pour ne pas perdre la face met le doigt sur quelque chose dessentiel. Aujourdhui, léquipe de France de football est effectivement en représentation. Comme une parodie delle-même, enfin de ce quelle devrait être. Elle est prise à son propre piège.
A force de proposer un jeu indigent, et à force de refuser de sen expliquer, les joueurs et leurs sélectionneur ont donné le pli à tout un peuple qui na pas hésité à parler dautre chose, puisquil fallait bien continuer à parler de son équipe de foot. Affaires de murs, affaires de fric, affaires sociales ; à faire si peu sur le terrain, lEDF sest retrouvée scrutée sous tous les angles, toutes les coutures, toutes les formes. Forcément, à ce petit jeu-là, elle nen est pas sortie grandie. Comme nimporte quelle équipe de foot au monde qui aurait subi pareil traitement. Aussi, les joueurs se retournent aujourdhui contre la presse. Soit, mais cest avant tout contre eux quils devraient se retourner. Et se concentrer sur ce quils sont censés faire, ni plus ni moins : défendre la France sur les terrains de foot.
Dailleurs, il reste encore un match dans cette coupe du monde, mais cest devenu pour le moins accessoire. Les joueurs de léquipe de France sont bien trop occupés à trouver le traître, les gens de la fédération un parachute, le milieu du foot un coupable, et le pays un expiatoire. Les réactions ne vont cesser daffluer. Parfois violentes, souvent stupides, toujours disproportionnées. Comme toujours quand la France perd (Euro 2002, main dHenry, etc.). Comme toujours aussi quand la France gagne (1998, la France black blanc beur, etc.). Elle perd la tête. La France ne sait pas perdre, la France ne sait pas gagner, la France ne comprend rien au foot. Heureusement, ailleurs, le jeu continue.
Simon Capelli-Welter
so foot