Pour repousser les déficits, la CMR pourrait augmenter également les taux de cotisation
Les pensions moins généreuses aussi
Les mesures adoptées par la Caisse marocaine de retraites auront probablement leffet
dune bombe. La CMR, cest le plus gros régime de retraite du pays. A elle seule la
population de cette caisse (plus de 605.794 adhérents) peut servir déchantillon à toutes
les expérimentations que lon pourrait tester sur la retraite. Les milliers de fonctionnaires
doivent se préparer à un grand séisme, qui ne sera sans doute pas facile à avaler pour
tous. Selon nos informations, lâge de départ à la retraite serait vraisemblablement retardé
à 62 ans. Une manière peut-être de baliser le chemin à un gouvernement qui hésite sur le
retraite à 65 ans (cf notre édition du vendredi 28 mai) même si ce régime semble le plus
menacé de tous, les premiers déficits étant annoncés pour 2012 En attendant la réforme
globale du système, cette Caisse aura droit à des changements paramétriques. Présentées
au Conseil dadministration du lundi 31 mai, ces dispositions devraient en principe figurer
dans la loi de Finances 2011. Des «décisions» internes qui ne seront pas discutés au sein
de la commission technique chargée de la réforme des retraites. En clair, peu de chances
quelles ne soient pas validées, puisque le gouvernement, à travers le ministre des
Finances, siège dailleurs au sein du CA.
La retraite à 62 ans fait partie des trois mesures envisagées, les deux autres dispositions
portant sur laugmentation des taux de cotisation et sur lassiette de liquidation.
Ainsi sans attendre la réforme globale, la Caisse prend les devant même si le traitement de
choc ne risque pas de faire lunanimité. A commencer par la retraite à 62 ans. Une
mesure «délicate» et qui risque de soulever un tollé. Les syndicats y étant fermement
opposés. Cette disposition devrait entraîner un décalage dans le temps des départs
massifs, repousser les premiers déficits à 2015 et lépuisement des réserves en 2022. Pour
les prochaines années les scénarios des départs à la retraite restent il est vrai assez
inquiétant: de 149.000 en 2007, ils passeront à 300.000 en 2020 et 441.000 en 2060, soit
le triple des niveaux actuels. Des chiffres qui annoncent des engagements de pensions
abyssaux et que traduit aussi la dégradation du rapport démographique avec à peine 3,7
actifs pour un retraité. Un ratio qui ne risque pas de saméliorer de sitôt surtout à la lumière
de la baisse des recrutements dans la fonction publique. Ces derniers tournent en moyenne
autour de 12.000 personnes depuis 1983. Un effectif qui remplace à peine les départs à la
retraite.
Les taux de cotisations seront augmentés de quatre points en deux temps, soit 2 points en
2011 et deux en 2012. Ce qui porterait le taux de cotisation à 24% répartis à parts égales
entre lEtat employeur et les fonctionnaires. En 2003, un dispositif similaire avait été mis en
place pour différer lapparition des déficits. A cette époque, laugmentation des taux de 6%
pour lemployeur et les fonctionnaires sest effectuée sur trois ans. Concernant lassiette de
liquidation, la Caisse compte prendre en compte le salaire moyen des huit dernières années
et non le dernier traitement comme cest le cas actuellement pour calculer les pensions.
Dans ce régime qui souffre du poids de plusieurs décennies de sous-tarifications des droits
acquis, les études actuarielles réalisées ont relevé que le rééquilibrage serait très coûteux.
Il suppose un taux de cotisation déquilibre de 40%, voire de 55% ou linjection de près de
280 milliards de dirhams, soit un peu plus du tiers du PIB! Une somme que lEtat ne pourrait
mettre sur la table.
Khadija MASMOUDI « l'Economiste»
Les pensions moins généreuses aussi
Les mesures adoptées par la Caisse marocaine de retraites auront probablement leffet
dune bombe. La CMR, cest le plus gros régime de retraite du pays. A elle seule la
population de cette caisse (plus de 605.794 adhérents) peut servir déchantillon à toutes
les expérimentations que lon pourrait tester sur la retraite. Les milliers de fonctionnaires
doivent se préparer à un grand séisme, qui ne sera sans doute pas facile à avaler pour
tous. Selon nos informations, lâge de départ à la retraite serait vraisemblablement retardé
à 62 ans. Une manière peut-être de baliser le chemin à un gouvernement qui hésite sur le
retraite à 65 ans (cf notre édition du vendredi 28 mai) même si ce régime semble le plus
menacé de tous, les premiers déficits étant annoncés pour 2012 En attendant la réforme
globale du système, cette Caisse aura droit à des changements paramétriques. Présentées
au Conseil dadministration du lundi 31 mai, ces dispositions devraient en principe figurer
dans la loi de Finances 2011. Des «décisions» internes qui ne seront pas discutés au sein
de la commission technique chargée de la réforme des retraites. En clair, peu de chances
quelles ne soient pas validées, puisque le gouvernement, à travers le ministre des
Finances, siège dailleurs au sein du CA.
La retraite à 62 ans fait partie des trois mesures envisagées, les deux autres dispositions
portant sur laugmentation des taux de cotisation et sur lassiette de liquidation.
Ainsi sans attendre la réforme globale, la Caisse prend les devant même si le traitement de
choc ne risque pas de faire lunanimité. A commencer par la retraite à 62 ans. Une
mesure «délicate» et qui risque de soulever un tollé. Les syndicats y étant fermement
opposés. Cette disposition devrait entraîner un décalage dans le temps des départs
massifs, repousser les premiers déficits à 2015 et lépuisement des réserves en 2022. Pour
les prochaines années les scénarios des départs à la retraite restent il est vrai assez
inquiétant: de 149.000 en 2007, ils passeront à 300.000 en 2020 et 441.000 en 2060, soit
le triple des niveaux actuels. Des chiffres qui annoncent des engagements de pensions
abyssaux et que traduit aussi la dégradation du rapport démographique avec à peine 3,7
actifs pour un retraité. Un ratio qui ne risque pas de saméliorer de sitôt surtout à la lumière
de la baisse des recrutements dans la fonction publique. Ces derniers tournent en moyenne
autour de 12.000 personnes depuis 1983. Un effectif qui remplace à peine les départs à la
retraite.
Les taux de cotisations seront augmentés de quatre points en deux temps, soit 2 points en
2011 et deux en 2012. Ce qui porterait le taux de cotisation à 24% répartis à parts égales
entre lEtat employeur et les fonctionnaires. En 2003, un dispositif similaire avait été mis en
place pour différer lapparition des déficits. A cette époque, laugmentation des taux de 6%
pour lemployeur et les fonctionnaires sest effectuée sur trois ans. Concernant lassiette de
liquidation, la Caisse compte prendre en compte le salaire moyen des huit dernières années
et non le dernier traitement comme cest le cas actuellement pour calculer les pensions.
Dans ce régime qui souffre du poids de plusieurs décennies de sous-tarifications des droits
acquis, les études actuarielles réalisées ont relevé que le rééquilibrage serait très coûteux.
Il suppose un taux de cotisation déquilibre de 40%, voire de 55% ou linjection de près de
280 milliards de dirhams, soit un peu plus du tiers du PIB! Une somme que lEtat ne pourrait
mettre sur la table.
Khadija MASMOUDI « l'Economiste»