Le cauchemar des enfants d’islamistes

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Ils ont en commun de vivre dans un bidonville et d’avoir un père incarcéré pour terrorisme. Humiliés et rejetés par la société, ils vivent avec la haine chevillée au corps.

11.02.2010 | Hicham Bennani | Le Journal hebdomadaire



Les enfants du bidonville des carrières Thomas, en périphérie de Casablanca, vivent dans des conditions précaires. Mais, pour certains, la vie est plus dure que pour d’autres. En ce lieu qu’on appelle Kariane Toma, un grand nombre de présumés terroristes ont été arrêtés par la police, après les attentats de Casablanca du 16 mai 2003. Selma Mouhim avait 5 ans lorsque son père, Abdelhak, a été arrêté à son domicile, puis condamné à trente ans de prison ferme. “Je m’en souviens comme si c’était hier”, témoigne la jeune fille aujourd’hui âgée de 12 ans. “Une vingtaine d’hommes en civil ont pénétré par la force dans la maison. En nous injuriant, ils nous ont demandé où était mon père. L’un d’eux m’a violemment frappée à la jambe.” Selma a continué de se rendre à l’école. “Les premiers mois, mes camarades m’insultaient et me traitaient de fille de terroriste, raconte-t-elle. Une institutrice m’a aussi reproché de porter le voile. On me disait : ‘Comment se fait-il que tu aies de très bonnes notes alors que tu es fille de terroriste ? Tu ne le mérites pas !’ Lorsque je rentre à la maison, je me réfugie dans le travail et je pleure. Je veux que l’innocence de mon père soit reconnue par la justice.”

Pour acheter leurs livres et leur matériel scolaire, les enfants de ceux qui ont été incarcérés après les attentats de Casablanca font avec les moyens du bord, car leurs familles ne perçoivent aucune aide. Et personne n’a le droit de leur porter assistance. “Nous sommes surveillés en permanence, les voisins sont solidaires, mais on leur passerait les menottes s’ils nous donnaient quoi que ce soit”, assure Khamissa Rtimi, sœur d’Abderazak Karaoui, condamné à trente ans de prison ferme. Sous prétexte que ces enfants sont “fils de terroristes”, ils ne bénéficient pas des mêmes avantages, déplore aussi Khamissa Rtimi. “Avant les attentats, la préfecture nous convoquait régulièrement pour nous donner de la nourriture, assure-*t-elle. Mais, depuis les condamnations, nous n’en bénéficions plus alors que nous faisons partie des habitants des bidonvilles les plus défavorisés du pays.” Naïma Karaoui habite aussi à Kariane Toma. Elle est l’épouse d’Abderazak Karaoui, qui purge sa peine à la prison de Kénitra. Cette femme de 50 ans est mère de sept enfants. L’un d’eux, Othman, 22 ans, a arrêté ses études. “Une enseignante le traitait d’enfant de terroriste. Il était pénalisé dans ses notes et ne supportait pas le regard de ses camarades”, raconte-t-elle.

“A l’entrée de la prison, une de mes filles a été dénudée dans une petite pièce et fouillée, assure Khamissa Rtimi. Les enfants sont traumatisés par la police. Ils ne peuvent pas voir un policier sans changer de trottoir.” “Un petit garçon dont je ne vous dirai pas le nom nous a dit : ‘Quand je serai grand, ma mission sera de tuer les policiers pour me venger !’” atteste Naïma Najari, mère d’Abdel*aziz Chafai, condamné à trente ans de prison. “Nos enfants ne peuvent que devenir des voyous, des terroristes et maudire l’Etat, vu ce que l’on nous inflige”, conclut Naïma Karaoui.

Rachid Mesli, directeur juridique du Forum Al-Karama, association de défense des droits de l’homme dans les pays arabes installée à Genève, partage cet avis. D’après lui, la situation concernant les enfants dont les pères sont incarcérés pour des liens avec des organisations terroristes serait la même dans tout le monde arabe. “Lorsque le principal soutien de famille est arrêté et détenu, les familles sont systématiquement marginalisées. Cela a des conséquences sur la situation matérielle de ces familles et engendre de graves problèmes pour la société”, constate Rachid Mesli, qui explique qu’une fois devenus adultes les enfants suivent les traces de leur père. Pour Fatiha Mejjati, veuve de Karim Mejjati, soupçonné d’être l’un des organisateurs des attentats de Madrid, tous ces enfants restés sans père sont de véritables “bombes à *retardement”.
 
Le problème chez nous, c'est que ces pauvres innocents sont mis sur le carreau. On va te dire ensuite: que veux-tu faire, c'est la volonté de Dieu.

PS : il y'a déjà un topic à ce sujet là ;)
 
le cauchemar des enfants des bidons villes tout court ...
ces quartiers Sont une honte et du faite de leur misère économique .; la misère humaines amplifie encore plus les dissonances de cette société qui oblige les gens à se radicaliser
 
le cauchemar des enfants des bidons villes tout court ...
ces quartiers Sont une honte et du faite de leur misère économique .; la misère humaines amplifie encore plus les dissonances de cette société qui oblige les gens à se radicaliser

tu as tout à fait raison, mais ces enfants ont un traumatisme supplémentaire: tu imagines bien un enfant, portant sur ses frêles épaules le forfait de son pére et ses erreurs..."weld al irhabi" (fils de terroriste) ne doit pas être très facile à porter comme stigmate...
 
tu as tout à fait raison, mais ces enfants ont un traumatisme supplémentaire: tu imagines bien un enfant, portant sur ses frêles épaules le forfait de son pére et ses erreurs..."weld al irhabi" (fils de terroriste) ne doit pas être très facile à porter comme stigmate...

Une particularité lourde à porter .. mais du fait de ces quartier là .. si ces gosses vivaient dans le quartier dial al wizarate ou Agdal .. la question se poserait avec une moindre intensité

Le problème est vraiment lié à ces quartiers et la faute en revient à ceux qui les ont laissé se développer ou du moins par leur politique ont été la cause leur émergence et avec cette importance..
 
Une particularité lourde à porter .. mais du fait de ces quartier là .. si ces gosses vivaient dans le quartier dial al wizarate ou Agdal .. la question se poserait avec une moindre intensité

Le problème est vraiment lié à ces quartiers et la faute en revient à ceux qui les ont laissé se développer ou du moins par leur politique ont été la cause leur émergence et avec cette importance..

c'est certain...les bidonvilles sont en train de disparaitre maintenant au maroc, avec les programmes de recasement et de logement social, et il y a un vrai travail fait dans ce sens, mais est ce que la solution n'est pas encore pire....car j'ai l'impression qu'on est en train de créer d'autres ghettos, qui répètent les mêmes erreurs commises en France avec les banlieues, mais avec beaucoup moins de moyens et de services...allah yhfad we safé...
 
Une particularité lourde à porter .. mais du fait de ces quartier là .. si ces gosses vivaient dans le quartier dial al wizarate ou Agdal .. la question se poserait avec une moindre intensité

Le problème est vraiment lié à ces quartiers et la faute en revient à ceux qui les ont laissé se développer ou du moins par leur politique ont été la cause leur émergence et avec cette importance..

l'alternative à ces bidonvilles, quasiment les "cités" construites en peripherie des villes ne laissent rien de positif à présager à mon humble avis..on a solutionné le probleme par un futur problème...
 
Nous sommes d'accord nancy....
quelque soit le quartier ... c la misère et le niveau social qui amplifie la cruauté envers ces enfants là et d'autres d'ailleurs
 
merci
tbarkalah 3lik

sur le sujet je te conseille de lire cet article et le livre dont il parle..


Edition. Journal d’un kamikaze

Le roman décrit avec un certain réalisme la misère des habitants de Sidi Moumen. (TNIOUNI)


Dans son nouveau roman, Les étoiles de Sidi Moumen, Mahi Binebine revient sur les attentats du 16 mai 2003 de Casablanca. Une œuvre ambitieuse et captivante, mais qui sombre parfois dans le misérabilisme et les schémas un peu simplistes.


Au lendemain des attentats de Casablanca, tout le monde avait “une théorie” pour expliquer le suicide collectif des jeunes kamikazes de Sidi Moumen. Des fous de Dieu, des pauvres victimes de la misère, des
fanatiques, des drogués, des manipulés, des martyrs, des harraga vers un paradis céleste, etc. Chacun y est allé de son couplet. Près de sept ans se sont écoulés depuis le drame, mais des questions se posent encore : que s’est-il vraiment passé dans la tête des kamikazes ? Pourquoi cette violence et quelles étaient leurs motivations ? Mahi Binebine, sculpteur, peintre à succès et romancier prolifique, nous livre sa version dans Les étoiles de Sidi Moumen (Flammarion, Le Fennec, 2010). Un roman qui installe son lecteur dans une ambiance pesante, qui exsude la misère et le désespoir, où l’acte macabre des kamikazes apparaît comme une fatalité, voire même une délivrance.

Les bidonvilles de la mort
Les étoiles de Sidi Moumen est un récit “d’outre-tombe”. Un jeune kamikaze raconte sa vie, dans toute sa misère mais aussi ses moments de joie, dans un bidonville de Casablanca, et son basculement vers l’intégrisme. Son nom est Moh, mais il préfère qu’on l’appelle Yachine, du nom du gardien mythique de l’équipe soviétique de football des années 1950. Il faut dire que Moh est le gardien de but de la redoutable équipe du quartier : les étoiles de Sidi Moumen. Onze jeunes garçons qui s’évadent de la misère qui les entoure en tapant dans le ballon rond et en donnant des déculottées inoubliables aux équipes des bidonvilles voisins. Qu’est-ce qui va les pousser à troquer leurs maillots de foot pour “les ceintures du paradis” ? Mahi Binebine offre comme réponse un univers d’exclusion, de violence et de misère noire. “Un promeneur pourrait longer notre quartier sans se douter un instant de son existence”, raconte Yachine dès les premières lignes du roman. Les bidonvilles, quartiers périphériques de Casablanca, deviennent ainsi la métaphore d’une mise à l’écart, du bannissement et d’un Maroc à plusieurs vitesses, où les plus démunis sont laissés au bord de la route, en attendant qu’un marchand de rêves ou de mort les récupère. C’est ainsi que le narrateur, son frère et leurs amis proches vont tomber dans les rets d’un groupe de fanatiques qui les embrigadent, déclenchant le compte à rebours de leur mort. Abou Zoubeïr, émir du groupe, a les mots pour briller et attirer dans son giron ces jeunes hommes désœuvrés en mal de reconnaissance sociale et de dignité. L’ancien taulard reconverti en guide spirituel ne rencontre aucune difficulté à les convaincre de sacrifier leur vie pour accéder au paradis. “Il disait que notre part de géhenne, nous l’avions déjà subie à Sidi Moumen et que, par conséquent, il ne pouvait rien nous arriver de pire”, rapporte Yachine. Selon cette logique, la vie dans le bidonville est en elle-même une longue agonie, une interminable décomposition. La mort s’impose ainsi comme le seul moyen pour fuir cet enfer terrestre. Le roman de Mahi Binebine présente la misère et le désespoir comme les principaux moteurs de l’acte suicidaire des kamikazes de Sidi Moumen.
 
Au-delà de la misère
“Non, on ne peut rien contre un homme qui veut mourir. Et moi, je le voulais ardemment. (…) En vivant à Sidi Moumen, cernés de macchabées, d’éclopés et de rampants, nous étions en réalité presque morts. Alors, un peu plus ou un peu moins, quelle importance !”, déclare Yachine au moment d’activer sa ceinture d’explosifs dans le hall d’un hôtel. Cette phrase résume en quelque sorte la thèse du roman : la mort des kamikazes de Sidi Moumen est une manifestation de désespoir et le résultat de la pauvreté et de la précarité. Ce schéma fataliste et déterministe est le talon d’Achille du roman de Mahi Binebine. Car un kamikaze n’est pas un être désespéré, pour lequel la vie et la mort sont interchangeables. Son acte n’est pas dicté par la fatalité ni par la vacuité de sa vie. Il n’est pas comme les autres suicidaires qui décident de mettre fin à leur existence, car elle n’a plus de sens à leurs yeux. Par son acte, un kamikaze pense faire don de sa vie pour que le destin de sa communauté, de son peuple, de ses camarades soit meilleur. Les kamikazes de Sidi Moumen ne sont pas morts pour protester contre la pauvreté, mais parce qu’ils pensaient s’attaquer aux “ennemis de l’islam”. Un ennemi que leur idéologie, ou plutôt que Abou Zoubeïr, a construit et désigné comme tel. D’ailleurs, leurs cibles n’étaient pas des symboles de la richesse ou des inégalités sociales au Maroc, mais des lieux de présence juive et étrangère. Ce n’est pas leur “condition sociale” qui motivait leur acte, mais leur “condition historique”, puisqu’ils estimaient vivre à une époque où la communauté musulmane est humiliée et agressée de toute part.
Binebine décrit, avec une grande maîtrise du récit, le quotidien précaire des bidonvillois, en prenant toutes les précautions nécessaires pour que son roman ne se transforme pas en justification des attentats de Casablanca. Mais sa démonstration souffre d’un excès de déterminisme social et de fatalité. Car si la pauvreté était le principal moteur du terrorisme, la pérennité des bidonvilles dans les cités du royaume ne saurait qu’être l’annonce d’autres drames.


Terrorisme. Un sujet (très) littéraire
Quoi de mieux que la littérature pour restituer l’univers psychologique et social d’un kamikaze ou d’un terroriste ? De Dostoïevski à Don DeLillo, de Conrad à Sartre, et de John Updike à Alaa El Aswani, tous ces écrivains ont tenté de décrire et d’expliquer les mécanismes de la violence politique, sous sa forme terroriste, poussée parfois jusqu’au suicide, emportant dans son sillage macabre des vies innocentes. Les possédés (ou Les démons, selon les traductions) de Dostoïevski est probablement le plus grand roman sur le terrorisme et la violence politique exercée par un groupe d’individus. Dans L’agent secret, Joseph Conrad décrit également l’univers d’un groupe de terroristes à travers une histoire de complot visant à détruire un bâtiment historique en Angleterre. Il faut noter que le terrorisme anarchiste au 19ème siècle et au début du 20ème préoccupait les esprits en Europe, tel que le fait aujourd’hui le terrorisme islamiste. Dès 1977, l’Américain Don DeLillo avait décrit dans un roman prémonitoire le déroulement d’un attentat qui détruit les deux tours du World Trade Center. Plus près de nous, John Updike décrit dans son dernier roman, au titre très éloquent, Terroriste, la transformation d’un jeune Américain musulman. C’est finalement le monde arabe qui a été, curieusement, le moins prolifique sur la question. On retiendra par exemple l’Algérien Y.B., alias Yassir Benmiloud, qui a choisi l’humour et l’ironie dans son roman Allah Superstar, pour relater les tribulations de Kamel, un jeune Français d’origine maghrébine, qui décide de devenir kamikaze “car pour les Arabes c’est plus facile d’entrer à Al Qaïda qu’à TF1”. Last but not least, l’Egyptien Alaa El Aswani a apporté sa contribution au sujet, avec son fameux Immeuble Yacoubian et le personnage de Taha, qui bascule vers le terrorisme en raison de l’exclusion sociale et de la fascination exercée par un imam manipulateur. C’est à peu près tout.
 
Dans son nouveau roman, Les étoiles de Sidi Moumen, Mahi Binebine revient sur les attentats du 16 mai 2003 de Casablanca. Une œuvre ambitieuse et captivante, mais qui sombre parfois dans le misérabilisme et les schémas un peu simplistes.

je suis etonnée que Mahi Binbin, l'artiste peintre, aborde ce genre de sujet..

merci kamo pour l'article
 
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