La coopération judiciaire en matière civile vise au règlement des litiges transfrontaliers en matière de divorces, garde d'enfants, faillites d'entreprises, etc. Les règles communautaires permettent de déterminer la juridiction compétente ainsi que la loi applicable et facilitent le déroulement du procès. L'entrée en vigueur du traité de Lisbonne a élargi le champ d'action de la coopération judiciaire en matière civile. Tout d'abord elle a favorisé :
- L'accès effectif à la justice
- La simplification des procédures civiles afin de favoriser la compatibilité des lois entre les Etats
- Le développement de méthodes alternatives visant à la résolution des litiges
- Le soutien à la formation des magistrats et des personnels de justice.
D'autre part, le traité de Lisbonne efface l'une des conditions sine qua non à l'adoption de mesures de coopération judiciaire interétatique, à savoir le bon fonctionnement du marché intérieur.
Enfin, la consécration du principe de reconnaissance mutuelle, ainsi que la suppression des restrictions à la compétence de la Cour de justice de l’Union, ont véritablement renforcé ce domaine d'action.
* Intensifier la coopération policière et judiciaire contre la criminalité
La notion de coopération policière au niveau interétatique émerge en 1975, à l'issue du Conseil européen de Rome aboutissant à la création de TREVI, (Terrorisme, Radicalisme, Extrémisme, Violence Internationale), un groupe spécial de lutte anti-terroriste à l’échelle européenne. Les années 1980 se prêtent au renforcement d'une collaboration mutuelle en la matière, du fait de la spectacularisation du crime et de la criminalité, opérée à cette époque par les médias.
Par ailleurs l'émergence d'une volonté commune, visant à favoriser la libre circulation des personnes fait l'objet de réactions très contrastées en Europe. A la même époque, le nouvel esprit européen pose les jalons pour la mise en place d'une coopération policière et judiciaire entre les Etats.: en 1985 la signature des accords de Schengen entre la France, l’Allemagne, la Belgique, les Pays Bas et le Luxembourg ouvre définitivement les portes à une collaboration intra-européenne dans le domaine.
En 1992, le traité instituant l'Union européenne encadre juridiquement cette coopération, grâce à la création d'un pilier Justice et Affaires intérieures. Cela donne lieu à la constitution d'un Conseil spécialisé, organisé en trois unités (asile et immigration, coopération policière et douanière, coopération judiciaire) et à la naissance d'Europol, la première agence policière intergouvernementale ayant pur but de lutter contre la fraude, le terrorisme et le trafic de stupéfiants en Europe.
En 1999 l'entrée en vigueur du traité d'Amsterdam permet d'approfondir cette coopération, en laissant cependant beaucoup de points obscurs. En février 2002, une décision du Conseil institue Eurojust, l'agence européenne chargée de renforcer la coopération judiciaire entre les États membres. Quelques mois plus tard, en juin 2002, une deuxième décision-cadre adoptée par le Conseil européen institue le mandat d'arrêt européen visant à la reconnaissance mutuelle des décisions pénales.
Après de nombreuses avancées et incertitudes, le Traité de Lisbonne essaye en 2009 de remédier à toutes les carences préexistantes et de rendre la coopération policière et judiciaire de plus en plus efficace.
Les apports les plus conséquents dans ce domaine concernent :
- La révision des processus décisionnels, entraînant tout particulièrement l'adoption de la procédure législative ordinaire en ce qui concerne les aspects non opérationnels. Cela va de pair avec le renforcement du rôle du Parlement, l'institution démocratique par excellence, qui revêt désormais une importance primordiale dans la prise décision.
- La montée en puissance de la CJUE qui n'est plus soumise aux contraintes de l'ex-article 35 TUE
- L'extension des compétences d'Eurojust, en vertu de l'article 85 TUE, beaucoup moins contraignant que l'ex-article 31 TUE, régissant le fonctionnement de l'unité de coopération judiciaire de l'Union européenne.
* Renforcer la coopération aux frontières extérieures
La question de la coopération aux frontières extérieures émerge dans le cadre du Conseil de Laeken des 14 et 15 décembre 2001, au lendemain des attentats du 11 septembre. Le but est alors de sauvegarder la sécurité du territoire de chaque Etat de l'Union. Les réflexions à ce sujet aboutissent en 2004 à la création de Frontex, l'agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures. Plus précisément, elle a pour but d'étudier les risques dans la zone intéressée, de prêter assistance aux Etats pour la formation de leurs garde-frontières et tout particulièrement de coordonner la coopération entre les Etats de l'Union.