La France et le génocide Tutsi : une audience historique

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اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
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Publié le 19 octobre 2024
Complicité de la France dans le génocide des Tutsis au Rwanda

L’association Survie soutient les réquérant.es rescapé.es du génocide des Tutsis au Rwanda dans le contentieux administratif pour établir les responsabilités de l’État français dans le génocide. Le Tribunal administratif examinera cette requête le 24 octobre. Voici le communiqué de presse du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR) sur cette audience cruciale.

Le 24 octobre 2024, le Tribunal administratif examinera une requête portant sur la responsabilité de l’État français dans le génocide Tutsi, et son action de 1990 à 1994. Il s’agit de faire reconnaître le caractère gravement fautif et systémique d’une série d’actes manifestement illégaux.

En 2023 des rescapés du génocide Tutsi et deux associations (le CPCR et Rwanda avenir) ont déposé une requête devant le Tribunal administratif de Paris. Elle porte sur l’action de l’Etat français au Rwanda de 1990 à 1994 et sa responsabilité dans le génocide (avril-juillet 1994).

Il s’agit de faire reconnaître le caractère gravement fautif et systémique d’une série d’actes manifestement illégaux. De faire reconnaître que par son imbrication dans les instances décisionnelles de l’état rwandais, l’Etat français ne pouvait méconnaître ni le projet génocidaire, ni le coup d’état effectué pour l’accomplir, ni l’attentat constitutif de ce coup d’état. Il pouvait éviter ce génocide : non seulement il n’en a rien fait, mais son soutien politique, diplomatique, militaire aux extrémistes hutus a été continu avant, pendant et après le génocide qu’ils ont commis.

Les trois mémoires des requérants visent notamment à faire dire le droit au sujet des interventions militaires françaises. L’opération Noroît (octobre 1990 - décembre 1993), en détournement d’un traité d’assistance de 1975, devenue une co-belligérence de fait au prétexte fallacieux d’une agression étrangère. L’opération Amaryllis (avril 1994), constitutive de non-assistance à personne en danger. L’opération Turquoise (juin-août 1994), déclenchée pour soutenir un gouvernement génocidaire sous couvert du détournement d’un mandat humanitaire de l’ONU.

Pour Philippe Raphaël, mandataire des requérants et rédacteur de la requête :

« A l’heure où est jugé M. Charles Onana qui publie un livre sur l’opération Turquoise alimentant le négationnisme du génocide Tutsi, il s’agit d’énoncer le droit. »
L’audience aura lieu le jeudi 24 octobre à 14 h au Tribunal administratif, 7 rue de Jouy, 75004 Paris.

Contact presse :

Avocat de la procédure : Maître Serge Lewisch.


Pour en savoir plus :

 

Génocide des Tutsis : Combattre sans relâche l’impunité et l’oubli​

A l’occasion de la commémoration du génocide perpétré contre les Tutsis, le président Macron s’est félicité de « la détermination de notre pays à combattre sans relâche l’impunité et l’oubli ». S’il est vrai que la France a instauré une journée officielle de souvenir du génocide, que la justice française poursuit et condamne les génocidaires vivant en France, qu’elle a condamné pour la première fois un négationniste, force est de constater qu’envisager politiquement ou judiciairement la complicité française reste impossible. A moins que la justice administrative, maintenant saisie, ne se montre plus audacieuse ?

Voici 31 ans était lancée au Rwanda la phase paroxystique du processus génocidaire qui a conduit à la mise à mort de femmes, enfants, hommes et vieillards parce que Tutsis, près d’un million de victimes selon le gouvernement rwandais. Le long processus de déshumanisation d’une partie du peuple du Rwanda, initié sur la base de la racialisation par les colons européens d’une distinction préexistante de la société rwandaise en trois groupes sociaux distincts (Tutsis, Hutus, Twas), arrivait à son terme et plongeait les Rwandais dans l’horreur durant trois mois, sous le regard indifférent de la communauté internationale.

Depuis 31 ans, les rescapé-e-s tentent de vivre et de rendre supportable la vie dans un monde qui a laissé faire le génocide des Tutsis. Si la blessure ne guérit pas pour ces survivant-e-s, il est indispensable de chercher à comprendre le processus politique qui fut à l’œuvre, quels qu’en furent ses responsables, et comment il aurait pu être enrayé. Il est indispensable également de faire connaître et reconnaître cet épisode de notre histoire commune.

Un génocide, c’est un Etat qui mobilise ses moyens pour exterminer une population désignée comme devant mourir. Dès le lendemain de l’assassinat du président Habyarimana, le 6 avril 1994, les extrémistes hutus commettent un coup d’État et les autorités légitimes sont assassinées ou doivent s’enfuir. Un gouvernement intérimaire rwandais (GIR) est formé à Kigali, avec l’aval de l’ambassade de France. Ce gouvernement va ensuite coordonner le génocide des Tutsis.

L’État rwandais, un État criminel.............
 
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