Moussayer
Dr Moussayer khadija : maladies auto-immunes
Le virus est aujourd’hui présent dans chacun des 54 pays d’Afrique où il vient de dépasser, le 1er août, les 900.000 cas confirmés de Covid-19 et les 19 000 décès
Le Dr Moussayer khadija, présidente de l’association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS) et de l’Alliance des maladies rares au Maroc (AMRM) veut alerter sur l’évolution rapide et inquiétante de l’épidémie au vue de ces chiffres. Moins affecté longtemps que le reste du monde, le continent africain fait face depuis ces deux dernières semaines à une forte augmentation des cas. Des mesures précoces et strictes de confinement ont pourtant permis en général, dans un premier temps, de limiter l’épidémie. Un déconfinement trop rapide et confondu trop vite à une victoire sur le virus ont rapidement compromis ces premiers bons résultats. L'OMS craint même que l'Afrique ne puisse vraiment "affronter" la pandémie. Elle a incité, le 31 juillet, lesgouvernements africains à renforcer les tests et le suivi des contacts.
Faisons le point de la situation à partir de quelques exemples.
Afrique du Sud : L'Afrique du Sud est le pays le plus touché par le virus en Afrique avec, le 29 juillet, 459 761 cas de Covid-19 et 7 257 décès, devenant ainsi le cinquième pays le plus atteint au monde. Le taux de mortalité y est toujours faible avec 1,6 % des cas. Des chercheurs estiment cependant qu’environ 17 000 décès supplémentaires (la »surmortalité ») n’ont pas été enregistrés depuis début mai, si on compare la mortalité générale de cette année par rapport à celle de la même période en 2019.
Djibouti : Ce petit Etat d’un million d’habitants est le deuxième pays d’Afrique de l’Est le plus touché en nombre de cas avec 5 068 infections, dont 58 morts. Le gouvernement explique l’importance de ces chiffres par sa bonne capacité à tester et sa politique de suivi des contacts des malades.
Guinée équatoriale : Il comptait 3 071 cas déclarés et 51 décès le 29 juillet. Le président Teodoro Obiang Nguema subit de fortes critiques pour sa gestion de la crise. Le pays en effet ne publie aucun bilan quotidien des nouveaux cas de malades et il a même exigé le départ de la représentante de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour avoir « falsifié » selon lui les statistiques sur le nombre de contaminations
République Démocratique du Congo (RDC)
3 200 cas étaient confirmés le 29 juillet, dont 54 morts. La situation semble assez confuse dans le pays depuis le début de l’épidémie. Ainsi, en mai, un médecin, le docteur Denis Mukwege, en charge de l’épidémie dans la région du Sud-Kivu, a alerté le gouvernement sur le risque à venir d’une courbe exponentielle de cas de covid-19 si sa région n’est pas approvisionné en tests. Le chef de la lutte contre le coronavirus de ce pays, le Dr Jean-Jacques Muyembe, s’est plaint le 20 juin de n'avoir reçu que 1,4 million de dollars depuis le début de la crise.
Le vice-ministre de la Santé, Albert M'Peti Biyombo, lui-même, a dénoncé en juillet des réseaux mafieux dans son propre ministère pour "détourner" l’argent destiné théoriquement l'épidémie de Covid-19. Ces réseaux mafieux exigeraient des rétro-commissions jusqu'à hauteur de 35% auprès des organisations bénéficiaires de ces fonds.
Zimbabwe : 2 817 cas ont été déclarés au 29 juillet dont 40 morts. Le confinement ordonné a frappé durement la population qui, privée de travail, éprouve de graves difficultés à se nourrir. Le ministre de la Santé a été limogé début juillet. Il est soupçonné de corruption pour avoir octroyé sans procédure ad hoc un contrat de 20 millions de dollars à une société de Dubaï pour la fourniture de tests de dépistage et d'équipements de protection contre le Covid-19.
Signalons enfin deux cas atypiques et plutôt dramatiques. Le président de Madagascar, Andry Rajoelina, s’évertue à vanter les vertus d’une tisane contre le Covid-19 à base d’Artémisia annua. On attend toujours une étude scientifique qui pourrait confirmer ces dires. En attendant, l’épidémie flambe dans le pays, même si pourtant cette tisane a été largement distribuée gratuitement. Quant à la Tanzanie, son président, John Magufuli, affirme tranquillement que le coronavirus ne circule plus et donc qu’il n’y a pas de Covid dans son pays.
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Les pays africains ont souvent des structures hospitalières fragiles qui risquent d’être rapidement « dépassées » devant le flux brutal de malades. Alors que le nombre de cas en Afrique augmente actuellement à un taux d’environ 6% par jour, de nouvelles politiques et des changements de comportements sont nécessaires pour sortir de cette crise.POUR EN SAVOIR PLUS https://panorapost.com/post.php?id=27896