La secrétaire détourne 13 millions d’euros

Hakim-The-Dream

Men Tanja L'gouira
VIB
Quatre ans durant, Laurence, 42 ans, en charge des achats dans la société qui construit des réservoirs pour la fusée Ariane, a détourné avec son concubin plus de 13 millions d’euros.



Depuis cinq mois, dans le plus grand secret, Laurence, une femme de 42 ans, est incarcérée dans le cadre d’une enquête sur un vaste détournement de fonds. La quadragénaire et son concubin, Pascal, 49 ans, ont été mis en examen et écroués en septembre dernier pour avoir détourné et recélé plus de 13 millions d’euros au préjudice de la société Cryospace air liquide, membre du groupement d’intérêts économiques d’EADS, installée aux Mureaux.


L’affaire commence lorsque la direction de cette société, qui construit des réservoirs pour la fusée Ariane, réalise qu’il manque de fortes sommes dans ses caisses. C’est grâce à un changement de méthode comptable, en 2007, qui met en place un système de facturation plus ciblé et économique, que les responsables de l’entreprise découvrent qu’il manque de l’argent dans les caisses. Dans les ateliers, les techniciens constatent au même moment que des produits commandés ne sont jamais arrivés. L’étau se resserre alors autour d’une assistante qui s’occupe des achats.

Faux bons de commandes et vraies fausses factures

Sa méthode est simple. A partir de la mi-2004 et jusqu’en septembre 2008, date à laquelle l’entreprise va porter plainte, elle fait de faux bons de commandes et de vraies fausses factures. Une douzaine de sociétés complices participent à l’escroquerie. Elles encaissent le paiement de Cryospace pour des prestations fictives. Elles gardent 20 % et reversent 80 % en liquide à la salariée indélicate, et à son concubin, soupçonné d’avoir joué un rôle d’organisateur et d’avoir monté en 2005 trois des sociétés impliquées.
Le couple passe aux aveux. De son côté, Pascal ne regrette rien. Ce technicien de l’aéronautique confie lors de l’instruction qu’il en a bien profité, vivant pour les vacances et pour flamber de l’argent. Il affirme lors de l’enquête que sa compagne était pleinement consciente et active dans les détournements. « Elle s’occupait de factures et je ne regardais que l’argent qui arrivait par enveloppe d’argent liquide », précise-t-il.
Laurence, elle, soutient qu’elle a agi par amour. Aveuglée par ses sentiments pour Pascal, elle se serait laissée entraîner dans un système mis au point par son concubin, une spirale qu’elle ne maîtrisait plus. « Sans elle, rien n’était possible, précise M e Yves Bedouk, son avocat. Mais si elle avait été seule, rien ne serait arrivé. » Depuis son incarcération, l’ex-salariée de Cryospace a abandonné à son ancienne entreprise tous les biens acquis frauduleusement pour commencer à rembourser ses détournements. Depuis l’emprisonnement du couple, une demi-douzaine de complices ont été mis en examen et placés sous contrôle judiciaire, et l’enquête se poursuit toujours.
Hier, Laurence demandait auprès de la chambre de l’instruction de Versailles (Yvelines) sa remise en liberté après cinq mois de détention provisoire. La semaine dernière, elle a tenté de mettre fin à ses jours à la maison d’arrêt. Les magistrats l’ont maintenue sous mandat de dépôt dans l’unité psychiatrique de l’hôpital du Chesnay où elle a été transférée. Ils ont ordonné une expertise psychologique.


Le Parisien
 
Retour
Haut