Barcelone 29 janvier 2009
1er Forum Mondial Des producteurs de Cultures Classés Illicites
Introduction
Le développement du Rif (nord du Maroc) par la seule hasardeuse stratégie déradication de la culture du cannabis moyennant des projets alternatifs sans implication ni participation des populations autochtones nest ni crédible ni porteur davenir.
En effet, la culture du cannabis, depuis son introduction aussi bien par les régimes qui ont gouverné le Maroc que par les autorités du protectorat Espagnol et Français, a toujours vécu entre lautorisé et linterdit. Les populations autochtones pauvres ont progressivement adopté cette culture tout en servant de manière inconsciente les intérêts économiques et politiques des gouvernants et leurs relais.
Ainsi, la problématique du cannabis, devenu entre temps patrimoine culturel de la région, ne peut être traitée uniquement sous des angles technico-économiques, comme la «correction» des insuffisances de développement de la zone sous la pression de lopinion internationale. Ce qui est attendu, cest la prise en compte de toutes les dimensions du problème, quil soit humain, sanitaire, social, économique et culturel du Rif, grâce notamment à la mise en place dun cadre légalisé et réglementé tenant compte dabord des intérêts des paysans et des habitants de la région.
Le développement réel de cette région, impose donc une stratégie et une vision densemble où seraient associés et impliqués tout les concernés car la responsabilité ne peut être imputée aux seuls habitants du Rif qui nen tirent dailleurs pas grand bénéfice.
Ce problème prend en effet naissance au Maroc mais son processus de croissance se poursuit au-delà de la rive sud de la méditerranée. Il ne doit pas se limiter aux pauvres paysans mais sattaquer également aux trafiquants et barons de la drogue encouragés par quelques membres des autorités marocaines, ce qui constitue un danger potentiel car ces trafiquants peuvent se reconvertir à tout moment dans le commerce des drogues dures (Cocaïne, Héroïne) ou celui du trafic darmes.
Lhistoire de la culture du cannabis au Maroc
Le Maroc a connu la culture du cannabis depuis le 16ème siècle. Dans une première phase, cette culture sest limitée à 5 villages dans le nord du pays entre la zone de Ketama et Bni-Khaled, couverte par lempreinte du cachet légal, avec lautorisation de Hassan 1er, vers 1890. Après loccupation du Maroc par la France et lEspagne, la culture du cannabis sest renforcée, protégée par un cadre juridique, et sest étendue à dautres régions situées à la fois sous administration française et espagnole. Durant cette période, il a été procédé à la création dans la zone internationale de Tanger, de la « régie des tabacs et du kif » avec des capitaux français, et ce conformément à la convention dAlgerisas (1906). Aux termes de cet accord, il a été permis à cette société dexploiter et même de monopoliser lexploitation des récoltes du cannabis qui étaient dabord destinées à la consommation traditionnelle locale. Au fil du temps, cette culture va être prohibée graduellement par voie législative durant cette même période doccupation. Lavènement de lindépendance du Maroc en 1956 verra linterdiction totale de cette culture dans le pays.
Ces décisions prises de manière unilatérale, ont entraîné une tension au niveau des zones concernées par cette culture. Elles touchaient, en fait, la source de revenus des populations de cette région qui vivaient dans des conditions socio-économiques lamentables. Une situation consacrée et aggravée par la colonisation, mais aussi par les gouvernements daprès lindépendance. Mais dans la réalité, lEtat a été très laxiste envers cette culture, dans une zone limitée, notamment à Ketama. Mais, il na pas cessé de la combattre dans les autres régions, même timidement. Le problème est que cette interdiction na jamais été accompagnée de cultures alternatives. Une telle politique a provoqué lextension des surfaces cultivées par le cannabis, au point que lEtat a perdu tout contrôle. Dautres régions en dehors de la zone de Ketama ont été gagnées par cette culture, notamment suite à la hausse de la demande extérieure et la stagnation de léconomie marocaine. Au cours des 20 dernières années, cette culture a pu atteindre la totalité de la province de Chefchaoun, Larache, Tétouan et Taounat, pour arriver à couvrir environ 134 ha, contre seulement 10 ha dans les années 1970.
Les gouvernements successifs ont voulu combattre la culture du cannabis, sous prétexte de lutter contre le trafic illégal de drogue. Cette action sinscrivait parfaitement dans le sens des discours et orientations de lONU et de la communauté européenne. Cet objectif a dabord commencé par les zones gagnées récemment par cette culture, pour atteindre ensuite les zones traditionnelles de Ketama. Ceci ne sest pas passé sans violation des droits humains. Bilan: grande crise au sein des populations de la région, crise aggravée par la politique traditionnelle de marginalisation et dexclusion des gouvernements successifs à lencontre du Rif. Ceci contredit, bien évidemment, plusieurs politiques nationales et internationales luttant contre la pauvreté, la fragilité et linstabilité.
Situation des cultivateurs et leurs familles
Les surfaces du cannabis cultivées couvrent plus de 27% des surfaces agricoles sur lensemble du territoire de la région du Rif. Cette culture est destinée totalement à la production de la résine de cannabis destinée au trafic international de drogue. Cest ce qui a placé le Maroc au premier rang parmi les exportateurs de ce produit, et ce, pendant plusieurs années. Il alimente le marché mondial à concurrence de 40 % et ce taux est à hauteur de 80 % dans le marché européen. Cela montre lampleur des rentrées financières que cela représente et dont profitent essentiellement les mafias de trafic de drogue sur le plan national et international. Cela profite également aux pays qui ouvrent leurs frontières au blanchiment de cet argent. Selon des rapports officiels ces rentrées sont estimées à 4,6 milliards dEuros en 2005.
Cependant, cette manne na aucune retombée favorable sur la situation économique des cultivateurs du cannabis au Maroc. Leurs recettes annuelles par individu ne dépassent pas 420 Euros en 2004, alors que le PIB/habitant sélève à 1361 Euros pour la même année, selon les données officielles.
On estime même que le montant des revenus des cultivateurs de cannabis sont exagérément gonflés car en réalité, les cultivateurs produisent entre 6 et 100 kg de résine de cannabis, classée en 3 catégories. Une première catégorie de haute qualité dune valeur de 700 Euros le kg, la deuxième catégorie dune qualité moindre vendue à 300 Euros le kg et la troisième catégorie dune mauvaise qualité, commercialisée entre 50 et 100 Euros le kg.
La grande majorité des cultivateurs sont producteurs de petites quantités de résine. Ils vivent dans des conditions très modestes, et arrivent à poursuivre la culture du cannabis souvent grâce aux petits crédits que leurs accordent certaines personnes aisées. En conséquence, ce sont les intermédiaires, les trafiquants et des éléments des autorités, qui profitent des revenus générés par la culture du cannabis au Maroc.
La situation perdure ainsi pour les paysans à cause de labsence de réels alternatives économiques. En même temps, la marginalisation du Rif prive les habitants de cette région des infrastructures et des services publics dans tous les domaines. Il y a là un grave déficit en emplois et en infrastructures sanitaires, déducation, de communication, etc. Le niveau de vie au Rif est largement en dessous de la moyenne nationale, particulièrement dans les zones où le cannabis est traditionnellement cultivé.
Pour illustrer cette situation, il suffit de dire que la région de Kettama dispose dune seule route goudronnée, une route nationale appelé la « route de lunité » et qui a été améliorée lannée dernière pour la première fois depuis sa création en 1957, après quelle ait été complètement détruite. Sa remise en état a été rendue obligatoire car elle est la seule route qui relie le nord central au sud du pays. Toutes les pistes qui mènent vers les villages ont été ouvertes par les moyens propres des habitants en labsence totale des autorités concernées et des conseils élus.
1er Forum Mondial Des producteurs de Cultures Classés Illicites
Introduction
Le développement du Rif (nord du Maroc) par la seule hasardeuse stratégie déradication de la culture du cannabis moyennant des projets alternatifs sans implication ni participation des populations autochtones nest ni crédible ni porteur davenir.
En effet, la culture du cannabis, depuis son introduction aussi bien par les régimes qui ont gouverné le Maroc que par les autorités du protectorat Espagnol et Français, a toujours vécu entre lautorisé et linterdit. Les populations autochtones pauvres ont progressivement adopté cette culture tout en servant de manière inconsciente les intérêts économiques et politiques des gouvernants et leurs relais.
Ainsi, la problématique du cannabis, devenu entre temps patrimoine culturel de la région, ne peut être traitée uniquement sous des angles technico-économiques, comme la «correction» des insuffisances de développement de la zone sous la pression de lopinion internationale. Ce qui est attendu, cest la prise en compte de toutes les dimensions du problème, quil soit humain, sanitaire, social, économique et culturel du Rif, grâce notamment à la mise en place dun cadre légalisé et réglementé tenant compte dabord des intérêts des paysans et des habitants de la région.
Le développement réel de cette région, impose donc une stratégie et une vision densemble où seraient associés et impliqués tout les concernés car la responsabilité ne peut être imputée aux seuls habitants du Rif qui nen tirent dailleurs pas grand bénéfice.
Ce problème prend en effet naissance au Maroc mais son processus de croissance se poursuit au-delà de la rive sud de la méditerranée. Il ne doit pas se limiter aux pauvres paysans mais sattaquer également aux trafiquants et barons de la drogue encouragés par quelques membres des autorités marocaines, ce qui constitue un danger potentiel car ces trafiquants peuvent se reconvertir à tout moment dans le commerce des drogues dures (Cocaïne, Héroïne) ou celui du trafic darmes.
Lhistoire de la culture du cannabis au Maroc
Le Maroc a connu la culture du cannabis depuis le 16ème siècle. Dans une première phase, cette culture sest limitée à 5 villages dans le nord du pays entre la zone de Ketama et Bni-Khaled, couverte par lempreinte du cachet légal, avec lautorisation de Hassan 1er, vers 1890. Après loccupation du Maroc par la France et lEspagne, la culture du cannabis sest renforcée, protégée par un cadre juridique, et sest étendue à dautres régions situées à la fois sous administration française et espagnole. Durant cette période, il a été procédé à la création dans la zone internationale de Tanger, de la « régie des tabacs et du kif » avec des capitaux français, et ce conformément à la convention dAlgerisas (1906). Aux termes de cet accord, il a été permis à cette société dexploiter et même de monopoliser lexploitation des récoltes du cannabis qui étaient dabord destinées à la consommation traditionnelle locale. Au fil du temps, cette culture va être prohibée graduellement par voie législative durant cette même période doccupation. Lavènement de lindépendance du Maroc en 1956 verra linterdiction totale de cette culture dans le pays.
Ces décisions prises de manière unilatérale, ont entraîné une tension au niveau des zones concernées par cette culture. Elles touchaient, en fait, la source de revenus des populations de cette région qui vivaient dans des conditions socio-économiques lamentables. Une situation consacrée et aggravée par la colonisation, mais aussi par les gouvernements daprès lindépendance. Mais dans la réalité, lEtat a été très laxiste envers cette culture, dans une zone limitée, notamment à Ketama. Mais, il na pas cessé de la combattre dans les autres régions, même timidement. Le problème est que cette interdiction na jamais été accompagnée de cultures alternatives. Une telle politique a provoqué lextension des surfaces cultivées par le cannabis, au point que lEtat a perdu tout contrôle. Dautres régions en dehors de la zone de Ketama ont été gagnées par cette culture, notamment suite à la hausse de la demande extérieure et la stagnation de léconomie marocaine. Au cours des 20 dernières années, cette culture a pu atteindre la totalité de la province de Chefchaoun, Larache, Tétouan et Taounat, pour arriver à couvrir environ 134 ha, contre seulement 10 ha dans les années 1970.
Les gouvernements successifs ont voulu combattre la culture du cannabis, sous prétexte de lutter contre le trafic illégal de drogue. Cette action sinscrivait parfaitement dans le sens des discours et orientations de lONU et de la communauté européenne. Cet objectif a dabord commencé par les zones gagnées récemment par cette culture, pour atteindre ensuite les zones traditionnelles de Ketama. Ceci ne sest pas passé sans violation des droits humains. Bilan: grande crise au sein des populations de la région, crise aggravée par la politique traditionnelle de marginalisation et dexclusion des gouvernements successifs à lencontre du Rif. Ceci contredit, bien évidemment, plusieurs politiques nationales et internationales luttant contre la pauvreté, la fragilité et linstabilité.
Situation des cultivateurs et leurs familles
Les surfaces du cannabis cultivées couvrent plus de 27% des surfaces agricoles sur lensemble du territoire de la région du Rif. Cette culture est destinée totalement à la production de la résine de cannabis destinée au trafic international de drogue. Cest ce qui a placé le Maroc au premier rang parmi les exportateurs de ce produit, et ce, pendant plusieurs années. Il alimente le marché mondial à concurrence de 40 % et ce taux est à hauteur de 80 % dans le marché européen. Cela montre lampleur des rentrées financières que cela représente et dont profitent essentiellement les mafias de trafic de drogue sur le plan national et international. Cela profite également aux pays qui ouvrent leurs frontières au blanchiment de cet argent. Selon des rapports officiels ces rentrées sont estimées à 4,6 milliards dEuros en 2005.
Cependant, cette manne na aucune retombée favorable sur la situation économique des cultivateurs du cannabis au Maroc. Leurs recettes annuelles par individu ne dépassent pas 420 Euros en 2004, alors que le PIB/habitant sélève à 1361 Euros pour la même année, selon les données officielles.
On estime même que le montant des revenus des cultivateurs de cannabis sont exagérément gonflés car en réalité, les cultivateurs produisent entre 6 et 100 kg de résine de cannabis, classée en 3 catégories. Une première catégorie de haute qualité dune valeur de 700 Euros le kg, la deuxième catégorie dune qualité moindre vendue à 300 Euros le kg et la troisième catégorie dune mauvaise qualité, commercialisée entre 50 et 100 Euros le kg.
La grande majorité des cultivateurs sont producteurs de petites quantités de résine. Ils vivent dans des conditions très modestes, et arrivent à poursuivre la culture du cannabis souvent grâce aux petits crédits que leurs accordent certaines personnes aisées. En conséquence, ce sont les intermédiaires, les trafiquants et des éléments des autorités, qui profitent des revenus générés par la culture du cannabis au Maroc.
La situation perdure ainsi pour les paysans à cause de labsence de réels alternatives économiques. En même temps, la marginalisation du Rif prive les habitants de cette région des infrastructures et des services publics dans tous les domaines. Il y a là un grave déficit en emplois et en infrastructures sanitaires, déducation, de communication, etc. Le niveau de vie au Rif est largement en dessous de la moyenne nationale, particulièrement dans les zones où le cannabis est traditionnellement cultivé.
Pour illustrer cette situation, il suffit de dire que la région de Kettama dispose dune seule route goudronnée, une route nationale appelé la « route de lunité » et qui a été améliorée lannée dernière pour la première fois depuis sa création en 1957, après quelle ait été complètement détruite. Sa remise en état a été rendue obligatoire car elle est la seule route qui relie le nord central au sud du pays. Toutes les pistes qui mènent vers les villages ont été ouvertes par les moyens propres des habitants en labsence totale des autorités concernées et des conseils élus.