Chère lectrice, cher lecteur,
C'est la nouvelle mode :
Un patient se plaint de fortes douleurs après une opération. Pendant des semaines ou des mois, on le bourre d'antidouleurs, on lui répète que « c'est normal », que « ça va passer », ou même que « c'est dans la tête ».
Puis un jour, devant son insistance, on refait une radio et on s'aperçoit qu'un instrument chirurgical de 15 cm a été oublié dans son ventre [1].
C'est ce qui est arrivé à une jeune maman qui avait accouché par césarienne à l'hôpital Charles Nicolle de Rouen. Le 20 décembre, on lui a finalement retiré une pince que le chirurgien avait oubliée et qui lui causait depuis d'atroces douleurs.
Le choc passé, ce que cette jeune maman aurait voulu, c'est que le chirurgien vienne la voir, lui sourie gentiment, et lui dise quelques paroles humaines.
Cela aurait permis de rétablir la confiance, reconnaître l'erreur, et donner quelques explications aussi simples, par exemple, que : « Vous savez, je suis vraiment désolé. Mais j'avais enchaîné quatre opérations ce jour-là. J'étais épuisé ».
Mais non. Le chef de service de l'hôpital s'est contenté d'un bref communiqué : « En 20 ans, ça ne s'était jamais produit ; le risque zéro n'existe pas » [2].
« Oui, ben, ça arrive ! »Le cauchemar de Cécile, lui, a commencé en novembre 2012, lorsqu'elle fut opérée de l'estomac à l'hôpital Saint-Louis, à Paris.
La jeune femme ressent rapidement des douleurs terribles. « Un mois après, j’étais pliée en deux, j’avais particulièrement mal du côté droit », témoigne Cécile. « J’étais gonflée et j’avais un kyste juste au-dessus du pubis. Je suis retournée à l’hôpital, mais on m’a reçue en cinq minutes, sans me palper, et on m’a répondu que tout ça était normal. » raconte-t-elle dans Le Parisien [3].
Pour atténuer la souffrance, la jeune femme prend de puissants antalgiques en permanence. « Ça me permettait juste de respirer normalement et de marcher », décrit-elle. Pendant cinq mois, elle se rend une dizaine de fois à l’hôpital, obtenant toujours la même réponse.
En avril 2013, son généraliste finit par lui prescrire une échographie. Et c'est là que le plus incroyable commence : l'examen « décèle un corps étranger » mais cela n'inquiète personne. On se contente de lui prescrire un scanner, dans un autre hôpital. Après des jours d'attente, on lui fait passer le scanner, qui confirme la présence d'un « objet métallique », mais Cécile est renvoyée chez elle, avec ses photos sous le bras, sans autre commentaire.
En réalité, une immense pince de 15 cm est parfaitement visible au scanner (voir la photo ci-dessous). Si visible que Cécile, qui n'a aucune formation médicale, s'en aperçoit immédiatement lorsque, enfin, elle ouvre l'enveloppe et regarde elle-même l'image, dans le bus qui la ramène à l'hôpital !!
Devant ses protestations, l'hôpital accepte enfin de l'opérer mais on lui refuse l'anesthésie générale. Cécile est mal endormie. L'opération est une torture. Après l’intervention, la jeune femme s’attend à recevoir des excuses de la chirurgienne. Au contraire, celle-ci la regarde avec un petit sourire et lui dit « Oui, ben, ça arrive ! ».
Une pointe d'inox perce son ventreCe sans-gêne, cette incapacité à reconnaître son erreur et à se mettre à la place des patients, c'est encore ce qu'a connu une lyonnaise de 31 ans, opérée par le Dr Bernard Dessapt. L'histoire fut racontée en détail dans la presse [4].
Fin août 2010, cette jeune femme, appelons-la Anaïs, est opérée à la clinique Natecia. Après plusieurs mois de douleurs persistantes, son ventre est dur et la plaie suinte. Anaïs s’inquiète et demande conseil au Dr Dessapt. A plusieurs reprises, il lui explique qu’il s’agit d’une opération lourde et que les hématomes comme les douleurs en sont la conséquence normale.
Tout bascule 6 mois plus tard, le vendredi 11 février 2011. « J’ai eu une grosse quinte de toux et j’ai eu l’impression qu’on me déchirait le ventre », a-t-elle raconté sur Europe 1. « Vendredi soir, je regardais mon nombril et j’ai vu une tête en inox pointer. »
Affolée par cet objet métallique d’un peu plus de 5 millimètres, la patiente appelle la clinique, qui promet de joindre le Dr Dessapt. Le chirurgien ne la recontacte pas. Samedi, Anaïs se rend au travail pour tenter d’oublier ce bout de métal qui l’obsède depuis la veille. Secrétaire, elle espère ne pas être gênée outre mesure par la douleur. Mais elle souffre toujours et décide, avec son mari, de se rendre tout de même à l’hôpital privé. Le couple rencontre un infirmier qui accepte d’examiner le ventre d'Anaïs. et réalise immédiatement qu’un outil y a été oublié. Une radio confirme cette analyse. Bernard Dessapt est à nouveau contacté, mais il est en week-end et refuse de voir sa patiente !
« Elle ose à peine dormir »Anaïs tente de se faire opérer dans un autre établissement, mais les médecins refusent de la prendre en charge : aucun ne veut prendre le risque de tenter de réparer la faute commise par un autre. La responsabilité d’un accident serait alors très difficile à établir. La jeune femme doit donc attendre que le Dr Dessapt daigne s’occuper d’elle. Dimanche à 17 heures, elle n’a toujours aucune nouvelle du chirurgien. Lundi, en concertation avec Maître Sannier, son avocat, elle décide d’alerter les médias. Le médecin est contacté par la presse et assure toujours, notamment au journal Le Progrès, qu’il n’y a pas d’urgence à opérer. Maître Sannier insiste. Sous la menace, le médecin promet d’opérer entre midi et 14 heures. En réalité, il laisse encore Anaïs souffrir comme une bête tout l'après-midi et ne l'opère qu'à 17 heures.
Pour toute excuse, Bernard Dessapt déclare à Anaïs qu'il « va lui faire un cadeau de Saint-Valentin, parce qu’il ne lui facturera pas cette nouvelle opération ».
Le chirurgien grave ses initiales sur le foie de son patientUn chirurgien a été suspendu de ses fonctions mardi 24 décembre 2013, à l'hôpital public de Birmingham, dans le centre de l'Angleterre, pour avoir gravé ses initiales dans le foie d'un malade transplanté.
Lors d'un examen de routine, un de ses confrères s'est aperçu que ce chirurgien, nommé Simon Bramhall, avait écrit "SB" sur le foie d'un patient, selon le Daily Telegraph. Il a eu recours à du gaz argon, fréquemment utilisé en chirurgie, a précisé le Daily Mail. Des centaines de patients, transplantés par ce chirurgien depuis 10 ans, pourraient eux aussi avoir ses initiales gravées sur le foie, selon The Telegraph [5].
La morale de ces histoiresIl y a une quinzaine d'années, une étude britannique révélait que les médecins recevant un diagnostic de maladie grave consultaient, en moyenne, sept confrères différents avant de croire au diagnostic et de décider du traitement [6].
Si les simples patients s'avisaient de faire de même, ils seraient accusés de ruiner la Sécu.
Reste comme solution de choisir avec le plus grand soin les personnes que vous laissez vous ouvrir le ventre. Si votre médecin vous paraît trop distant, pressé, arrogant ou s'il refuse de vous écouter ou de répondre à de légitimes questions, prenez vos jambes à votre cou.
A votre santé !
C'est la nouvelle mode :
Un patient se plaint de fortes douleurs après une opération. Pendant des semaines ou des mois, on le bourre d'antidouleurs, on lui répète que « c'est normal », que « ça va passer », ou même que « c'est dans la tête ».
Puis un jour, devant son insistance, on refait une radio et on s'aperçoit qu'un instrument chirurgical de 15 cm a été oublié dans son ventre [1].
C'est ce qui est arrivé à une jeune maman qui avait accouché par césarienne à l'hôpital Charles Nicolle de Rouen. Le 20 décembre, on lui a finalement retiré une pince que le chirurgien avait oubliée et qui lui causait depuis d'atroces douleurs.
Le choc passé, ce que cette jeune maman aurait voulu, c'est que le chirurgien vienne la voir, lui sourie gentiment, et lui dise quelques paroles humaines.
Cela aurait permis de rétablir la confiance, reconnaître l'erreur, et donner quelques explications aussi simples, par exemple, que : « Vous savez, je suis vraiment désolé. Mais j'avais enchaîné quatre opérations ce jour-là. J'étais épuisé ».
Mais non. Le chef de service de l'hôpital s'est contenté d'un bref communiqué : « En 20 ans, ça ne s'était jamais produit ; le risque zéro n'existe pas » [2].
« Oui, ben, ça arrive ! »Le cauchemar de Cécile, lui, a commencé en novembre 2012, lorsqu'elle fut opérée de l'estomac à l'hôpital Saint-Louis, à Paris.
La jeune femme ressent rapidement des douleurs terribles. « Un mois après, j’étais pliée en deux, j’avais particulièrement mal du côté droit », témoigne Cécile. « J’étais gonflée et j’avais un kyste juste au-dessus du pubis. Je suis retournée à l’hôpital, mais on m’a reçue en cinq minutes, sans me palper, et on m’a répondu que tout ça était normal. » raconte-t-elle dans Le Parisien [3].
Pour atténuer la souffrance, la jeune femme prend de puissants antalgiques en permanence. « Ça me permettait juste de respirer normalement et de marcher », décrit-elle. Pendant cinq mois, elle se rend une dizaine de fois à l’hôpital, obtenant toujours la même réponse.
En avril 2013, son généraliste finit par lui prescrire une échographie. Et c'est là que le plus incroyable commence : l'examen « décèle un corps étranger » mais cela n'inquiète personne. On se contente de lui prescrire un scanner, dans un autre hôpital. Après des jours d'attente, on lui fait passer le scanner, qui confirme la présence d'un « objet métallique », mais Cécile est renvoyée chez elle, avec ses photos sous le bras, sans autre commentaire.
En réalité, une immense pince de 15 cm est parfaitement visible au scanner (voir la photo ci-dessous). Si visible que Cécile, qui n'a aucune formation médicale, s'en aperçoit immédiatement lorsque, enfin, elle ouvre l'enveloppe et regarde elle-même l'image, dans le bus qui la ramène à l'hôpital !!
Devant ses protestations, l'hôpital accepte enfin de l'opérer mais on lui refuse l'anesthésie générale. Cécile est mal endormie. L'opération est une torture. Après l’intervention, la jeune femme s’attend à recevoir des excuses de la chirurgienne. Au contraire, celle-ci la regarde avec un petit sourire et lui dit « Oui, ben, ça arrive ! ».
Une pointe d'inox perce son ventreCe sans-gêne, cette incapacité à reconnaître son erreur et à se mettre à la place des patients, c'est encore ce qu'a connu une lyonnaise de 31 ans, opérée par le Dr Bernard Dessapt. L'histoire fut racontée en détail dans la presse [4].
Fin août 2010, cette jeune femme, appelons-la Anaïs, est opérée à la clinique Natecia. Après plusieurs mois de douleurs persistantes, son ventre est dur et la plaie suinte. Anaïs s’inquiète et demande conseil au Dr Dessapt. A plusieurs reprises, il lui explique qu’il s’agit d’une opération lourde et que les hématomes comme les douleurs en sont la conséquence normale.
Tout bascule 6 mois plus tard, le vendredi 11 février 2011. « J’ai eu une grosse quinte de toux et j’ai eu l’impression qu’on me déchirait le ventre », a-t-elle raconté sur Europe 1. « Vendredi soir, je regardais mon nombril et j’ai vu une tête en inox pointer. »
Affolée par cet objet métallique d’un peu plus de 5 millimètres, la patiente appelle la clinique, qui promet de joindre le Dr Dessapt. Le chirurgien ne la recontacte pas. Samedi, Anaïs se rend au travail pour tenter d’oublier ce bout de métal qui l’obsède depuis la veille. Secrétaire, elle espère ne pas être gênée outre mesure par la douleur. Mais elle souffre toujours et décide, avec son mari, de se rendre tout de même à l’hôpital privé. Le couple rencontre un infirmier qui accepte d’examiner le ventre d'Anaïs. et réalise immédiatement qu’un outil y a été oublié. Une radio confirme cette analyse. Bernard Dessapt est à nouveau contacté, mais il est en week-end et refuse de voir sa patiente !
« Elle ose à peine dormir »Anaïs tente de se faire opérer dans un autre établissement, mais les médecins refusent de la prendre en charge : aucun ne veut prendre le risque de tenter de réparer la faute commise par un autre. La responsabilité d’un accident serait alors très difficile à établir. La jeune femme doit donc attendre que le Dr Dessapt daigne s’occuper d’elle. Dimanche à 17 heures, elle n’a toujours aucune nouvelle du chirurgien. Lundi, en concertation avec Maître Sannier, son avocat, elle décide d’alerter les médias. Le médecin est contacté par la presse et assure toujours, notamment au journal Le Progrès, qu’il n’y a pas d’urgence à opérer. Maître Sannier insiste. Sous la menace, le médecin promet d’opérer entre midi et 14 heures. En réalité, il laisse encore Anaïs souffrir comme une bête tout l'après-midi et ne l'opère qu'à 17 heures.
Pour toute excuse, Bernard Dessapt déclare à Anaïs qu'il « va lui faire un cadeau de Saint-Valentin, parce qu’il ne lui facturera pas cette nouvelle opération ».
Le chirurgien grave ses initiales sur le foie de son patientUn chirurgien a été suspendu de ses fonctions mardi 24 décembre 2013, à l'hôpital public de Birmingham, dans le centre de l'Angleterre, pour avoir gravé ses initiales dans le foie d'un malade transplanté.
Lors d'un examen de routine, un de ses confrères s'est aperçu que ce chirurgien, nommé Simon Bramhall, avait écrit "SB" sur le foie d'un patient, selon le Daily Telegraph. Il a eu recours à du gaz argon, fréquemment utilisé en chirurgie, a précisé le Daily Mail. Des centaines de patients, transplantés par ce chirurgien depuis 10 ans, pourraient eux aussi avoir ses initiales gravées sur le foie, selon The Telegraph [5].
La morale de ces histoiresIl y a une quinzaine d'années, une étude britannique révélait que les médecins recevant un diagnostic de maladie grave consultaient, en moyenne, sept confrères différents avant de croire au diagnostic et de décider du traitement [6].
Si les simples patients s'avisaient de faire de même, ils seraient accusés de ruiner la Sécu.
Reste comme solution de choisir avec le plus grand soin les personnes que vous laissez vous ouvrir le ventre. Si votre médecin vous paraît trop distant, pressé, arrogant ou s'il refuse de vous écouter ou de répondre à de légitimes questions, prenez vos jambes à votre cou.
A votre santé !