Oh parle bien avec ta bouche ! gallek fragile et douce...
c'est toi le doux et fragile quand je vais te faire manger le trottoir ! La Mecque il a cru quoi lui ?!
Salam aleykum Cafégourmand,
Tout être humain a des fragilités, ce n'est pas spécifique aux femmes. Quant à la douceur, c'est un luxe que des femmes de quartier ne peuvent pas s'offrir, en tout cas pas en public. Elles se feraient bouffer par les autres.
Prends Camille qui vit à Neuilly, fait la vivre 3 mois en cité, au bout d'1 mois elle se fera appeler Cams, elle ponctuera ses phrases de wesh. Après ces 3 mois elle sera bilingue, elle maîtrisera parfaitement le langage de cité et si tu la regardes un peu trop à son gout : embrouille.
Je compte plus le nombre de "Camille" que j'ai croisé.
C'est facile de juger les gens de l'extérieur, mais tu ne connais pas leur histoire. De quels genre de familles elles viennent, quelle a été leur éducation, ont-elles eu de la douceur ds leur enfance ou jeunesse ? Comment s'est passé leur entrée à l'école, leur parcours scolaire, quels profs elles ont eu ? Comment elles sont traités en dehors de leur cité ? Comment s'est passé leur entrée ds le monde du travail ? Leurs recherches de logement ? quelles ont été leurs influences intellectuelles et culturelles ? Avec quelles forces et faiblesses sont-elles nées ? T'en sais rien !
Le racisme est un des nœud du problème.
A part les vendus et quelques exceptions épargnés par le racisme, on sait tous combien la "France" nous fait bonne accueil dès le plus jeune age.
Sincèrement, avec tout le racisme que j'ai subi, et ce depuis la maternelle, si je n'avais pas croisé les bonnes personnes je serais devenu à mon tour raciste. J'ai eu un instituteur qui claquait la tete des maghrébins contre le tableau. Quand il était chaud, il les prenait à coup de pieds et poings dans un couloir à l'abri des regards. J'étais sa chouchoute, j'avais droit à traitement spécial, son kiff s'était de me traîner par les cheveux ds toute la classe ou alors de m'appeler par nom de famille et de me faire aller et venir ds tous les coins de la classe, du genre : "machine, viens ici !" "machine, va là-bas" etc. Et j'avais pas intérêt à traîner. Il avait un autre kiff, tout faire pour me faire pleurer et venir ensuite grand sourire me chuchoter à l'oreille "pourquoi tu pleures machine ?". Quel batard ! Pardon, je suis vulgaire, je voulais dire "quel homme violent !"
Cette petite parenthèse sur le racisme subit pendant mon enfance (j'en ai plein en stock si tu veux) pour te donner un exemple de ce que peut subir une maghrébine à l'école. Al hamduliLlah j'ai rencontré des gens biens et je pense avoir eu une bonne éducation par ma famille.
Imagine maintenant qu'une fillette qui vivrait la même chose n'ait pas eu ce que j'ai eu. Imagine qu'elle subisse la violence à l'école, les problèmes de toutes sortes à la maison, un manque d’éducation et d'attention des parents (qui eux aussi ont leurs problèmes, leurs lacunes, leurs faiblesses) les problèmes dus à la vie en cité, la galère de trouver un job, un appart... Ajoute à cela la pression d’être une femme maghrébine, à ton avis quel résultat tu obtiens ? Une femme sous haute tension, tjs sur le qui-vive, prête à sortir les poings.
Je sais que l'on ne peut juger que sur la base de ce que l'on voit mais faut s'en méfier. Le parcours fait le résultat.
Sinon, je t'avoue que j'adore le langage de cité et le parler kaira quand ils sont dénués d’obscénité. C'est vivant, ça me parle plus que le français classique. Et l'humour ds ces mots qu'on a tordu, mixé, inventé, détourné ! sa mère y en a pas 2 comme lui !