Les débats se suivent et se ressemblent en France. Après les minarets, la burqa, la militante du NPA voilée, voilà le Quick et son label Hallal qui saccapare les médias. Tout cela évidemment avec une musique de fond intitulée "Identité nationale".
Aujourdhui, le Nouvel Obs publie un article tellement pertinent quil nous semble préférable de publier telquel sans rien ajouter. Nous vous invitons à lire ce billet dhumeur de Claude Weill, directeur délégué de la rédaction du Nouvel Observateur et daller voir le site du NouvelObs (Lien vers l'article) pour constater justement la justesse du constat quil fait de la société française. Certains commentaires affligeants des internautes constituent lexpression de ce quil appelle « un vaste défoulement collectif » commandé par les « Tartufes de la République ».
Il est de bon ton de dire que le débat sur lidentité nationale a fait pschitt. Malheureusement, je ne le crois pas. Le mal est fait. Ce vaste défoulement collectif organisé sous légide du ministère de lImmigration a produit son venin, qui ne cesse de diffuser au sein de la société française. Toutes sortes de préjugés malsains, didées nauséabondes, de réflexes xénophobes qui jusqualors nosaient pas safficher ouvertement (sauf dans la bouche de celui qui se vantait justement de "dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas") ont désormais droit de cité. Les tabous sont tombés. Les esprits se débondent. Les remugles remontent à la surface. Et ça pue !
Etait-ce le but recherché par les instigateurs du douteux débat sur lidentité ? Cest en tout cas le résultat.
En lespace de quelques semaines, nous avons eu droit successivement à limportation en France du débat helvéto-helvétique, inspiré par lextrême-droite suisse, sur la construction des minarets. Puis au grand psy-show national sur la "burqa" (mot choisi à dessein pour épouvanter les bonnes gens : la burqa, voile intégral grillagé dorigine afghane est à ma connaissance à peu près inconnu en France). Ensuite à un magnifique emballement politico-médiatique autour de la candidate NPA du Vaucluse, accompagné dune ahurissante plainte en justice ( !) comme si quelque texte que ce soit, dans labondante législation française, pouvait permettre de déchoir de ses droits de citoyenne une femme dont le seul délit est de couvrir ses cheveux dun voile (en réalité, un foulard noué sur la nuque comme en portaient les femmes de la campagne dans mon enfance).
Et aujourdhui, cest le ponpon, voila que le ministre de lagriculture dénonce au nom des principes de la République, bien sûr ! la décision de la chaîne Quick de retirer la viande de porc de quelques établissements. Comme sil nexistait pas déjà des centaines de restaurants et dépiceries halal ou casher. Comme si on ne trouvait pas des petits oratoires dans une foultitude de restos chinois ou indiens. Comme si la plupart des cantines de France ne servaient pas du poisson le vendredi, en souvenir de la mort du Christ.
En réalité, ce à quoi on assiste, sous couvert de défense de la République et de lutte contre le "péril communautariste" (nom de code pour désigner exclusivement le prétendu péril arabo-musulman, car le communautarisme chinois ou juif, tout le monde sen fout, il est tout à fait accepté et même, à loccasion, célébré), cest tout simplement à la mise au ban de lIslam de France. Et ce qui révulse le républicain laïc que je suis, cest que cette sale besogne saccomplit sous linvocation des plus nobles idéaux. Ah, les Tartufes de la République ! Quelle surprise de voir certains leaders de la majorité jouer les hérauts de la laïcité pure et dure souvent les mêmes qui mirent le peuple de droite dans la rue, en 1984, pour défendre lenseignement confessionnel privé. Quel étonnement de les voir convertis en champions de la cause des femmes eux quon na jamais connus très allants pour combattre les discriminations sexistes ou les violences faites aux femmes.
Pas besoin davoir louïe très fine pour entendre ce qui se cache sous tous ces grands mots : linvocation des principes républicains nest bien souvent que lalibi de lislamophobie. Et lislamophobie, parfois, le camouflage sémantique dun pur et simple racisme qui nose pas pas encore ? savouer.
Ainsi que lécrivait récemment mon maître et ami le professeur Alfred Grosser, amusez vous à remplacer "musulman" par "juif" dans tout ce qui se dit et sécrit aujourdhui sur lIslam, et vous verrez quel effet cela produit
Claude Weill
Source : Le Nouvel Obs
Aujourdhui, le Nouvel Obs publie un article tellement pertinent quil nous semble préférable de publier telquel sans rien ajouter. Nous vous invitons à lire ce billet dhumeur de Claude Weill, directeur délégué de la rédaction du Nouvel Observateur et daller voir le site du NouvelObs (Lien vers l'article) pour constater justement la justesse du constat quil fait de la société française. Certains commentaires affligeants des internautes constituent lexpression de ce quil appelle « un vaste défoulement collectif » commandé par les « Tartufes de la République ».
Il est de bon ton de dire que le débat sur lidentité nationale a fait pschitt. Malheureusement, je ne le crois pas. Le mal est fait. Ce vaste défoulement collectif organisé sous légide du ministère de lImmigration a produit son venin, qui ne cesse de diffuser au sein de la société française. Toutes sortes de préjugés malsains, didées nauséabondes, de réflexes xénophobes qui jusqualors nosaient pas safficher ouvertement (sauf dans la bouche de celui qui se vantait justement de "dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas") ont désormais droit de cité. Les tabous sont tombés. Les esprits se débondent. Les remugles remontent à la surface. Et ça pue !
Etait-ce le but recherché par les instigateurs du douteux débat sur lidentité ? Cest en tout cas le résultat.
En lespace de quelques semaines, nous avons eu droit successivement à limportation en France du débat helvéto-helvétique, inspiré par lextrême-droite suisse, sur la construction des minarets. Puis au grand psy-show national sur la "burqa" (mot choisi à dessein pour épouvanter les bonnes gens : la burqa, voile intégral grillagé dorigine afghane est à ma connaissance à peu près inconnu en France). Ensuite à un magnifique emballement politico-médiatique autour de la candidate NPA du Vaucluse, accompagné dune ahurissante plainte en justice ( !) comme si quelque texte que ce soit, dans labondante législation française, pouvait permettre de déchoir de ses droits de citoyenne une femme dont le seul délit est de couvrir ses cheveux dun voile (en réalité, un foulard noué sur la nuque comme en portaient les femmes de la campagne dans mon enfance).
Et aujourdhui, cest le ponpon, voila que le ministre de lagriculture dénonce au nom des principes de la République, bien sûr ! la décision de la chaîne Quick de retirer la viande de porc de quelques établissements. Comme sil nexistait pas déjà des centaines de restaurants et dépiceries halal ou casher. Comme si on ne trouvait pas des petits oratoires dans une foultitude de restos chinois ou indiens. Comme si la plupart des cantines de France ne servaient pas du poisson le vendredi, en souvenir de la mort du Christ.
En réalité, ce à quoi on assiste, sous couvert de défense de la République et de lutte contre le "péril communautariste" (nom de code pour désigner exclusivement le prétendu péril arabo-musulman, car le communautarisme chinois ou juif, tout le monde sen fout, il est tout à fait accepté et même, à loccasion, célébré), cest tout simplement à la mise au ban de lIslam de France. Et ce qui révulse le républicain laïc que je suis, cest que cette sale besogne saccomplit sous linvocation des plus nobles idéaux. Ah, les Tartufes de la République ! Quelle surprise de voir certains leaders de la majorité jouer les hérauts de la laïcité pure et dure souvent les mêmes qui mirent le peuple de droite dans la rue, en 1984, pour défendre lenseignement confessionnel privé. Quel étonnement de les voir convertis en champions de la cause des femmes eux quon na jamais connus très allants pour combattre les discriminations sexistes ou les violences faites aux femmes.
Pas besoin davoir louïe très fine pour entendre ce qui se cache sous tous ces grands mots : linvocation des principes républicains nest bien souvent que lalibi de lislamophobie. Et lislamophobie, parfois, le camouflage sémantique dun pur et simple racisme qui nose pas pas encore ? savouer.
Ainsi que lécrivait récemment mon maître et ami le professeur Alfred Grosser, amusez vous à remplacer "musulman" par "juif" dans tout ce qui se dit et sécrit aujourdhui sur lIslam, et vous verrez quel effet cela produit
Claude Weill
Source : Le Nouvel Obs