La Moldavie, le prochain pays dans le viseur russe? «Lavrov est en train de se discréditer»
Le ministre russe des Affaires étrangères a laissé entendre que la Moldavie pourrait être le prochain pays dans le viseur du Kremlin. « Inquiétant », réplique Chisinau. « Pitoyable », ajoute Josep Borrell.
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Après l’Ukraine, qui d’autre dans le collimateur de Moscou ? « La Moldavie », a répondu sans ambages le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, jeudi dernier, interrogé par la télévision d’Etat Rossia 24. Et Lavrov de cibler la présidente moldave, Maia Sandu, « qui a surtout envie de rejoindre l’Otan, a la citoyenneté roumaine, est prête à unifier son pays avec la Roumanie et, de manière générale, qui est prête à presque tout ».
Ces propos ont été qualifiés « d’inquiétants » par la Première Ministre moldave Natalia Gavrilita. Elle représentait son pays, situé aux portes de l’Ukraine, ce mardi à Bruxelles, à l’occasion d’un « conseil d’association » UE-Moldavie avec le Haut représentant de l’Union européenne, Josep Borrell. C’était la première réunion de ce format depuis que le pays s’est vu accorder le statut officiel de candidat à l’adhésion à l’UE par le sommet européen de juin dernier.
Les déclarations du ministre russe des Affaires étrangères « ne tiennent pas compte de la souveraineté et de l’indépendance de la Moldavie, qui doit pouvoir décider pour elle-même, comme tout autre pays », a dénoncé Natalia Gavrilita. « Les citoyens moldaves, par leur vote, ont décidé de l’orientation de notre pays : ils ont choisi la trajectoire européenne. De telles déclarations vont à l’encontre du droit international et du droit de la Moldavie à l’autodétermination. »
Engagé « à l’Ouest »
Pour Borrell, le verdict est sans appel : « C’est pitoyable. M. Lavrov était un diplomate respecté par le passé, mais à présent, il n’y a rien de très sérieux, il est en train de se discréditer, intellectuellement. »✉ Newsletter L'actu à midi
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Maia Sandu a été élue en 2020 face au pro-russe Igor Dodon. Historiquement tourné vers Moscou, le pays est désormais engagé « à l’Ouest ». S’il reste constitutionnellement « neutre », sans aspiration à rejoindre les rangs de l’Otan – au contraire de l’Ukraine et de la Géorgie –, la Moldavie a participé, pour la toute première fois, à une réunion ministérielle de l’Otan, fin novembre à Bucarest. L’Otan lui a promis un soutien « sur mesure ».