Imider : Malgré des années de combat, les villageois ne bénéficient toujours pas de la proximité de la plus grande mine d’Afrique
Les habitants d’Imider, un village berbère situé à 200 km de Ouarzazate, se battent pour pourvoir bénéficier de l’exploitation de la mine qui se trouve dans leur contrée, mais en vain. Après près de trois ans de combat, ils dénoncent les abus de la société exploitante et l’indifférence des autorités, notamment du roi Mohammed VI.
« Le roi nous a oubliés. Il parcourt le pays aidant les gens, mais il ne vient jamais dans cette région. Il est notre père, et il a oublié ses enfants ». Ces plaintes sont celles d’une femme originaire d’Imider, un village situé à 200 km d’Ouarzazate abritant une mine – la plus grande d’Afrique – exploitée par la Société métallurgique d’Imiter (SMI), filiale du groupe Managem, lui-même indirectement contrôlé par la SNI (Société nationale d’investissement). Le New York Times (NYT) vient d’y consacré un long article.
Comme cette femme, la majorité – sinon tous – des habitants se plaignent, depuis des années, de la surexploitation des ressources en eau par cette société causée par son activité qui, selon eux, ne profite pas aux villageois.
Leurs plaintes ne sont pas nouvelles. Elles remontent en effet à août 2011. Mais depuis le temps qu’ils manifestent pour dénoncer les abus d’exploitation de la mine qui se trouvent près de leur village, rien n’a changé. Ils occupent régulièrement la colline du village pour protester. « Nous sommes ici depuis deux ans et demi, et personne n'entend notre appel à l'aide », a déclaré au journal américain Mina Ouzzine. Cette quadragénaire estime avoir favorablement voté pour la nouvelle constitution en espérant des changements, « plus d’égalité » dans la société. « Mais nous ne sommes égaux que dans la pauvreté », s’indigne-t-elle.
Les villageois ont récemment coupé une des sources d’eau alimentant la mine pour attirer l’attention de la SMI, mais celle-ci a réussi à en trouver une autre. « Personne ne fait attention à nous. Nous avons fermé le robinet d'eau. Ils prennent l'argent et nous laissent les déchets », confie l’un des leaders du mouvement protestataire, Brahim Oudaoud.
SMI nie toujours les accusations
Selon les habitants d’Imider, l’entreprise minière est responsable des dégâts environnementaux que connait la région, lesquels sont la cause de maladie, de mort du bétail et de la désertification. « Dans les années 1990, j'avais l'habitude d'avoir des arbres, des fruits, l'huile, des amandes », témoigne Bou Tahar, un agriculteur âgé de 70 ans. Mais ils sont morts après que la mine a commencé à prendre l'eau. Depuis que nous avons réduit le débit en 2011, nos puits commencent à se remplir de nouveau ».
Comme en 2012, lorsque l’AFP médiatise cette affaire, la SMI nie toutes les accusations des habitants. Se disant « très prudente » dans l’exercice de ses activités, l’entreprise assure ne pas avoir pollué l’eau ou la terre autour de la mine. « Nous recyclons 62% de l'eau que nous utilisons et nous avons l'autorisation de l'état pour pomper cette eau », a indiqué au NYT Farid Hamdaoui, un gestionnaire de la mine.
Soutenue par Rabat ?
Les villageois avaient voulu que l’exploitation de la mine leur garantisse 75% des emplois. Mais à plusieurs reprises, SMI a fait savoir que c’était chose impossible. « La mine ne peut malheureusement pas résoudre tous les problèmes de chômage dans la région », a indiqué M.Hamdaoui. Dans le même sens, l’un des directeurs du groupe Managem Youssef El Hajjam, affirmait - à Yabiladi en 2012 - que la population refusait de coopérer, rejetant la proposition d’octroi de 60% des recrutements d’ouvriers aux habitants de la région. Il expliquait, à cet effet, que 40% des ouvriers de la SMI sont issus des villages voisins à Imider. Et selon ses accords la SMI donne la priorité aux enfants de leurs employés lors des recrutements d’ouvriers.
Aujourd’hui, la population d’Imider est encore plus remontée par l’inaction des autorités marocaines face à leurs réclamations. Face à cette réalité, les villageois dénoncent le soutien de l’Etat à la SMI, même si l’entreprise dément tout traitement de faveur de la part de Rabat.
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Les habitants d’Imider, un village berbère situé à 200 km de Ouarzazate, se battent pour pourvoir bénéficier de l’exploitation de la mine qui se trouve dans leur contrée, mais en vain. Après près de trois ans de combat, ils dénoncent les abus de la société exploitante et l’indifférence des autorités, notamment du roi Mohammed VI.
« Le roi nous a oubliés. Il parcourt le pays aidant les gens, mais il ne vient jamais dans cette région. Il est notre père, et il a oublié ses enfants ». Ces plaintes sont celles d’une femme originaire d’Imider, un village situé à 200 km d’Ouarzazate abritant une mine – la plus grande d’Afrique – exploitée par la Société métallurgique d’Imiter (SMI), filiale du groupe Managem, lui-même indirectement contrôlé par la SNI (Société nationale d’investissement). Le New York Times (NYT) vient d’y consacré un long article.
Comme cette femme, la majorité – sinon tous – des habitants se plaignent, depuis des années, de la surexploitation des ressources en eau par cette société causée par son activité qui, selon eux, ne profite pas aux villageois.
Leurs plaintes ne sont pas nouvelles. Elles remontent en effet à août 2011. Mais depuis le temps qu’ils manifestent pour dénoncer les abus d’exploitation de la mine qui se trouvent près de leur village, rien n’a changé. Ils occupent régulièrement la colline du village pour protester. « Nous sommes ici depuis deux ans et demi, et personne n'entend notre appel à l'aide », a déclaré au journal américain Mina Ouzzine. Cette quadragénaire estime avoir favorablement voté pour la nouvelle constitution en espérant des changements, « plus d’égalité » dans la société. « Mais nous ne sommes égaux que dans la pauvreté », s’indigne-t-elle.
Les villageois ont récemment coupé une des sources d’eau alimentant la mine pour attirer l’attention de la SMI, mais celle-ci a réussi à en trouver une autre. « Personne ne fait attention à nous. Nous avons fermé le robinet d'eau. Ils prennent l'argent et nous laissent les déchets », confie l’un des leaders du mouvement protestataire, Brahim Oudaoud.
SMI nie toujours les accusations
Selon les habitants d’Imider, l’entreprise minière est responsable des dégâts environnementaux que connait la région, lesquels sont la cause de maladie, de mort du bétail et de la désertification. « Dans les années 1990, j'avais l'habitude d'avoir des arbres, des fruits, l'huile, des amandes », témoigne Bou Tahar, un agriculteur âgé de 70 ans. Mais ils sont morts après que la mine a commencé à prendre l'eau. Depuis que nous avons réduit le débit en 2011, nos puits commencent à se remplir de nouveau ».
Comme en 2012, lorsque l’AFP médiatise cette affaire, la SMI nie toutes les accusations des habitants. Se disant « très prudente » dans l’exercice de ses activités, l’entreprise assure ne pas avoir pollué l’eau ou la terre autour de la mine. « Nous recyclons 62% de l'eau que nous utilisons et nous avons l'autorisation de l'état pour pomper cette eau », a indiqué au NYT Farid Hamdaoui, un gestionnaire de la mine.
Soutenue par Rabat ?
Les villageois avaient voulu que l’exploitation de la mine leur garantisse 75% des emplois. Mais à plusieurs reprises, SMI a fait savoir que c’était chose impossible. « La mine ne peut malheureusement pas résoudre tous les problèmes de chômage dans la région », a indiqué M.Hamdaoui. Dans le même sens, l’un des directeurs du groupe Managem Youssef El Hajjam, affirmait - à Yabiladi en 2012 - que la population refusait de coopérer, rejetant la proposition d’octroi de 60% des recrutements d’ouvriers aux habitants de la région. Il expliquait, à cet effet, que 40% des ouvriers de la SMI sont issus des villages voisins à Imider. Et selon ses accords la SMI donne la priorité aux enfants de leurs employés lors des recrutements d’ouvriers.
Aujourd’hui, la population d’Imider est encore plus remontée par l’inaction des autorités marocaines face à leurs réclamations. Face à cette réalité, les villageois dénoncent le soutien de l’Etat à la SMI, même si l’entreprise dément tout traitement de faveur de la part de Rabat.
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