La Tunisie révolutionnaire célèbre Habib Bourguiba

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Le Maure

Taza avant Gaza
Toute la Tunisie politique s'était donnée rendez-vous mercredi à Monastir (160 km au sud-est de Tunis) pour célébrer en grande pompe le 11ème anniversaire de la mort du père de l'indépendance Habib Bourguiba.

Une première après 23 ans de règne de Zine El Abidine Ben Ali qui, après l'avoir déposé en novembre 1987, s'était attaché à l'effacer de l'Histoire.

Autour du mausolée blanc surmonté d'une coupole dorée et encadré de deux minarets, la garde d'honneur en grand uniforme bleu à parements dorés et longue cape de lin blanc est sabre au clair: le président par intérim Foued Mebazaa et le Premier ministre de transition Béji Caïd Essebsi sont venus de Tunis rendre hommage au "Zaïm".

Tous deux, octogénaires, sont de purs produits de l'époque du "Combattant suprême", décédé le 6 avril 2000.

Tenue à l'écart, la foule attend patiemment la fin de la partie officielle de la cérémonie, sans discours mais avec beaucoup d'embrassades, pour accéder au tombeau de marbre blanc.

Deux hélicoptères tournent en permanence au-dessus du mausolée balayé par le vent. En haut des deux minarets, des hommes surveillent.

"C'est l'homme qui a bâti la Tunisie moderne. Son cursus n'est certainement pas exempt de zones d'ombres, mais globalement c'est un parcours très positif", dit à l'AFP le ministre de l'Education Taieb Baccouche.

"Ce que l'histoire retiendra, assure-t-il, ce n'est pas le côté despotique de Bourguiba et cette grande erreur que fut la confusion entre l'Etat et le parti au pouvoir qui n'a pas permis le développement d'une véritable démocratie".

"Il a surtout laissé un Etat ouvert, la généralisation de l'enseignement et le statut de la femme, les trois composantes essentielles de son oeuvre", ajoute M. Baccouche.

Et la révolution tunisienne qui a fait fuir Ben Ali le 14 janvier? "Je ne pense pas qu'il l'aurait aimée mais d'une certaine façon c'est sa revanche posthume, car finalement ceux qui l'ont faite et ont fait tomber Ben Ali sont le produit de cette volonté de généraliser l'enseignement", dit-il.

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"Le régime Ben Ali est mort le 14 janvier, mais il y a un Etat. Parce que Bourguiba en avait bâti les fondations. On en a la preuve aujourd'hui où l'on rend justice à celui qui représente l'intégrité et la grandeur de la Tunisie", dit-il à l'AFP.

[...]

A peine les officiels repartis, les anonymes se sont rués à l'intérieur du mausolée et passé les cordons de velours rouge pour déposer des fleurs et se faire photographier une main sur le couvercle du tombeau.

Et avec le retour naissant de la démocratie, des employés mécontents de l'aéroport de Monastir, étranglé par celui tout proche d'Enfidha confié à une société turque sous l'ancien régime, ont même réussi à manifester dans l'enceinte du mausolée.

AFP
 
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