La guerre et le gaz naturel : linvasion israélienne et les gisements de Gaza en mer
par Michel Chossudovsky, Le 12 janvier 2009
L'invasion militaire de la Bande de Gaza par les Forces israéliennes, est directement liée à la possession et au contrôle de réserves stratégiques de gaz en mer.Il s'agit d'une guerre de conquête: on a découvert de vastes réserves de gaz au large du littoral de Gaza en 2002.Dans un accord signé en novembre 1999, lAutorité palestinienne (AP) a garanti des droits de prospection de gaz et de pétrole dune durée de 25 à British Gas (BG Group) et son partenaire situé à Athène Consolidated Contractors International Company (CCC), une propriété des familles libanaises Sabbagh et Koury.Ces droits sur les gisements de gaz en mer sont de 60 % pour British Gas, de 30 % pour Consolidated Contractors, et de 10 % pour le Fonds dinvestissement palestinien. (Haaretz, 21 octobre 2007)
Laccord AP-BG-CCC inclut lexploitation des gisements et la construction dun gazoduc. (Middle East Economic Digest, 5 janvier 2001) La licence de BG couvre toute la zone maritime située au large de Gaza, laquelle est contigüe à plusieurs installations gazières israéliennes. (Voir la carte ci-dessous). Il convient de souligner que 60 % des réserves de gaz le long du littoral de Gaza et dIsraël appartient à la Palestine.
BG Group a foré deux puits en 2000 : Gaza Marine-1 et Gaza Marine-2. British Gas estime que les réserves sont de l'ordre de 1,4 billions de pieds cubes, évaluées à environ 4 milliards de dollars. Ce sont les chiffres publiés par British Gas. La dimension des réserves de gaz palestiniennes pourrait s'avérer largement supérieure.
Qui possède les réserves de gaz?
La question de la souveraineté sur les gisements gaziers de Gaza est cruciale. D'un point de vue légal, ces réserves appartiennent à la Palestine.La mort de Yasser Arafat, l'élection du gouvernement du Hamas, ainsi que la débâcle de l'Autorité Palestinienne ont permis à Israël de prendre de facto le contrôle de ces réserves.British Gas (BG Group) a négocié avec le gouvernement de Tel-Aviv.
En revanche, le gouvernement du Hamas n'a pas été consulté en ce qui a trait à la prospection et l'exploitation des gisements gaziers.L'élection du premier ministre Ariel Sharon en 2001 fut un tournant majeur dans cette affaire. À l'époque, la souveraineté de la Palestine sur les réserves gazières en mer était contestée à la Cour suprême d'Israël. M. Sharon affirmait sans ambiguïté qu´« Israël n'achèterait jamais de gaz de la Palestine», suggérant ainsi que les réserves marines de Gaza appartenaient à Israël.
En 2003, Ariel Sharon a opposé son veto à un premier accord, qui aurait permis à British Gas d´approvisionner Israël en gaz naturel provenant des puits marins de Gaza. (The Independent, 19 août 2003).La victoire électorale du Hamas en 2006 a contribuer à la chute de l'Autorité Palestinienne, par conséquent confinée à la Cisjordanie sous le régime mandataire de Mahmoud Abbas.
En 2006, British Gas «était sur le point de signer un accord pour acheminer le gaz en Égypte. » (Times, 28 mai 2007). Selon les reportages, le premier ministre britannique de l'époque, Tony Blair est intervenu pour le compte d'Israël pour faire capoter l'accord avec l'Égypte.L'année suivante, en mai 2007, le Cabinet israélien a approuvé une proposition du premier ministre Ehud Olmert, « d'acheter du gaz de l'Autorité Palestinienne.» Le contrat proposé était de 4 milliards de dollars et les profits envisagés à 2 milliards de dollars, dont un milliard irait aux Palestiniens.
Toutefois, Tel-Aviv n'avait aucune 'intention de partager ses recette avec la Palestine. Une équipe de négociateurs israéliens a été constituée par le Cabinet israélien afin d'arriver à un accord avec le BG Group en écartant à la fois le gouvernement du Hamas et l'Autorité Palestinienne:.«Les autorités de la Défense israéliennes veulent que les Palestiniens soient payées en biens et en services, et insistent pour que le gouvernement du Hamas ne reçoive aucun argent.» (Ibid, souligné par l'auteur.)
L'objectif était avant tout de rendre caduc le contrat signé en 1999 entre le groupe BG Group et l'Autorité Palestinienne., alors sous Yasser Arafat.
En vertu de l'accord proposé en 2007 avec BG, le gaz palestinien des puits marins de Gaza devait être acheminé au port israélien d'Ashkelon par un gazoduc sous-marin, transférant ainsi à Israël le contrôle de la vente du gaz naturel.
Le plan a échoué et les négociations ont été suspendues :
«Le chef du Mossad, Meir Dagan, s´est opposé à la transaction pour des raisons de sécurité, craignant que les recettes engrangées ne servent à financer le terrorisme (Membre de la Knesset Gilad Erdan, allocution à la Knesset sur « Les intentions du vice-premier ministre Ehud Olmert d'acheter du gaz des Palestiniens alors que les paiements profiteront au Hamas», 1er mars 2006, cité dans l´article du lieutenant-gé néral (à la retraite) Moshe Yaalon, Does the Prospective Purchase of British Gas from Gaza's Coastal Waters Threaten Israel's National Security? Jerusalem Center for Public Affairs, octobre 2007)
L'intention d´Israël était d'éviter la possibilité que des redevances soient payées aux Palestiniens. En décembre 2007, BG Group s´est retiré des négociations avec Israël, et, en janvier 2008, ils ont fermé leur bureau en Israël. (site Internet de BG).
par Michel Chossudovsky, Le 12 janvier 2009
L'invasion militaire de la Bande de Gaza par les Forces israéliennes, est directement liée à la possession et au contrôle de réserves stratégiques de gaz en mer.Il s'agit d'une guerre de conquête: on a découvert de vastes réserves de gaz au large du littoral de Gaza en 2002.Dans un accord signé en novembre 1999, lAutorité palestinienne (AP) a garanti des droits de prospection de gaz et de pétrole dune durée de 25 à British Gas (BG Group) et son partenaire situé à Athène Consolidated Contractors International Company (CCC), une propriété des familles libanaises Sabbagh et Koury.Ces droits sur les gisements de gaz en mer sont de 60 % pour British Gas, de 30 % pour Consolidated Contractors, et de 10 % pour le Fonds dinvestissement palestinien. (Haaretz, 21 octobre 2007)
Laccord AP-BG-CCC inclut lexploitation des gisements et la construction dun gazoduc. (Middle East Economic Digest, 5 janvier 2001) La licence de BG couvre toute la zone maritime située au large de Gaza, laquelle est contigüe à plusieurs installations gazières israéliennes. (Voir la carte ci-dessous). Il convient de souligner que 60 % des réserves de gaz le long du littoral de Gaza et dIsraël appartient à la Palestine.
BG Group a foré deux puits en 2000 : Gaza Marine-1 et Gaza Marine-2. British Gas estime que les réserves sont de l'ordre de 1,4 billions de pieds cubes, évaluées à environ 4 milliards de dollars. Ce sont les chiffres publiés par British Gas. La dimension des réserves de gaz palestiniennes pourrait s'avérer largement supérieure.
Qui possède les réserves de gaz?
La question de la souveraineté sur les gisements gaziers de Gaza est cruciale. D'un point de vue légal, ces réserves appartiennent à la Palestine.La mort de Yasser Arafat, l'élection du gouvernement du Hamas, ainsi que la débâcle de l'Autorité Palestinienne ont permis à Israël de prendre de facto le contrôle de ces réserves.British Gas (BG Group) a négocié avec le gouvernement de Tel-Aviv.
En revanche, le gouvernement du Hamas n'a pas été consulté en ce qui a trait à la prospection et l'exploitation des gisements gaziers.L'élection du premier ministre Ariel Sharon en 2001 fut un tournant majeur dans cette affaire. À l'époque, la souveraineté de la Palestine sur les réserves gazières en mer était contestée à la Cour suprême d'Israël. M. Sharon affirmait sans ambiguïté qu´« Israël n'achèterait jamais de gaz de la Palestine», suggérant ainsi que les réserves marines de Gaza appartenaient à Israël.
En 2003, Ariel Sharon a opposé son veto à un premier accord, qui aurait permis à British Gas d´approvisionner Israël en gaz naturel provenant des puits marins de Gaza. (The Independent, 19 août 2003).La victoire électorale du Hamas en 2006 a contribuer à la chute de l'Autorité Palestinienne, par conséquent confinée à la Cisjordanie sous le régime mandataire de Mahmoud Abbas.
En 2006, British Gas «était sur le point de signer un accord pour acheminer le gaz en Égypte. » (Times, 28 mai 2007). Selon les reportages, le premier ministre britannique de l'époque, Tony Blair est intervenu pour le compte d'Israël pour faire capoter l'accord avec l'Égypte.L'année suivante, en mai 2007, le Cabinet israélien a approuvé une proposition du premier ministre Ehud Olmert, « d'acheter du gaz de l'Autorité Palestinienne.» Le contrat proposé était de 4 milliards de dollars et les profits envisagés à 2 milliards de dollars, dont un milliard irait aux Palestiniens.
Toutefois, Tel-Aviv n'avait aucune 'intention de partager ses recette avec la Palestine. Une équipe de négociateurs israéliens a été constituée par le Cabinet israélien afin d'arriver à un accord avec le BG Group en écartant à la fois le gouvernement du Hamas et l'Autorité Palestinienne:.«Les autorités de la Défense israéliennes veulent que les Palestiniens soient payées en biens et en services, et insistent pour que le gouvernement du Hamas ne reçoive aucun argent.» (Ibid, souligné par l'auteur.)
L'objectif était avant tout de rendre caduc le contrat signé en 1999 entre le groupe BG Group et l'Autorité Palestinienne., alors sous Yasser Arafat.
En vertu de l'accord proposé en 2007 avec BG, le gaz palestinien des puits marins de Gaza devait être acheminé au port israélien d'Ashkelon par un gazoduc sous-marin, transférant ainsi à Israël le contrôle de la vente du gaz naturel.
Le plan a échoué et les négociations ont été suspendues :
«Le chef du Mossad, Meir Dagan, s´est opposé à la transaction pour des raisons de sécurité, craignant que les recettes engrangées ne servent à financer le terrorisme (Membre de la Knesset Gilad Erdan, allocution à la Knesset sur « Les intentions du vice-premier ministre Ehud Olmert d'acheter du gaz des Palestiniens alors que les paiements profiteront au Hamas», 1er mars 2006, cité dans l´article du lieutenant-gé néral (à la retraite) Moshe Yaalon, Does the Prospective Purchase of British Gas from Gaza's Coastal Waters Threaten Israel's National Security? Jerusalem Center for Public Affairs, octobre 2007)
L'intention d´Israël était d'éviter la possibilité que des redevances soient payées aux Palestiniens. En décembre 2007, BG Group s´est retiré des négociations avec Israël, et, en janvier 2008, ils ont fermé leur bureau en Israël. (site Internet de BG).